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Convention - "Revaloriser les tarifs des soins dentaires"

 

Stéphane Zenou, vice-président d’agir pour la santé dentaire (ASD) propose de « prendre en charge les techniques modernes de préservation des dents », pour rééquilibrer l’activité des praticiens.

Par la rédaction, publié le 26 janvier 2018

Convention – « Revaloriser les tarifs des soins dentaires »

DENTOSCOPE : 34 % des praticiens libéraux de moins de 40 ans affirment dans votre sondage qu’ils se déconventionneront si les négociations conventionnelles aboutissent à un résultat proche du règlement arbitral. Pensez-vous qu’il s’agisse d’une décision mûrement réfléchie ou est-ce surtout l’illustration d’une opposition franche aux propositions de l’assurance maladie ?

DR STÉPHANE ZENOU, VICE-PRÉSIDENT D’ASD : Il faut ajouter à ce chiffre les 15% de confrères de moins de 40 ans qui émigreraient. Au total, c’est un dentiste sur deux de cette classe d’âge qui quitterait la convention dentaire. Notre sondage a été réalisé en novembre, 8 mois après la publication du règlement arbitral. Tout le monde a donc eu largement le temps de faire ses comptes. Les syndicats ont en majorité rappelé les dangers d’un déconventionnement pour l’équilibre économique de nos cabinets.

Il s’agit donc à mon sens d’une décision mûrement réfléchie. Même si ces chiffres ont de quoi surprendre, ils témoignent avant tout de l’incapacité financière de ces jeunes confrères à faire face aux contraintes du RA tout en maintenant la qualité de leur pratique. Globalement, le sondage montre que le nombre de dentistes conventionnés pourrait diminuer de moitié, entraînant une perte d’accès aux soins politiquement inacceptable.

Asd est un think tank qui veut promouvoir une médecine dentaire moderne, accessible à tous et basée sur la prévention. Quelles sont vos propositions dans ce domaine ?

Avec le concours d’économistes de la santé et de nos syndicats, nos premières réflexions nous ont conduits au constat suivant : avoir des caries, perdre ses dents n’est pas une fatalité. Nous proposons ainsi de mettre en place une consultation de prévention annuelle et incitative en s’inspirant du modèle allemand : quand le patient réalise une visite une fois par an pendant 5 ans, il bénéficie d’un bonus de prise en charge de 20%.

Assurer une consultation annuelle pour l’ensemble de la population nécessiterait 7500 postes supplémentaires. La création d’une profession d’assistant dentaire spécialisé en prévention, exerçant sous le contrôle des chirurgiens-dentistes, permettrait de remplir cet objectif de prévention. 7 confrères sur 10 sont favorables à cette mesure.

Enfin, nous proposons de revaloriser de manière importante les tarifs des soins dentaires opposables et de prendre en charge les techniques modernes de préservation des dents afin de rééquilibrer naturellement l’activité des dentistes vers ces actes.

Quelles sont vos craintes au regard des centres low-cost ?

Nous craignons l’apparition d’un nouveau scandale sanitaire doublé de malversations comme dans l’affaire Dentexia. L’esprit de la loi HSPST de 2009 a été bafoué. Les installations de ces centres se font presque exclusivement en zone surdotée, tout en bénéficiant des aides financières de l’État. L’ordonnance du 12 janvier 2018 relative aux conditions de création et de fonctionnement des centres de santé vise à corriger certains abus: « contribuer à la permanence des soins ambulatoires », « les bénéfices issus de l’exploitation d’un centre de santé ne peuvent pas être distribués », « toute publicité en faveur d’un centre de santé est interdite ».

L’Ordre n’a pas de droit de regard sur les centres. Nous avons vu la dérive que cela entraîne avec la publicité. Le législateur a mis 8 ans pour corriger la loi HSPT de 2009 et interdire la publicité. Nous veillerons à ce que la Cour des comptes contrôle les finances de ces centres comme elle est habilitée à le faire.

Vous êtes partisan du libre choix par les patients de leur praticien. Comment selon-vous le protéger ?

Le libre choix du praticien par le patient est un droit fondamental inscrit dans la loi. La loi Le Roux a légalisé les réseaux de soins et les remboursements différenciés. Les opticiens nous ont alertés sur les méthodes employées par les réseaux mis en place par les assurances complémentaires. ASD luttera contre toutes les tentatives de prise de contrôle des choix thérapeutiques des professionnels de santé. Le professionnel de santé se réfère aux recommandations de l’HAS, des sociétés scientifiques et aux données scientifiques actuelles. Il ne doit pas être influencé par l’avis des assurances complémentaires.

69% des praticiens trouvent que l’image de la profession est mal défendue par les instances représentatives. Ce chiffre élevé vous surprend-il ?

L’Ordre a pour mission d’assurer le bon respect de la déontologie ; les syndicats, celle de défendre les intérêts économiques de notre profession. Mais le monde actuel a beaucoup évolué et la communication y occupe une place prépondérante.

Lorsqu’on annonce que nos couronnes sont facturées 1 500 €, personne n’est en capacité de répondre. C’est en cela que nos confères se sentent mal défendus. C’est pour cela aussi que 75% des confrères souhaitent la création d’un collectif pérenne d’influence et de propositions pour la défense de la profession.

ASD a été créé dans cet objectif : à chaque dérapage de ce genre, nous devons riposter par une communication ciblée. Cela implique que la profession accepte de se prendre en main pour assurer sa défense. Il nous faut nous entourer de professionnels de manière pérenne afin de maîtriser notre communication. Cela aura un coût, mais dérisoire comparé à l’avenir qu’on nous prépare.

Propos recueillis par A. Taupin