Sexisme au travail : 60 % des salariés auraient été exposés
Selon un sondage exclusif OpinionWay pour Ekilibre Conseil, 76 % des salariés estiment que les manifestations liées aux violences sexuelles ou sexistes ne diminuent pas en entreprise.
Jeudi 31 mars, une loi du mois d’août sur le harcèlement sexuel entrera en vigueur dans les entreprises. Cette dernière prévoit que les propos et les comportements à connotation sexiste répétés peuvent être qualifié de harcèlement sexuel et donc passibles de poursuites pénales. À cette occasion, un sondage a été réalisé entre le 21 février et le 2 mars par Opinion Way pour Ekilibre conseil (“Sondage Ekilibre Conseil – OpinionWay”) auprès de 1 009 salariés du public et du privé sur le sujet. Résultats des courses : 60 % des personnes interrogées ont déclaré avoir été exposées à au moins un agissement à connotation sexiste et/ou sexuelle au cours de ces douze derniers mois dans le cadre du travail. « Cela représente environ 16,5 millions d’actifs concernés par ce sujet », analysent les auteurs de l’enquête.
Également très inquiétant : cinq ans après la déferlante #MeToo, 76 % des salariés pensent que les manifestations liées aux violences sexistes ou sexuelles ne diminuent pas. Pire encore : 14 % estiment qu’elles augmentent. Pour 58 % des sondés, les auteurs de ces actes sont des collègues.
Autres informations intéressantes de cette enquête : 40 % des personnes interrogées disent ne pas avoir pu réagir ou s’exprimer sur le moment. Car 42 % d’entre elles ont eu peur. Peur des conséquences, des critiques, de ne pas être entendues, d’être jugées…
6 % des sondés ont déjà été agressés sexuellement au travail
Parmi le type d’agissements les plus fréquents : des « blagues » à connotation sexuelle (47 %) ou encore des plaisanteries sexistes (38 %). La plus grande différence entre les hommes et les femmes concernait par ailleurs les remarques « associant une compétence professionnelle uniquement au sexe/genre » : 24 % pour les femmes, 13 % pour les hommes.
Mais 14 % des personnes interrogées ont également déjà fait l’objet de regards insistants sur une partie de leur corps, de sifflements ou de gestes ou bruits grossiers à connotation sexuelle (21 % pour les femmes, 7 % pour les hommes). Encore plus inquiétant : 10 % des sondés indiquent qu’on leur a déjà demandé, de manière directe ou indirecte, un acte de nature sexuelle (13 % pour les femmes, 8 % pour les hommes). Enfin, 6 % des personnes interrogées (8 % des femmes, 4 % des hommes) ont déjà fait l’objet non consenti de contacts sur la bouche, la poitrine, le sexe, les fesses ou les cuisses. Soit une agression sexuelle.
Sans surprise, ces actes impactent négativement les personnes qui en sont victimes. Ainsi, 37% des répondants disent en avoir été affectés dans leur bien-être au travail, 33 % se déclarent moins motivés dans leur job depuis et 30 % ont vu leur confiance en eux diminuer. D’autres ont également souffert de troubles mentaux, de problèmes physiques ou encore d’insomnies.
Heureusement quelques pistes existent pour aller mieux : 36 % des victimes ont pu trouver du soutien auprès de leur collègues. En revanche, seules 24 % ont été aidées par un hiérarchique direct et 19 % par leur service de ressources humaines.
Pour plus de sensibilisation en entreprise
En conclusion, 83 % des sondés estiment que la lutte contre les violences sexuelles et sexistes ou de genre au travail est un enjeu majeur et près d’un salarié sur deux estime que son entreprise a encore des efforts à accomplir dans ce domaine.
Parmi les pistes évoquées pour faire bouger les choses, la sensibilisation (60 %) et les sanctions (39 %) ont majoritairement été citées. Mais d’autres ont également évoqué le besoin de démontrer l’exemplarité des dirigeants, d’avoir une politique claire sur le sujet, de nommer des référents formés sur la question, d’instaurer des actions de formation, d’organiser des ateliers thématiques pour favoriser le dialogue ou encore de mettre en place une procédure pour accueillir les alertes.
“Une notion complexe à définir”
Pour aider les sociétés et organisations à mettre en place des actions contre le harcèlement sexuel, le gouvernement a publié en mars 2019 un “guide pratique et juridique“. « Grande cause nationale du quinquennat, l’égalité femmes-hommes demeure encore et toujours un objectif à atteindre et l’une des priorités du ministère du travail », est-il expliqué en préambule de ce guide dont une partie est également destinée aux salariés afin de les accompagner au cas où ils seraient concernés.
Pour rappel, “Le harcèlement sexuel est une notion complexe à définir car elle recouvre une multitude de propos et comportements et peut, en conséquence, prendre des formes très diverses. La difficulté tient également au fait que la loi distingue deux types de harcèlement sexuel qui nécessitent pour être caractérisés la réalisation, dans un cas, de propos ou comportements répétés et, dans l’autre, d’un fait unique ».