Se former à la dentisterie adhésive
La dentisterie adhésive a transformé la pratique restauratrice en rendant les traitements moins invasifs, tout en garantissant des restaurations esthétiques, durables et conservatrices. Aujourd’hui, de nombreuses solutions thérapeutiques, comme les facettes en céramique, les inlays/onlays ou les bridges collés, reposent entièrement sur cette approche.
« La dentisterie adhésive incarne une philosophie où chaque traitement vise à préserver autant que possible les tissus sains », confirme le Dr Jean-Pierre Attal, qui a introduit en 2009, avec le Dr Gil Tirlet, le concept de gradient thérapeutique, devenu une référence en dentisterie préservatrice. Mais pour exploiter pleinement son potentiel, la dentisterie adhésive exige une parfaite maîtrise des protocoles adaptés aux structures dentaires et aux matériaux utilisés. Son évolution rapide impose également une mise à jour constante des connaissances. C’est pourquoi la formation joue un rôle clé pour comprendre les principes de l’adhésion, optimiser les techniques de collage et garantir des restaurations fiables et durables, conformes aux exigences actuelles de la profession.
Faire évoluer sa pratique
Malgré les nombreux avantages que présente la dentisterie adhésive, certains praticiens peinent encore à l’intégrer pleinement dans leur pratique quotidienne. Parmi les freins majeurs figurent la méconnaissance des possibilités offertes par l’adhésion et certaines idées reçues. Il existe par exemple encore des doutes sur la possibilité de coller des matériaux comme la zircone, alors que les technologiques actuelles en font une solution parfaitement fiable. À cela peut s’ajouter une application incorrecte des protocoles, qui requièrent un matériel spécifique (digue, sableuse) et une rigueur clinique indispensable. Un autre défi réside dans le changement de paradigme qu’implique la dentisterie adhésive. L’abandon d’habitudes bien ancrées peut en effet susciter certaines résistances. Pourtant, comme le rappelle le Dr Attal, « la dentisterie adhésive ne s’oppose pas à la dentisterie traditionnelle : elle en est une évolution. Des bases essentielles, comme l’occlusion ou les tests diagnostiques pour préserver une dent vivante, restent incontournables et trouvent pleinement leur place dans cette nouvelle approche ».
Maîtriser les fondamentaux
Pour une mise en pratique efficace de la dentisterie adhésive, il est nécessaire de disposer d’un socle minimal de connaissances fondamentales. Comprendre les mécanismes d’adhésion, les propriétés des matériaux et les étapes des protocoles permet non seulement de garantir la réussite des interventions, mais aussi de mieux mémoriser les procédures et de les appliquer avec rigueur. Sans ces bases, les praticiens risquent de se heurter à des difficultés qu’ils ne pourront résoudre de manière autonome. « Ce socle minimal de connaissances est indispensable, même s’il n’est pas uniforme et ne répond pas aux mêmes besoins pour tous les praticiens », souligne le Dr Attal. Certains, dotés d’une forte intuition clinique et d’une grande expérience, pourront en effet s’appuyer sur leurs acquis pratiques pour assimiler plus rapidement les protocoles, tandis que d’autres auront besoin d’un cadre théorique plus structuré pour les appliquer avec assurance. « Il s’agit de construire ce que j’appelle un mur de connaissances, brique après brique, car chaque nouvel apprentissage repose sur des bases préexistantes », poursuit le Dr Attal. Cette progression permet à chacun d’assimiler de nouveaux concepts à son rythme, en fonction de son niveau et de ses besoins.
Intégrer les avancées technologiques
Se former en dentisterie adhésive est d’abord une obligation médico-légale, garantissant l’application des données acquises de la science et des soins conformes aux standards actuels. C’est aussi une nécessité pour suivre l’évolution constante de la profession. À cet égard, le Dr Attal met en avant quatre concepts clés en dentisterie adhésive. Le gradient thérapeutique, en repoussant les limites des restaurations périphériques grâce au collage, élargit les indications cliniques. La bioémulation s’attache à reproduire les propriétés naturelles de la dent afin d’en améliorer la pérennité. La dentisterie des 5R, associée aux adhésifs universels, privilégie désormais la réparation des restaurations plutôt que leur remplacement. Quant à la biocompatibilité des matériaux, elle devient un enjeu majeur face aux préoccupations croissantes liées aux perturbateurs endocriniens comme le bisphénol A. Les matériaux et équipements évoluent également. La maîtrise des adhésifs universels, des composites fluides et de la zircone est indispensable. Le scanner intraoral transforme aussi les pratiques en facilitant l’échange de fichiers CAO avec les prothésistes, optimisant ainsi la précision des restaurations.
Choisir la bonne formation
Plusieurs formats de formation existent, chacun avec ses avantages. Le présentiel favorise l’interaction : poser des questions, échanger sur des cas cliniques et assister à des démonstrations facilite l’assimilation. Les travaux pratiques, encadrés par des experts, permettent d’acquérir des gestes techniques avec précision. Les formations en ligne, bien que précieuses pour la mise à jour des connaissances théoriques, restent un complément à l’apprentissage clinique. Au-delà du format, le choix du formateur est essentiel : « Un praticien qui est capable de montrer des cas cliniques qu’il a traités sur quinze ou vingt ans, c’est formidable, explique le Dr Attal. Cela met en évidence le lien direct entre les données scientifiques et les données cliniques ». Cependant, une formation réussie ne se résume pas à une transmission de savoirs, elle doit avoir un impact concret. « S’il ne fallait retenir qu’un critère essentiel, ce serait : en quoi cette formation va-t-elle changer votre pratique dès demain ? Car se former, c’est avant tout faire évoluer sa manière d’exercer », souligne le Dr Attal.