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Covid-19 : la pandémie met à mal la santé bucco-dentaire des jeunes anglais

Des scientifiques anglais s’inquiètent du manque de considération accordée à la santé bucco-dentaire des enfants depuis le début de la pandémie.

Par Raphaëlle de Tappie, publié le 27 janvier 2021

Covid-19 : la pandémie met à mal la santé bucco-dentaire des jeunes anglais

Chacun le sait, la pandémie a creusé les inégalités. Économiques, sociales, mais aussi sanitaires, surtout chez les enfants. Les confinements mis en place dans le monde ont notamment diminué l’incidence de la vaccination infantile. Mais aujourd’hui, dans le BMJ Paediatrics, des scientifiques anglais s’inquiètent du peu de considération accordée à la santé bucco-dentaire des plus petits, « un aspect généralement négligé mais qui mérite d’être considéré comme prioritaire en raison de son impact sur la santé générale ». Car depuis bientôt un an, au Royaume-Uni, les dentistes ne voient plus « qu’un petit nombre d’enfants présentant les symptômes les plus graves », alertent-ils dans un éditorial datant du 22 janvier.

« Suite au confinement (…), le Chief Dental Officer (CDO) a conseillé le 25 mars de cesser et de reporter tous les soins dentaires de routine non urgents. Il a été conseillé aux cabinets de fournir un service d’évaluation d’urgence virtuel, utilisant principalement un système de triage téléphonique, et de ne renvoyer aux centres de soins urgents que pour les traitements cliniques essentiels », rappellent les auteurs en préambule de leur article.

Cette décision a notamment entraîné des déprogrammations d’extractions sous anesthésie générale pour cause de carie dentaire. Or les caries touchent environ 23% des de moins de cinq ans au Royaume-Uni, pays où en moyenne 43 000 enfants sont admis chaque année à l’hôpital pour cette indication. Aujourd’hui, les scientifiques ignorent quand ces services reprendront complètement.

 

Inclure la santé bucco-dentaire dans la lutte contre l’obésité

 

En outre, la crise sanitaire a entraîné la suppression des visites des équipes de santé et des services d’infirmerie dans les établissements scolaires de nombreuses régions britanniques. Qui plus est, le CDO a également recommandé la suspension des programmes d’amélioration de la santé bucco-dentaire et des enquêtes de suivi. Très inquiets de voir les progrès réalisés ces dernières années dans la lutte contre la maladie carieuse compromis par la pandémie, les auteurs de l’éditorial appellent à agir pour protéger la santé bucco-dentaire des enfants.

Ils encouragent à la promouvoir et à l’intégrer dans les pratiques professionnelles, en prenant par exemple des initiatives locales. Parmi elles, des sites Web résumant les messages essentiels de prévention. Une étude récente a notamment révélé qu’une faible connaissance des parents dans ce domaine était associée au développement de caries chez leurs enfants.

Mais il est également indispensable d’inclure la santé bucco-dentaire dans les politiques sanitaires, notamment dans la stratégie nationale de lutte contre l’obésité. « L’obésité et la carie dentaire sont inextricablement liées à une consommation excessive de sucre et nécessitent une stratégie de gestion commune », peut-on lire dans le BMJ. L’incidence des caries dentaires étant deux fois plus importante dans les milieux défavorisés, il est impossible d’en venir à bout sans s’attaquer aux inégalités sociales.   

 

« Il est essentiel de promouvoir la fluoration de l’eau »

 

Enfin, selon les auteurs, pour lutter contre les caries, il faut de l’eau fluorée. Alors que cette dernière ne représente aujourd’hui que 14% de l’approvisionnement en eau au Royaume-Uni, « il est essentiel de promouvoir en permanence la fluoration de l’eau. Il s’agit d’une intervention de santé publique sûre et rentable, dont la réduction de l’incidence des caries a été prouvée et qui réduit spécifiquement les inégalités de statut socioéconomique en matière de santé dentaire ».

En conclusion, les chercheurs anglais appellent à agir dès maintenant et non pas une fois la pandémie sous contrôle. Ils recommandent « qu’au lieu de la position par défaut actuelle qui consiste à déléguer la responsabilité aux seuls professionnels dentaires, tous les travailleurs de la santé (pédiatres et médecins généralistes, infirmières, sages-femmes et visiteurs de santé), les parents, les écoles et les autres institutions travaillent en collaboration pour s’attaquer à la santé bucco-dentaire des enfants ».