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Inauguration de la Maison des chirurgiens-dentistes libéraux d'Île-de-France

Le 1er décembre, l’URPS des chirurgiens-dentistes d’Île-de-France a inauguré sa Maison à Paris en présence de nombreuses personnalités. Le lieu a pour objectif de recevoir des personnes en situation de handicap en toute sécurité pour les praticiens.

Par Raphaëlle de Tappie, publié le 14 décembre 2022

Inauguration de la Maison des chirurgiens-dentistes libéraux d’Île-de-France

« C’est un endroit qui dépasse les clivages politiques et syndicaux pour œuvrer à quelque chose de merveilleux pour la population française et pour les chirurgiens-dentistes libéraux . » Le 1er décembre, l’URPS des chirurgiens-dentistes d’Île-de-France, qui représente les 6 500 praticiens libéraux de la région, a inauguré sa “Maison” en présence de nombreuses personnalités. Parmi elles, le président de la caisse de retraite, des élus locaux, des membres de l’Académie nationale de chirurgie dentaire, des représentants du Conseil national de l’Ordre et des ordres régionaux et départementaux et un représentant de l’ANDPC (Agence nationale du développement professionnel continu). Situé dans le très cossu 16e arrondissement parisien, à quelques pas de l’Arc de Triomphe, le site de plus de 700 m2 se répartit sur trois niveaux.

« L’intérêt est de faire ici le cursus des soins pour n’importe quel patient mais aussi la personne âgée ou en situation de handicap », explique à dentaire365 le Dr Thomas-Olivier McDonald, président de l’URPS des chirurgiens-dentistes d’Île-de-France. Ainsi, dans l’une des deux salles de soins figure un fauteuil « classique, au niveau de la chirurgie dentaire » mais qui permet au praticien et à l’assistante de se placer de n’importe quel côté en fonction du patient. Si ce dernier manque de mobilité, il pourra se hisser dessus. « Le matériel est assez sobre mais robuste, le but étant que les dentistes qui ne disposent pas d’infrastructures nécessaires dans leur cabinet pour accueillir les patients à mobilité réduite puissent tourner et soigner le maximum de personnes, développe le Dr McDonald. Mais l’ambition est aussi que ces fauteuils puissent servir le weekend et les jours fériés et que les praticiens fassent leurs gardes en toute sécurité. Nous aurons des patients en situation de détresse, il y a donc des risques d’agressivité et le but du jeu est de sécuriser l’exercice. On va y arriver mais maintenant c’est une volonté politique. »

URPS

La visite terminée, il coupe le ruban en compagnie de politiques, dont la très médiatisée Rachida Dati, ancienne ministre et maire du 7e, sous le crépitement des appareils photo. Nous nous rendons ensuite dans l’amphithéâtre Jean-François Chabenat, nommé ainsi en hommage au premier président de l’URPS des chirurgiens-dentistes d’Île-de-France, qui a rendu ce jour possible. Le Dr McDonald reprend la parole, mais pour l’assemblée cette fois.

« Être tous ensemble pour avancer »

« Vous avez vu les salles de soins mais nous avons également des salles au sous-sol, que nous louons à nos partenaires. Parmi eux, l’Ordre régional des chirurgiens-dentistes qui veut faire la régulation de la permanence des soins, le weekend et les jours fériés. Ça permettra aux dentistes de toujours être là en cas de problématique d’urgence. J’aimerais qu’à l’image du 92, le 75 aussi puisse offrir un havre de paix aux urgences. Il faut que les praticiens puissent soigner les weekends et les jours fériés sans se faire agresser, insiste le président de l’URPS. Mais nous sommes également partenaires de la SPS*, organisme qui nous loue les locaux pour permettre aux praticiens de pouvoir s’ouvrir à la problématique psychologique qu’on peut tous endurer. » Problématique plus que jamais d’actualité puisque la crise sanitaire a fait augmenter le nombre de dépressions et de suicides chez les professionnels de santé. Enfin, « notre troisième partenaire est Rhapsod’if, plateforme dédiée aux soins bucco-dentaires des personnes en situation de handicap cognitif et moteur. Les résidents en Ehpad ont également de plus en plus de mal à se faire soigner au niveau bucco-dentaire. Les libéraux ont leur rôle à jouer là-dedans ». Et de conclure : « Merci d’être là. On a besoin d’être tous ensemble pour avancer ! »

Place maintenant aux politiques qui ont fini de visiter les locaux. Le maire du 16e arrondissement, Francis Szpiner se dit « bluffé par la réussite architecturale du lieu » et évoque le handicap, malheureusement encore trop vu par beaucoup comme « contagieux ». Il se félicite de la présence d’une structure comme celle-ci dans son arrondissement et promet d’instaurer place des places de stationnement réservées aux handicapés devant. « Ça serait déjà un bon début », s’enthousiasme-t-il avant de donner le micro à Farida Adlani, vice-présidente de la région Île-de-France. L’élue insiste alors sur l’importance de la santé bucco-dentaire et se lance dans un discours sur le système de santé français, « bien trop souvent cloisonné ».  « Le système de santé est orienté vers l’hôpital alors que là on parle de soins hors les murs. » La politique rappelle qu’elle a financé des bus mobiles « totalement équipés, qui déambuleront partout en Île-de-France pour dispenser des soins dentaires aux personnes âgées et/ou en situation de handicap ». Elle conclut alors sur une note optimiste : « Ces bus mobiles sont une première pierre à l’édifice pour ne pas engorger l’hôpital. Je vous fais l’engagement que la région Île-de-France vous accompagnera dans vos actions, M. le président. Nous allons construire ensemble des parcours de santé bucco-dentaires les plus pertinents possibles. »  Son allocution terminée, Farida Adlani invite sa grande amie Rachida Dati à la rejoindre sur scène et les personnalités se rassemble tous pour une photo souvenir.

URPS

« Contribuer à l’organisation de l’offre de santé régionale »

Mais la Maison des chirurgiens-dentistes libéraux d’Île-de-France n’est pas uniquement un lieu de santé, c’est également un site de formation. Preuve en est avec l’amphithéâtre dans lequel nous nous trouvons et où Jean-François Chabenat découvre avec émotion la plaque dédiée en son honneur sous un concert d’applaudissements. « C’est la réussite d’un rêve. J’ai réalisé qu’il était possible de faire quelque chose de formidable quand nous avons vu ce local. Je suis très ému. Je ne pensais pas que j’aurais à découvrir cette plaque, ça fait vraiment plaisir. J’espère que ce lieu pourra servir dans les années futures à ce à quoi nous l’avons destiné pour la profession. »

Mais encore ? « Transmettre la connaissance et la compétence aux praticiens libéraux et plus largement aux professions de santé pour mieux appréhender la prise en charge de nos patients, les accompagner dans leur activité grâce à nos différentes études démographiques », explique le communiqué de presse de l’URPS.

Car cette journée d’inauguration est également l’occasion d’alerter sur la situation préoccupante de la démographie des dentistes en Île-de-France, la majorité de la population de la région vivant dans des zones sous-dotées. Le Pr Christophe Evrard, maître de conférences, spécialisé en géographie de la santé dresse un état des lieux inquiétant et éclaire sur les perspectives à venir. D’où l’intérêt de cette nouvelle structure qui se donne pour mission de « contribuer à l’organisation de l’offre de santé régionale ».

Reste maintenant à savoir quand elle pourra ouvrir ses portes au public. « Nous avons les praticiens et nous sommes en partenariat avec des associations qui ont les patients, notamment St Jean de Dieu qui a déjà 250 patients, nous explique Thomas-Olivier McDonald. Maintenant, le but du jeu va être de coordonner tout ça. On a la chance d’avoir eu l’oreille des politiques et on leur a demandé d’accélérer la mise en place de cette collaboration pour la simple et bonne raison que le lieu est déjà fonctionnel. » À suivre…

* Association Soins aux professionnels la santé