Les dentistes retrouvent le moral… mais restent pessimistes pour l’avenir.

Malgré une sensible amélioration de leur opinion sur leur situation actuelle, les chirurgiens-dentistes sont encore plus pessimistes qu’en 2017 sur le futur de la profession, révèle l’Observatoire CMV Médiforce des professions libérales de santé (PLS) 2019.

Par François Gleize, publié le 10 janvier 2020

Les dentistes retrouvent le moral… mais restent pessimistes pour l’avenir.

L’Observatoire CMV Médiforce mesure depuis 2011 l’opinion des libéraux de santé sur leurs problématiques professionnelles dans un écosystème en pleine recomposition, entre intégration du numérique, nouvelles attentes des patients, et évolution du cadre réglementaire.

Cette 8ème édition, dévoilée le 28 novembre 2019, a été réalisée auprès de 484 praticiens libéraux, répartis en sept professions : chirurgiens-dentistes, infirmiers, kinésithérapeutes-ostéopathes, médecins généralistes, ophtalmologues, pharmaciens, et radiologues (1).

Si la tendance générale de l’étude dentaire, toutes spécialités confondues, est bien celle d’une nette embellie dans le moral des PLS – qui retrouve son plus haut niveau depuis 2011, et contraste avec la crise du monde hospitalier – la situation des chirurgiens-dentistes se singularise sur certains points.

Les dentistes ont retrouvé le moral

Ils sont 79 % en 2019 à se déclarer « plutôt satisfait » ou « très satisfait » de leur travail actuel. Encore en-dessous des 85 % de la moyenne générale toutes PLS confondues, mais c’est 10 % de mieux qu’en 2017. Enregistrant la deuxième plus forte progression, derrière celle des radiologues (+21 %), les chirurgiens-dentistes ont recollé à un peloton dont ils étaient bons derniers dans l’édition précédente (en 2019, cette place est occupée par les pharmaciens…).

L’opinion purement négative a aussi reculé. Invités à noter sur dix « la situation générale de la profession », 50 % décernaient une note inférieure à la moyenne en 2017 ; ils ne sont plus que 37 % en 2019. Les dentistes trouvent prioritairement leur motivation dans l’amour du métier et dans le sentiment d’être utile à la société (respectivement, pour 84 % et 77 % d’entre eux).

Les praticiens insistent également sur leur attachement au système libéral (77 %), et déclarent significativement moins travailler dans l’urgence que les autres PLS (17 % contre 30 %).

Mais des difficultés subsistent

Oui mais voilà, si l’impact des contraintes budgétaires et réglementaires « commence à s’alléger, après la rupture introduite en 2014 par la mise en place du tiers-payant et l’encadrement du tarif des soins » commente Pascal Neumayer, directeur général de CMV Médiforce, les chirurgiens-dentistes, particulièrement, ne semblent pas les avoir encore totalement « digérées ». Ils sont 77 % à s’en plaindre, contre 61 % tous libéraux de santé confondus, et regrettent que leur métier ne soit pas plus « stimulant au quotidien » (40 %, contre 24 % moyenne PLS). (2, fig. 1)

Et l’avenir n’est pas très rassurant

Véritable point noir, et différence majeure avec les autres professions, le pessimisme des dentistes s’est accru de 17 points depuis 2017, pour s’établir à 67 % d’opinions négatives sur le futur de l’odontologie libérale (3, fig.2).

« Leur vision de l’avenir est dégradée, note Pascal Neumayer, plus que la rémunération ou l’impact sur la vie personnelle, le cadre réglementaire est le principal élément qui influe sur la perception de leur métier et leur bien-être ». Mais ce dernier note « un véritable paradoxe » (bien français ?) car les investissements dans le dentaire sont « en croissance, et dynamiques, notamment dans les nouvelles installations ».

Autre piste (hors étude dentaire de CMV Médiforce) pour expliquer cette appréhension, la complexité de la future adaptation au droit européen des dispositifs médicaux était palpable chez les congressistes du dernier ADF… Simple hypothèse ?

En savoir plus :
https://bit.ly/2sTChcU

(1) étude dentaire quantitative réalisée du 3 juillet au 9 septembre 2019 en collaboration avec l’institut Ipsos (échantillon représentatif de chacune des spécialités, selon la méthode des quotas). CMV Médiforce est une société du groupe BNP Paribas spécialisée dans le financement des professionnels libéraux de santé.