Un nouveau mécanisme impliqué dans les infections bactériennes persistantes

Des chercheurs ont mis en avant un nouveau processus permettant d’expliquer l’entrée en persistance du staphylocoque doré.

Par Agnès Taupin, publié le 09 février 2021

Un nouveau mécanisme impliqué dans les infections bactériennes persistantes

Les infections bactériennes dites « persistantes » sont associées à des échecs importants des traitements antibiotiques. Des chercheurs de l’Inserm et de l’université de Rennes 1, en collaboration avec une équipe de recherche basée en Suisse, ont mis en avant un nouveau mécanisme permettant d’expliquer l’entrée en persistance de la bactérie Staphylococcus aureus, ou staphylocoque doré. Ces travaux sont publiés dans la revue Nature Microbiology.  

La persistance désigne la capacité de bactéries à survivre à des doses élevées d’antibiotiques, sans pour autant être résistantes. Elles deviennent persistantes en ralentissant leur croissance, comme si elles entraient en « hibernation », afin de se protéger des traitements antibiotiques. La présence de telles bactéries tolérantes aux antibiotiques représente un problème majeur de santé publique, indique l’Inserm. Lorsque les antibiotiques sont arrêtés, certaines d’entre elles se « réveillent » et sont susceptibles de se multiplier à nouveau. Le risque de rechute et d’infections bactériennes chroniques est alors très élevé. La plupart des mécanismes menant à la formation de la persistance restent inconnus. Dans leur étude, les chercheurs de l’Inserm et de l’université de Rennes au sein du laboratoire « ARN régulateurs bactériens et médecine » ont particulièrement étudié la bactérie Staphylococcus aureus. Elle apparaît en tête des pathogènes responsables d’infections nosocomiales et se voit impliquée dans de nombreuses intoxications alimentaires.

Staphylocoques persistants

Dans leurs travaux, les chercheurs ont particulièrement isolé un ARN non codant des staphylocoques dorés, autrement dit un ARN non traduit en protéines. Ils ont montré qu’une fois positionné sur les ribosomes des staphylocoques, cet ARN (désigné sous le nom d’antitoxine SprF1) diminue la synthèse des protéines pendant la croissance de la bactérie (phénomène d’hibernation). Ce mécanisme favorise la formation de staphylocoques persistants qui deviennent insensibles aux antibiotiques.

Ces résultats permettent d’envisager une nouvelle classe d’anti-infectieux ciblant les bactéries persistantes, et donc de nouveaux traitements pour les infections chroniques à staphylocoques dorés. Les chercheurs souhaitent développer des molécules contre les bactéries persistantes en ciblant l’antitoxine SprF1. « Cette stratégie vise ainsi à compléter l’arsenal thérapeutique mis à disposition des cliniciens, qui sont de plus en plus confrontés à des maladies bactériennes chroniques », déclare Marie-Laure Pinel-Marie qui a coordonné ces travaux. Ces résultats ont fait l’objet d’un dépôt de brevet européen.