Les dentistes de demain en congrès : retour sur évènement

Les 15 et 16 juin, tous les étudiants en dernière année d'odontologie de la fac de Montrouge étaient réunis pour assister aux JOPC. Au programme : présentations de cas cliniques et rencontres avec les partenaires de demain. Dentaire365 y était.

Par Raphaëlle de Tappie, publié le 05 juillet 2023

Les dentistes de demain en congrès : retour sur évènement

C’est par une chaude journée de printemps que nous nous rendons à la faculté d’odontologie de Montrouge (Hauts-de-Seine) pour assister aux Journées d’Odontologie Paris Cité (JOPC). Au programme du congrès qui s’est tenu les 15 et 16 juin, des présentations de cas cliniques ou de protocoles des étudiants de dernière année et des rencontres entre ces derniers et les partenaires de l’association des sixième année, organisatrice de ces journées. Parmi eux, on croise dans les couloirs la MASCF, LCL, la Société Générale ou encore divers syndicats tels que l’Union Dentaire, le FSDL IDF ou Les CDF. En s’arrêtant devant le stand Attitude Manche, ses représentants nous expliquent qu’ils sont là pour tenter d’attirer de jeunes praticiens dans leur département, l’un des plus sous-dotés du territoire français. Une fois ce dédale traversé, nous arrivons dans l’un des deux amphis où se tiennent les présentations de cas.  

microsoftteams image (23)« L’intérêt de ce congrès c’était, outre la rencontre entre nos partenaires et les dentistes de demain, puisque les étudiants de sixième année commencent leur vie professionnelle à la rentrée, de permettre à ces derniers de présenter un cas, clinique ou un protocole opératoire utilisé à l’hôpital, par exemple », explique Marie Bouty en charge des partenariats au sein de l’association des sixième année. « Au début de l’année, chaque étudiant a dû envoyer un sujet. Un comité scientifique en a sélectionné plusieurs qui seront présentés aujourd’hui et demain. Chaque exposé doit être fait par un étudiant et un prof, un attaché ou un interne. L’idée, c’est que chacun parle et travaille autant sur le projet. » Une fois les présentations terminées, les étudiants sont invités à voter pour leur présentation favorite via un QR Code.

Les premiers vainqueurs des JOPC sont Thelia Stioui et Arianne Gudin de Vallerin pour « Confection d’une prothèse amovible partielle sur un patient présentant une mandibulectomie droite non interruptrice » et Lynda Benghalia et Yassine Boua Bid pour leur exposé sur les fistules cutanées.

« C’est la première fois que je parle devant autant de personnes »

microsoftteams image (22)Après avoir assisté à une conférence sur le « Renforcement du parodonte par greffe de tunnelisation et conjonctif enfoui », vient l’heure de la pause. Nous en profitons pour interroger une jeune femme assise au rang devant. Elle s’appelle Diana et elle a 24 ans. Comme Marie Bouty, elle a commencé son stage actif dans un cabinet en Île-de-France, qu’elle a déjà prévu de prolonger « avec un contrat de remplacement ». « Dans l’idéal, j’aimerais avoir des jours en salarié, peut-être dans un centre, et aussi exercer en libéral deux autres jours dans la semaine pour explorer toutes les facettes du métier », explique celle envisage à terme de se spécialiser. « Je pars du principe qu’on ne peut pas être très bon partout tellement la dentisterie est vaste et je préfère être très forte dans un domaine que moyenne dans tous. Pour l’instant, j’aime bien tout ce qui est chirurgie, les extractions, etc., et l’esthétique. »

Notre échange s’arrête quand les présentations reprennent. Alors qu’un étudiant du nom d’Ahamad Qatramiz gagne la faveur de ses pairs dans l’autre amphithéâtre, c’est Ophélie Crom-Piétri, 25 ans, étudiante en sixième année, et le Dr Eléonore Valleron avec qui elle travaille à l’hôpital Henri Mondor, qui l’emportent ici pour leur cas « La réhabilitation prothétique chez les chanteurs, un challenge spécifique ? » « J’ai gagné une bouteille de champagne », s’enthousiasme Ophélie au téléphone quelques jours plus tard. « Nous avons suivi cette patiente pendant deux ans, poursuit-elle. J’étais contente de pouvoir présenter ce projet auprès des étudiants et des enseignants car ce cas me tient à cœur. C’est la première fois que je parle devant autant de personnes. »

Comme de nombreux autres étudiants, si l’on en croit le retour « super positif » qu’a reçu Marie Bouty après, Ophélie Crom-Piétri a trouvé ces journées « super ». « Ce qui m’a le plus intéressée dans cette journée sont les séances questions/réponses. Pouvoir parler librement entre étudiants et enseignants, se poser des questions sans être évalués tout le temps comme on en a l’habitude avec les examens… C’était la première fois qu’on pouvait vraiment présenter des cas cliniques sans être notés et j’ai trouvé ça intéressant. »microsoftteams image (24)

Un succès pour les étudiants et les partenaires

La journée du vendredi compte quant à elle cinq gagnants. La matinée récompense Alexandre Colin et Camille Luttenbacher pour leur présentation « quels matériaux de restauration prothétique en prothèse fixée? », Pierre Alexandre Bouvet et Elizabeth Lebel pour leur conférence sur l’HypnoVr, et Armelle Pointin et le Dr Arek Suludkjian pour « Neuropathie trigéminale douloureuse secondaire à une synéchie neuro-massétérine post-opératoire : à propos d’une complication post-opératoire inédite de l’avulsion d’une dent de sagesse mandibulaire incluse ». Puis, l’après-midi, Arnaud Veuillez séduit en expliquant la conduite à tenir devant une lésion de la muqueuse orale et Simon Ezaoui et Moshe Sarraf en insistant sur l’importance du compromis dans le plan de traitement.

« Pas mal d’étudiants qui étaient blasés par le fait de retravailler (les journées étaient également organisées par la Fac et obligatoires dans la formation, NDLR) et finalement ils ont tous adoré. Ils ont trouvé que c’était une bonne façon de clôturer leur formation initiale car après chacun passera sa thèse à des moments différents et on ne se reverra plus », explique Marie.

Mais les étudiants ne sont pas les seuls à avoir apprécié ce congrès. Côté partenaires, c’est également un succès. « Ils étaient également ravis de l’organisation et du nombre d’étudiants croisés. Ils sont prêts à se réengager pour l’année prochaine. » Et pour cause, sur les deux jours qu’ont duré l’évènement 180 étudiants sont venus.

Et maintenant ?

microsoftteams image (25)L’occasion pour ces futurs praticiens, on l’espère, de réussir à se projeter un peu plus en tant que chef d’entreprise. Car si les trois jeunes femmes avec qui nous avons échangé ont une chose en commun, c’est la peur de s’installer à son compte. « Et si je le fais, ça ne sera certainement pas en solo. Je ne me vois pas du tout avoir mon propre cabinet, ça coûte trop cher, alors que s’installer à plusieurs permet de mutualiser. Et non seulement c’est plus simple pour survivre mais c’est aussi plus intéressant. Le cabinet où je travaille depuis la P2 compte dix dentistes pour quatre fauteuils et autant d’assistantes. Travailler avec plusieurs praticiens de spécialités différentes permet d’avoir une vision collégiale des choses. Chacun voit un cas avec son prisme, on peut en discuter pendant les pauses et c’est bien plus intéressant que d’être isolé », témoigne Marie.

Un ressenti partagé par Ophélie, qui elle, en revanche, se voit toutefois bien, plus tard, quitter la région parisienne pour s’installer dans un désert médical. « D’un point de vue territorial, je pense qu’il va falloir qu’on s’installe plus hors de la capitale et dans les zones en manque de dentistes, mais pour ma part cela se fera en groupe ou pas. Je ne me vois pas toute seule dans un cabinet, que ce soit pour la sécurité ou pour pouvoir discuter avec d’autres de certains cas. C’est toujours bien d’avoir l’avis d’autres praticiens. »

Sans oublier un paramètre regrettable qui n’aide pas à se projeter dans une installation solo, « le flou » qui demeure sur les diverses possibilités, légales ou administratives. Car, comme nous le déplorons souvent dans nos magazines, l’enseignement odontologique en France aborde bien trop peu l’aspect organisationnel et managérial du métier, comme en témoigne Diana. « On ne nous explique quasiment rien à l’école sur les différents moyens de s’installer, de monter une société. Ça fait peur. »