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Le grincement de dents, la prochaine reconnaissance biométrique ?

Des chercheurs sont en train de mettre au point des systèmes d'authentification biométrique grâce au grincement de dents, unique d'un individu à l'autre.

Par Raphaëlle de Tappie, publié le 15 juin 2022

Le grincement de dents, la prochaine reconnaissance biométrique ?

L’identification odontologique est loin d’être nouvelle. Ses origines remontent à l’empire romain, quand Agrippine, mère du jeune Néron, voulut s’assurer qu’il succéderait bien à son époux, l’empereur Claude. Parmi les facteurs permettant d’identifier un individu grâce à ses dents : la densité et la résonnance de l’émail, les dents manquantes, les plombages… D’après de récentes études, chinoise et américaine, ces signes distinctifs entraîneraient des vibrations uniques lors des grincements de dents. Celles-ci pourraient être captés par un microphone intra-auriculaire qui permettrait de gérer un passeport biométrique. Il serait donc possible d’identifier une personne grâce aux sons qu’elle émet quand elle grince des dents. D’après les chercheurs, cette pratique serait même plus fiable qu’une empreinte digitale ou une reconnaissance faciale…

Quand nous grinçons des dents, les vibrations traversent le crâne jusqu’au canal auditif. Aux États-Unis, des chercheurs des universités de Floride et de Rutgers ont travaillé avec des écouteurs ou des dispositifs d’écoute audio ordinaires modifiés auxquels ils ont inclus un microphone orienté vers le canal auditif au lieu de la bouche. Leur système, nommé ToothSonic, permet alors d’extraire « des caractéristiques acoustiques à plusieurs niveaux pour refléter les informations intrinsèques de l’empreinte dentaire pour l’authentification », selon les auteurs de l’étude, qui revendiquent une précision de 96,8 %.

Également aux États-Unis, des chercheurs de l’université de Temple à Philadelphie ont collaboré avec l’Institut de technologie de Pékin, l’université Tsinghua et l’université de technologie de Pékin en Chine pour créer un outil similaire, TeethPass. Ce dernier enregistre le bruit des dents à travers le crâne et le canal auditif et utilise ces informations pour faire correspondre un identifiant à l’aide d’un réseau neuronal. D’après les essais, TeethPass aurait une précision d’authentification moyenne de 96,8 %.  

 

Une technique fiable et facile à mettre en place

 

L’intérêt d’un tel système ? S’il est possible de synthétiser ou d’imiter une voix, l’empreinte ou le visage d’une personne, l’usurpation du grincement de dents est bien plus compliquée à réaliser, ce qui rendrait cette technique plus fiable. Les chercheurs chinois ont notamment démontré qu’il était impossible d’enregistrer la mastication d’une personne. « Les ondes sonores induites par l’empreinte dentaire sont captées par le canal privé dents-oreilles de l’utilisateur. Notre système est donc résistant aux attaques avancées d’imitation et de relecture, car le canal privé dents-oreilles de l’utilisateur sécurise les ondes sonores, qui sont peu susceptibles d’être découvertes par les adversaires. »

D’autant plus que, contrairement à des systèmes de verrouillage requérant un coup de doigt ou un sourire, cette technique d’authentification sera bien plus pratique pour les personnes souffrant d’handicaps moteurs.

Le matériel n’étant pas difficile à constituer, les fabricants de smartphones pourraient à l’avenir facilement fournir des écouteurs spéciaux pour inclure le grincement des dents comme méthode d’authentification. Ces systèmes ne sont pas sans rappeler LipPass, qui permettrait d’identifier, à 95,3 % d’après les expériences menées en laboratoire, des modèles acoustiques uniques quand un individu bouge les lèvres pour s’exprimer.