Effets des médicaments antipsychotiques sur la santé bucco-dentaire : ce que révèle une étude européenne
La santé bucco-dentaire des patients atteints de troubles psychiatriques est un enjeu de plus en plus documenté.

Les traitements antipsychotiques, indispensables dans la prise en charge de pathologies comme la schizophrénie ou le trouble bipolaire, sont associés à des effets secondaires systémiques bien connus. En revanche, leurs répercussions directes sur la cavité buccale restent moins explorées. Une étude récente menée par une équipe de l’université du Pays basque (Bilbao) comble en partie ce manque en analysant les effets indésirables oraux liés aux antipsychotiques. Les résultats mettent en évidence un lien clair entre ces traitements et diverses affections bucco-dentaires, soulignant l’importance d’une surveillance accrue.
Effets des médicaments antipsychotiques sur la santé bucco-dentaire : résultats de l’étude
L’étude intitulée “Oral adverse effects of antipsychotic medications: A case/noncase analysis of EudraVigilance data”, publiée le 21 avril 2025 dans Oral Diseases, s’appuie sur les données européennes de pharmacovigilance EudraVigilance. Elle a recensé 5 663 signalements d’effets indésirables bucco-dentaires liés aux antipsychotiques atypiques et 787 aux antipsychotiques typiques.
Les troubles du flux salivaire se sont révélés les plus fréquents. La xérostomie et l’hypersalivation constituent les manifestations les plus rapportées. Parmi les médicaments concernés, l’olanzapine et la quétiapine sont fortement associées à la sécheresse buccale et à la perte de dents (rapports de cotes respectifs de 1,8 à 3,0). La clozapine est particulièrement impliquée dans l’hypersalivation, avec 1 619 signalements et un ROR de 33,1, soit l’association la plus marquée observée dans cette analyse.
En parallèle, l’étude souligne la fréquence des dyskinésies orofaciales, associées à tous les antipsychotiques à l’exception de la clozapine. L’aripiprazole présente un profil notable, avec un risque accru de dyskinésie (ROR = 13,7) et des cas d’œdème lingual, notamment chez les adolescents. D’autres affections, comme les caries, les inflammations des glandes salivaires et la perte de dents, ont également été signalées.
Il convient de rappeler que ces associations ne suffisent pas à établir une causalité. Les comorbidités psychiatriques, la polymédication et les difficultés d’accès aux soins dentaires contribuent également à la détérioration de la santé orale dans cette population.
Implications cliniques et perspectives
Cette étude met en évidence la nécessité d’une approche multidisciplinaire dans la prise en charge des patients sous antipsychotiques. Les auteurs insistent sur l’importance d’intégrer les soins bucco-dentaires dans le suivi psychiatrique, notamment via des contrôles réguliers et une surveillance du flux salivaire. La prévention repose sur une hygiène rigoureuse, un dépistage précoce des complications et une coopération étroite entre psychiatres et chirurgiens-dentistes.
Pour les professionnels de santé, ces résultats soulignent la pertinence d’un suivi coordonné afin de réduire les complications buccales, souvent sous-estimées mais fortement délétères pour la qualité de vie. Les patients atteints de schizophrénie, particulièrement exposés, devraient bénéficier d’une vigilance accrue.
La publication de ces données contribue à renforcer la connaissance des effets secondaires des antipsychotiques et incite à développer des protocoles de prévention spécifiques, adaptés à cette population vulnérable.