Classement du fluorure de sodium comme perturbateur endocrinien : que dit l'Anses ?
L’Agence nationale de sécurité sanitaire propose de faire évoluer la classification du fluorure de sodium dans le cadre du règlement CLP, sur la base de son danger intrinsèque et selon une procédure européenne encadrée.
Le 18 décembre 2025, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) a soumis une proposition visant à étendre la classification du fluorure de sodium au titre des perturbateurs endocriniens et des substances toxiques pour la reproduction. Cette initiative, fondée sur l’analyse de données scientifiques récentes, ouvre une phase de consultation publique au niveau européen.
Classification du fluorure de sodium comme perturbateur endocrinien : une évaluation fondée sur le règlement CLP
L’Anses recommande de classer le fluorure de sodium comme perturbateur endocrinien pour la santé humaine (catégorie 1) et comme substance toxique pour la reproduction (catégorie 1B). Une recommandation dans le cadre du règlement européen CLP relatif à la classification, à l’étiquetage et à l’emballage des substances chimiques et des mélanges. Cette proposition repose sur des études expérimentales et épidémiologiques mettant en évidence des effets indésirables après exposition orale, notamment durant la grossesse. Les données analysées font état d’atteintes du neurodéveloppement, d’altérations de la fonction thyroïdienne et d’effets sur la fertilité observés principalement dans des modèles animaux, mais également suggérés chez l’humain.
Le fluorure de sodium est déjà classé pour sa toxicité aiguë par ingestion et pour ses effets irritants cutanés et oculaires. L’intégration, depuis 2022, de la catégorie « perturbateur endocrinien » dans le règlement CLP permet désormais d’identifier ce type de danger de manière autonome, sans préjuger des conditions réelles d’exposition liées aux usages.
Implications réglementaires et distinction entre danger et exposition
La proposition de classement est actuellement soumise à consultation publique sur le site de l’ECHA jusqu’au 16 janvier 2026. À l’issue de cette phase, le Comité d’évaluation des risques rendra un avis susceptible d’aboutir à une mise à jour de la classification harmonisée au niveau européen.
Il convient de rappeler que cette démarche porte sur le danger intrinsèque de la substance. Notons d’ailleurs que de récentes études interrogent en effet les effets à long terme de l’exposition au fluor, notamment via l’eau potable, sur le développement cognitif des enfants exposés dès la grossesse.
Toutefois, les autorités sanitaires européennes, notamment l’EFSA, ont confirmé que l’utilisation correcte des produits de soins bucco-dentaires fluorés n’entraîne pas d’exposition systémique significative. Les éventuelles obligations d’étiquetage prévues par le CLP visent avant tout à renforcer l’information et la prévention, sans remettre en cause les bénéfices reconnus du fluorure dans la prévention des caries lorsqu’il est utilisé conformément aux recommandations.
