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ADF 2025 : l'intelligence artificielle s'installe (vraiment) dans les cabinets dentaires

L'édition 2025 de l'ADF a marqué un tournant : l'intelligence artificielle n'est plus un sujet de science-fiction pour les praticiens. Les cabinets dentaires cherchent désormais des solutions pragmatiques pour répondre à leurs contraintes quotidiennes.

Publié le 09 décembre 2025

ADF 2025 : l’intelligence artificielle s’installe (vraiment) dans les cabinets dentaires

Le congrès de l’ADF a confirmé une tendance de fond : l’intelligence artificielle est passée d’un statut de gadget à celui d’outil attendu par les praticiens. Dans les allées du salon, un constat s’impose : les chirurgiens-dentistes ne viennent plus par simple curiosité, mais avec des problématiques précises à résoudre.

 

1. Des cabinets sous pression structurelle

Le secteur dentaire traverse une période de tension inédite. La pénurie de secrétaires dentaires touche l’ensemble de la profession, des petits cabinets indépendants aux grands centres pluridisciplinaires. Parallèlement, le volume d’appels entrants et la charge administrative explosent et les urgences se multiplient.

Selon plusieurs témoignages recueillis sur le salon, les cabinets reçoivent entre 80 et 150 appels par jour, dont une partie significative reste sans réponse. Cette situation génère une perte directe de patientèle et dégrade l’image des structures concernées. Les praticiens interrogés évaluent entre 1 et 2 heures par jour le temps perdu en gestion téléphonique, au détriment du temps clinique.

Face à ces difficultés, les solutions traditionnelles — télésecrétariat externe, recrutement de secrétaires — montrent leurs limites, en terme de coût (jusqu’à 1 000 €/mois) mais aussi de qualité de service ou de disponibilité.

 

2. L’IA conversationnelle : une réponse adaptéecapture decran 2025 12 09 a 17.31.47

C’est dans ce contexte que l’IA conversationnelle appliquée à la gestion des appels suscite un intérêt croissant. Plusieurs acteurs du marché proposent désormais des solutions capables de traiter les demandes de rendez-vous, d’identifier le niveau d’urgence des appels et de synchroniser les agendas automatiquement.

Le marché français compte aujourd’hui plusieurs acteurs : certains généralistes de la santé (Vocca, CareCall, Diyeva) et d’autres plus spécialistes sur le dentaire. L’enjeu pour ces solutions est de répondre aux besoins des praticiens : précision de la reconnaissance vocale, intégration aux logiciels métiers (Doctolib, Logos, Julie, Weclever), ou encore qualité de l’expérience patient.

Les solutions les plus avancées affichent des taux de résolution autonome autour de 70% et permettent une prise en charge 24/7, là où le télésecrétariat classique reste limité aux horaires d’ouverture. Comme le résume un praticien équipé de Recept AI : « L’IA n’a pas vocation à remplacer le secrétariat, mais à absorber les tâches les plus chronophages pour redonner du temps aux équipes du cabinet. »

 

3. L’IA au service du diagnostic : un second regard permanent

Au-delà de la gestion administrative, l‘IA dentaire se déploie également dans le domaine clinique. Les outils d’analyse d’images révolutionnent la détection précoce des pathologies en offrant un « second regard » systématique sur les radiographies.

Des solutions comme Wediagnostix ou Allisone analysent automatiquement les clichés panoramiques et rétro-alvéolaires pour identifier les caries débutantes, les inflammations parodontales, les fractures radiculaires ou les kystes invisibles à l’œil nu. Ces algorithmes, entraînés sur des milliers de cas cliniques, génèrent des rapports annotés en quelques secondes.

L’objectif n’est pas de remplacer l’expertise du praticien, mais de réduire le risque d’oubli ou de pathologie non détectée. Le dentiste reste seul décisionnaire du diagnostic final, mais bénéficie d’une assistance qui améliore la fiabilité et la traçabilité de son analyse.

D’autres applications émergent : la colorisation automatique des couronnes (Colorisse) pour optimiser l’esthétique des prothèses, ou encore la génération automatique de comptes rendus médicaux (Askara) qui libère jusqu’à 8 heures par semaine de travail administratif.

Ces outils ultra-spécialisés ne transforment pas l’ensemble du cabinet, mais perfectionnent des gestes précis là où l’humain peut atteindre ses limites ou être contraint par le temps.

 

4. Vers une adoption généralisée d’ici 2025-2026

Les retours des exposants et des visiteurs convergent : l’IA appliquée aux cabinets dentaires devrait se généraliser en 2026. Les praticiens qui ont franchi le pas témoignent d’une amélioration notable de leur organisation et d’une réduction significative de la charge administrative.

Plusieurs freins ralentissent toutefois l’adoption massive. La question du coût reste sensible, même si l’IA vocale se positionne généralement entre 75 et 300 €/mois selon le nombre de praticiens, contre 1 000 € pour un télésecrétariat humain. Et surtout, la dimension humaine reste centrale : les dentistes ne cherchent pas à remplacer leurs équipes, mais à les soulager pour leur permettre de se recentrer sur l’accompagnement patient et les tâches à forte valeur ajoutée.

L’ADF 2025 marque ainsi un tournant : l’IA n’est plus un concept futuriste, mais une réalité opérationnelle que les cabinets dentaires commencent à intégrer progressivement dans leur quotidien.