Démence : la perte de dents associée à la maladie d'Alzheimer 

Les personnes ayant déjà perdu au moins une dent seraient plus à risque de développer des troubles cognitifs ou des formes de démence. 

Par Raphaëlle de Tappie, publié le 16 juillet 2021

Démence : la perte de dents associée à la maladie d’Alzheimer 

Une mauvaise santé bucco-dentaire peut entraîner de nombreux problèmes. Il a été prouvé que les personnes souffrant de maladies de gencives pouvaient voir leur diabète s’aggraver, étaient plus susceptibles de souffrir de complications en cas de Covid ou étaient plus à risque de maladies cardiovasculaires. En avril, des scientifiques américains ont également montré que les maladies parodontales pouvaient être un signe annonciateur de la malidie d’Alzheimer. En effet, les personnes âgées présentant plus de bactéries nocives que saines dans la bouche sont plus susceptibles de présenter des traces de bêta-amyloïde, l’un des principaux biomarqueurs de cette forme de démence. Aujourd’hui, une nouvelle étude va dans ce sens. D’après le papier paru le 8 juillet dans la revue dans JAMDA : The Journal of Post-Acute and Long-Term Care Medicine, les personnes ayant déjà perdu ne serait-ce qu’une dent ont plus de risques de présenter une perte de fonction cognitive ou une démence.

Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont mené une méta-analyse de 14 études incluant plus de 34 000 adultes, parmi lesquels plus de 4 500 présentaient une fonction cognitive altérée. Résultats : comparés à ceux ayant toutes leurs dents, les patients en ayant perdu au moins une avaient respectivement 1,48 et 1,28 fois plus de risque de présenter une diminution de leur fonction cognitive et de démence. Plus inquiétant encore : à chaque dent supplémentaire perdue, le risque semblait augmenter de 1,4 % pour la diminution de la fonction cognitive et de 1,1 % pour la démence.

Pour les chercheurs, ce phénomène pourrait s’expliquer par les changements morphologiques qui se produisent quand une personne mange sans dents ou car l’apport nutritionnel diffère. “Un mécanisme biologique possible de cette association est suggéré par l’exposition à des bactéries orales pathogènes, telles que Porphyromonas gingivalis, explique le Pr Bei Wu, professeur doyen en santé mondiale au Rory Meyers College of Nursing de l’université de New York (NYU), et auteur principal de l’étude. Cette bactérie produit des facteurs virulents, tels que l’endotoxine ou les gingipaïnes, qui exacerbent le dépôt de bêta-amyloïde et stimulent une réponse neuroinflammatoire dans la microglie et les astrocytes, entraînant des changements pathologiques liés à la démence.”

 

Les prothèses dentaires pourraient aider

 

Mais ces résultats pourraient également s’expliquer car les personnes atteintes de démence pourraient peiner à maintenir une bonne hygiène bucco-dentaire. D’autant plus que les facteurs socio-économiques liés aux troubles cognitifs sont liés à la perte de dents.

“Des preuves de qualité modérée ont suggéré que la perte de dents était indépendamment associée à la déficience cognitive et à la démence ; le risque de diminution de la fonction cognitive augmentait avec le nombre croissant de dents perdues. En outre, un traitement prosthodontique en temps opportun avec des prothèses dentaires peut réduire la progression du déclin cognitif lié à la perte des dents”, écrivent les chercheurs. Ces derniers aimeraient désormais mener davantage d’études longitudinales comprenant des mesures complètes de la fonction cognitive et un examen clinique de l’état de santé bucco-dentaire.

Quoi qu’il en soit, en attendant d’en savoir plus, “nos résultats soulignent l’importance de maintenir une bonne hygiène bucco-dentaire notamment afin de préserver la fonction cognitive”, concluent-ils.

 

7,7 millions de nouveaux cas par an

 

Dans le monde, plus de 35,6 millions de personnes sont touchées par la maladie d’Alzheimer. Tous les ans, 7,7 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués et ce chiffre ne devrait cesser d’empirer en raison du vieillissement de la population. En effet, d’après l’OMS, le nombre de personnes concernées devrait doubler tous les vingt ans pour finalement atteindre 152 millions en 2050. L’affliction commence le plus souvent à se manifester par des troubles de la mémoire. D’autres fonctions cérébrales sont ensuite touchées. Petit à petit, les tâches quotidiennes se compliquent et s’adapter à de nouvelles situations finit par devenir quasiment impossible pour les malades.

Outre Alzheimer, qui représente 60 à 80 % des cas de démence, celle-ci peut également être due à un accident vasculaire cérébral. Les autres types de démence sont la démence à corps de Lewy, la démence frontotemporale et la démence mixte, qui peut en impliquer plusieurs types.