Enfants avec problèmes cardiaques : une moins bonne santé bucco-dentaire ?

Aux États-Unis, les enfants souffrant de problèmes cardiaques ont souvent des dents en moins bon état.

Par Raphaëlle de Tappie, publié le 16 février 2022

Enfants avec problèmes cardiaques : une moins bonne santé bucco-dentaire ?

On le sait depuis longtemps : une bonne hygiène bucco-dentaire peut réduire le risque de développer des maladies cardiovasculaires. Aujourd’hui, une étude américaine s’intéresse aux liens entre santé cardiovasculaire et santé bucco-dentaire chez les enfants. Aux États-Unis, environ 900 000 enfants souffrent de problèmes cardiaques, tels que des cardiopathies congénitales. Ils pourraient présenter un risque accru d’endocardite infectieuse potentiellement mortelle due à la présence de bactéries buccales dans la circulation sanguine, notent les chercheurs dans leur papier paru dans le numéro du 11 février du rapport hebdomadaire sur la morbidité et la mortalité des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies. « Par conséquent, les soins dentaires préventifs (c’est-à-dire les examens de contrôle, les nettoyages dentaires, les radiographies, les traitements au fluor) pour maintenir la santé bucco-dentaire sont importants. »

Dans leur étude, des chercheurs du CDC d’Atlanta ont comparé l’état de santé bucco-dentaire et les soins préventifs de jeunes âgés de 0 à 17 ans avec et sans problèmes cardiaques (respectivement 2 928 et 116 826). Pour ce faire, ils ont utilisé les données de l’enquête nationale sur la santé des enfants réalisée entre 2016 et 2019.

Pour une collaboration entre dentistes, cardiologues et pédiatres

Résultats : environ 83 et 80% des enfants souffrant ou non de troubles cardiaques avaient respectivement reçu des soins dentaires au cours de l’année d’avant. Comparativement à ceux sans problèmes cardiaques, les autres avaient plus de risque de souffrir d’une mauvaise santé bucco-dentaire (17,2 % contre 13,7 %) et d’avoir des dents dans un plus ou moins mauvais état (9,9 % contre 5,3 %). Ils présentaient entre autres des saignements de gencives ou des caries.

Les chercheurs ont également pu observer que, parmi les enfants souffrant d’un problème cardiaque, le fait d’avoir un faible revenu familial, une déficience intellectuelle ou développementale et l’absence de visite médicale, était associé à une mauvaise santé bucco-dentaire. Les soins dentaires préventifs étaient par ailleurs plus élevés chez les enfants de six ans ou plus et chez ceux bénéficiant d’une assurance.

“Ces résultats pourraient guider les stratégies, telles que l’éducation des parents et des patients et la collaboration entre les pédiatres, les dentistes et les cardiologues, afin d’améliorer la santé et les soins bucco-dentaires chez les enfants atteints de maladies cardiaques, en particulier ceux qui disposent de moins de ressources et qui présentent des déficiences intellectuelles ou développementales”, avancent les auteurs de l’étude.

Un enfant sur cent nait avec une malformation cardiaque en France

Cette étude n’est toutefois pas la première à s’intéresser à ce sujet. « Certaines études cliniques non américaines de faible envergure ont indiqué que les enfants atteints de malformations cardiaques congénitales ont une moins bonne santé bucco-dentaire que les enfants sans malformations cardiaques, tandis que d’autres ne suggèrent aucune différence. Les facteurs associés aux soins dentaires préventifs et à la santé bucco-dentaire chez les enfants atteints d’une cardiopathie ont été moins étudiés », rappellent les chercheurs.

En France, un enfant sur cent nait avec une malformation cardiaque, soit 7 000 par an. Selon la Fédération française de cardiologie, ces anomalies peuvent « consister en des communications anormales entre les différentes cavités du cœur, une absence totale de cloison, un rétrécissement des gros vaisseaux ou d’une valve cardiaque (qui ne laisse pas passer le sang), un ventricule unique, de mauvaises connexions entre le cœur et les veines ou artères, etc. » Les causes sont multiples et le plus souvent difficiles à identifier. Ces malformations peuvent venir d’une anomalie génétique ou avoir été favorisées par des facteurs environnementaux pendant la grossesse. La mère aurait par exemple souffert d’une maladie virale ou parasitaire. Autres facteurs de risque pour l’enfant : la consommation de drogue, de tabac, d’alcool ou de certains médicaments au cours de cette période.