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États-Unis : du botox chez le dentiste ?

En Caroline du Nord, de plus en plus de dentistes proposent du Botox à leurs patients dans le cadre d'une consultation. Une pratique qui fait débat...

Par Raphaëlle de Tappie, publié le 16 mai 2022

États-Unis : du botox chez le dentiste ?

Les conséquences de la pandémie de Covid continuent de nous surprendre de jour en jour. Parmi celles difficiles à anticiper : le boom de la chirurgie esthétique. Contraints de rester plus de temps que jamais chez eux, les gens ne sont jamais autant regardés dans la glace. Contraints de passer leur journée en réunion Zoom ou en apéro House Party avec leurs amis, les confinés du monde entier ont dû faire face à la moindre de leurs imperfections, souvent décuplée par la lumière peu flatteuse de la Webcam. On l’a vu avec l’explosion de la demande orthodontique chez les adultes mais cela est également vrai avec le Botox. Autrefois reléguée à l’élite hollywoodienne, cette pratique intéresse aujourd’hui de plus en plus le grand public, avec des demandes venant de patients de plus en plus jeunes. C’est vrai en France et bien sûr, encore plus aux États-Unis, où de nombreux professionnels de santé proposent désormais cette prestation à leurs patients. Parmi eux, les dentistes. « Maintenant, vous pouvez obtenir du Botox chez votre dentiste en Caroline du Nord », titre notamment le site Northcarolinahealthnews dans un article publié le 2 mai.

D’après le North Carolina State Board of Dental Examiners, “actuellement, les procédures cosmétiques et les améliorations cosmétiques médicamenteuses ou chimiques du visage à des fins purement esthétiques sont commercialisées auprès des dentistes comme un moyen d’améliorer le type de services offerts par un cabinet dentaire ». Mais, après avoir consulté le bureau du procureur général de l’État de Caroline du Nord sur demande de certains praticiens, le conseil d’administration déclare que les dentistes peuvent injecter de la toxine botulique à leurs patients seulement dans certains cas.

Il a donc publié des directives précises. Sa position : « l’utilisation du Botox et autres médicaments pour des “procédures cosmétiques faciales” devrait être considérée comme ne faisant pas partie de la pratique approuvée de la dentisterie », puisqu’elle n’implique pas “le traitement des dents, des gencives, du processus alvéolaire, des mâchoires, du maxillaire, de la mandibule ou des tissus ou structures adjacents de la cavité buccale, et qu’elle n’est pas utilisée comme anesthésique”.

 

Des lois qui diffèrent en fonction des États

 

Le Botox peut toutefois être utilisé pour détendre une articulation temporomandibulaire raide et douloureuse. Les chirurgiens buccaux l’utilisent pour faciliter la chirurgie reconstructive, pour réaligner une mâchoire ou réparer une fente palatine par exemple.

“Un dentiste généraliste correctement formé pourrait être autorisé à utiliser le Botox (toxine botulique) pour traiter un problème dentaire s’il existe suffisamment de preuves scientifiques crédibles que cette utilisation répond à la norme de soins pour le traitement du problème dentaire diagnostiqué…”, explique le rapport.

Aux États-Unis, la situation est d’autant plus compliquée que les lois diffèrent d’un États à l’autre concernant ce qui est considéré comme de la dentisterie ou pas. En 2017, en Caroline du Sud, avec le soutien des conseils médicaux et infirmiers de l’État, le Conseil de la dentisterie avait publié une déclaration permettant aux dentistes d’injecter des neuromodulateurs à base de toxine botulique à des fins esthétiques.

 

Des patients de plus en plus jeunes

 

L’American Society of Plastic Surgeons et la South Carolina Society of Plastic Surgeons s’étaient immédiatement opposées à ce qu’elles considéraient comme un “dérapage” du champ d’exercice. “L’autorisation de ces injections dans le cadre de la pratique dentaire comporte des risques sérieux pour les patients, étant donné que les dentistes n’ont pas la formation clinique nécessaire pour pratiquer des interventions chirurgicales en dehors de la cavité buccale”, avaient-elles alors conjointement déclaré dans une lettre.

En France, les praticiens bénéficient d’une autorisation limitée dans le cadre du traitement du bruxisme et de la région péribuccale mais ne peuvent traiter ni les rides frontales ni celles de la patte d’oie. Un dentiste effectuant une injection de toxine botulique sans habilitation sort du cadre légal.

Chez nous, le Syndicat national de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique (SNCPRE) a remarqué une augmentation de 20 à 30 % des demandes de consultation esthétique depuis le début de la pandémie. Autre fait intéressant, depuis 2019, les 18-34 ans ont davantage recours à la chirurgie que les 50-60 ans, selon une étude de l’International Master Course on Aging Skin, un congrès européen réunissant les professionnel du secteur. Enfin, preuve sans équivoque de la fin du tabou autour de la chirurgie esthétique, l’avènement du concours de miss Esthétique en février 2022. Les candidates peuvent être tatouées, mariées et…refaites. Le prix : 15 000 euros, entre autres, de soins en chirurgie esthétique…