VIH : la recherche nourrit l'espoir de guérison

 

À l'occasion du colloque " 40 ans de science du VIH " organisé par l'Institut Pasteur, les chercheurs ont fait part de leur espoir de rémission et de guérison du VIH.

Par Agnès Taupin, publié le 07 décembre 2023

VIH : la recherche nourrit l’espoir de guérison

Près de 39 millions de personnes dans le monde sont porteuses du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et 1,3 million de personnes ont contracté le VIH en 2022 (1). Quarante ans après la découverte du virus à l’Institut Pasteur, la recherche sur le VIH a pour objectif de mieux comprendre les mécanismes d’infection afin de l’éradiquer.

Les personnalités réunies au colloque ” 40 ans de science du VIH ” qui s’est tenu du 29 novembre au 1er décembre à l’Institut Pasteur, en collaboration avec l’ANRS-MIE, nourrissent l’espoir de pistes de rémission et de guérison, même si le combat contre le VIH n’est pas terminé.
Je salue ces années de recherche, d’avancées médicales et d’activisme, mais de nombreux défis restent à relever. Malgré ces progrès, 630 000 personnes sont mortes du Sida en 2022 (1) et de nouvelles contaminations subsistent. Le combat contre le VIH n’est pas terminé. Cette lutte internationale se poursuit et personne ne sera laissé pour compte ! “, a déclaré Stewart Cole, directeur général de l’Institut Pasteur.

Découverte du ciblage du noyau cellulaire

Plusieurs champs d’investigation sont explorés pour décrypter les mécanismes moléculaires liés à la réplication du VIH, mais aussi ceux de son intégration dans le génome de la cellule de l’hôte. Grâce à des techniques de pointe, il a été démontré que le virus cible les noyaux des cellules. Il profite ainsi de tous les mécanismes de la cellule hôte pour multiplier son génome et reconstituer des particules virales qui iront infecter d’autres cellules. ” Cette découverte du ciblage du noyau cellulaire ouvre de nouvelles pistes pour lutter contre la réplication et la persistance virale “, estime l’Institut Pasteur.

Une autre piste explorée est l’immunité innée, c’est-à-dire les défenses de l’organisme immédiatement mobilisables pour bloquer le virus dès son entrée dans la cellule. Il est ” envisageable de stimuler cette réponse naturelle en élaborant des traitements d’immunothérapies “, souligne l’Institut Pasteur.

Déloger le virus dans toutes les cellules de l’organisme où il s’intègre est essentiel pour éviter sa persistance. Grâce à de nouvelles technologies, les scientifiques tentent de déterminer la localisation des réservoirs et de comprendre comment le virus s’y installe en échappant au système immunitaire et aux traitements antirétroviraux. Les ganglions ou encore les intestins sont notamment des réservoirs scrutés par les chercheurs.

Réponses immunitaires optimales 

Certains individus sont capables, sans traitement antirétroviral, de faire barrage au virus en freinant sa progression ou en évitant que les réservoirs viraux se réactivent. Ces personnes contrôlent l’infection par le VIH grâce à des réponses immunitaires optimales qui neutralisent le virus. Réussir à reproduire les particularités des cellules immunitaires responsables de cette activité optimale est une voie d’exploration de nouvelles solutions thérapeutiques pour venir à bout de l’infection par le VIH.

L’identification du contrôle du VIH chez certaines personnes contribue grandement à renforcer les espoirs de rémission et de guérison et nous offre une opportunité unique d’étudier les mécanismes sous-jacents “, explique Asier Sáez-Cirión, responsable de l’unité Réservoirs viraux et contrôle immunitaire à l’Institut Pasteur.

Les chercheurs s’intéressent également aux personnes qui, malgré une forte exposition au VIH, n’ont jamais été contaminées, grâce à une mutation génétique qui empêche le virus de pénétrer au sein de leurs cellules. Cette mutation pourrait être induite par thérapie génique. Développer des ciseaux moléculaires pour rendre l’organisme résistant ou encore cibler le virus lorsqu’il a été intégré dans les cellules pour l’éliminer sont des axes d’études pour obtenir une guérison sur le long terme.

1. Selon Onusida.

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