Obésité : un dispositif intrabuccal pour aider les patients à maigrir ?
Afin de lutter contre l'obésité, des chercheurs ont mis au point Dentalslim Diet Control, un dispositif intrabuccal à faire installer par un dentiste sur les dents arrière supérieures et intérieures. Le patient ne pourrait alors quasi plus ouvrir la bouche, ce qui le contraindrait à manger exclusivement liquide.
Sur Terre, 13 % de la population adulte est atteinte d’obésité. Chaque année, cette affliction entraîne environ 2,8 millions de décès. C’est pourquoi, aujourd’hui, l’OMS la considère comme une épidémie mondiale. D’autant plus que, selon ses prévisions, d’ici 2030, près de 40 % de la population sera en surpoids et une personne sur cinq obèse. À l’heure actuelle, on se sert principalement de la chirurgie bariatrique pour soigner l’obésité. Toutefois, cette technique est chère, invasive et lourde de conséquences. Afin de tenter de trouver une alternative, des chercheurs de l’Université d’Otago (Nouvelle-Zélande) et du Royaume-Uni ont concocté un dispositif qui en fera grincer des dents plus d’un : Dentalslim Diet Control.
Il s’agit d’un dispositif intrabuccal à faire installer par un praticien sur les dents arrière supérieures et intérieures. L’outil utilise un système magnétique avec des boulons de verrouillage unique fabriqués sur mesure. Ainsi, celui qui le porte ne peut ouvrir la bouche que de deux millimètres, ce qui le restreint donc à un régime liquide pendant deux semaines. Les résultats de cette étude ont été publiés le 25 juin dans la revue Nature.
Affublés de cet appareil, les participants à un essai mené à Dunedin, en Nouvelle-Zélande, ont perdu en moyenne 6,36 kg en quinze jours. Ils ont reçu un outil pour ouvrir le dispositif en cas d’urgence, mais, fort heureusement, aucun d’entre eux n’a eu besoin de s’en servir. Tous auraient décrit Dentalslim Diet Control comme tolérable. Qui plus est, une fois l’étude terminée, ils étaient motivés pour poursuivre la démarche, assurent les chercheurs.
Une alternative non invasive, réversible et économique, promettent les scientifiques
“Dans l’ensemble, les gens se sentaient mieux dans leur peau, ils avaient plus confiance en eux et ils étaient engagés dans leur démarche de perte de poids”, déclare le professeur Paul Brunton, chercheur principal et vice-chancelier des sciences de la santé de l’Université d’Otago.
“Le principal obstacle à une perte de poids réussie est l’assiduité, et ce dispositif les aide à prendre de nouvelles habitudes, en leur permettant de suivre un régime hypocalorique pendant un certain temps. Cela donne un véritable coup de fouet au processus, poursuit-il. Il s’agit d’une alternative non invasive, réversible, économique et attrayante aux procédures chirurgicales. Le fait est qu’il n’y a aucune conséquence négative avec ce dispositif”.
Dentalslim Diet Control, à faire installer par un dentiste, sera commercialisé à un prix abordable, promettent les scientifiques. Il pourra être libéré par l’utilisateur en cas d’urgence et posé et retiré à plusieurs reprises. L’outil s’adresserait principalement aux personnes devant perdre du poids avant de subir une intervention chirurgicale ou celles qui souffrent de diabète.
“Un travail difficile”
“Des stratégies alternatives sont nécessaires pour éviter la chirurgie, ou pour réduire le poids avant l’opération, ce qui la rend plus facile et plus sûre, développe Paul Brunton. La beauté de la chose, c’est qu’une fois que les patients sont équipés du dispositif, après deux ou trois semaines, ils peuvent faire retirer les aimants. Ils pourraient alors suivre un régime moins restrictif pendant un certain temps, puis reprendre le traitement (…). Cela permettrait une approche progressive de la perte de poids soutenue par les conseils d’un diététicien, ce qui permettrait d’atteindre les objectifs de perte de poids à long terme.”
“C’est un travail difficile. Les patients qui veulent vraiment le faire doivent être engagés. Mais pour ceux qui ont vraiment du mal — et, soyons honnêtes, ce sont des millions de personnes dans le monde — c’est un moyen de les ramener à des habitudes alimentaires normales en amorçant vraiment le processus. Cela pourrait réellement aider beaucoup de gens”, s’enthousiasme-t-il.
Pour le professeur Jim Mann, de la faculté de médecine de l’université d’Otago, les résultats de l’équipe de Brunton sont très prometteurs. “Je pense qu’ils ont réussi quelque chose d’assez remarquable et cela sans effets secondaires majeurs avec une approche qui semble raisonnablement acceptable pour le petit nombre de personnes sur lesquelles ils l’ont essayé.”
La pratique consistant à fermer chirurgicalement la mâchoire n’est pas nouvelle. Elle est devenue populaire dans les années 1980 mais comportait des risques, et pas des moindres. En effet, les vomissements induits entraînaient des risques d’étouffement. Sans compte qu’après neuf à douze mois, les patients développaient parfois des maladies de gencives. Pire encore, dans certains cas, empêcher la mâchoire de bouger a pu conduire à des problèmes permanents dont des troubles psychiatriques aigus. Espérons que ce nouveau dispositif ne mène à rien de ce genre. Rappelons toutefois qu’il est encore loin d’être commercialisé, l’étude néo-zélandaise n’ayant été menée pour l’heure que sur sept volontaires. Les scientifiques sont désormais en quête d’un partenaire commercial pour fabriquer les composants et pouvoir lancer un essai à plus grande échelle.