Tour d’horizon de la dentisterie digitale

Le congrès International Digital Days invite 24 conférenciers spécialistes du numérique du 23 au 25 janvier, à Paris.

Par la rédaction, publié le 30 octobre 2019

Tour d’horizon de la dentisterie digitale

Le congrès International Digital Days (IDD) propose une revue de la dentisterie digitale d’aujourd’hui, du 23 au 25 janvier, à Paris. 24 conférenciers internationaux présenteront des exposés cliniques dans le cadre de ce rendez-vous placé sous la présidence scientifique de Laurent Sers. L’événement scientifique, organisé en partenariat avec l’Académie de chirurgie guidée, est présidé par Jérôme Lipowicz et Marc Baranes.
Des séances de travaux pratiques permettront aux participants d’améliorer leurs connaissances dans plusieurs domaines de la dentisterie digitale : Digital Smile Design, Cad-Cam au cabinet ou chirurgie guidée. De nombreux représentants de l’industrie dentaire animeront l’exposition proposée lors du congrès.

« Préparer et anticiper les traitements »

Le président scientifique de l’IDD souligne l’intérêt du digital en matière de planification et de précision.

Dentoscope : Y a-t-il une révolution du digital en dentisterie et dans quels types de traitements particulièrement ?

Dr Laurent Sers : Depuis de nombreuses années, le digital se développe en dentisterie quelle que soit la spécialité.
La première étape a été l’arrivée de la CFAO (Conception et fabrication assistées par ordinateur) dans les laboratoires de prothèse. La principale révolution du côté de la clinique est observée en orthodontie avec le traitement par aligneurs. Les logiciels permettent de simuler les mouvements orthodontiques nécessaires à l’alignement des dents et une série de gouttières est proposée au praticien. La deuxième grande révolution est le développement des imprimantes 3D qui permettent aujourd’hui de fabriquer à moindre coût des guides, des aligneurs mais aussi des éléments provisoires.

Quel est l’avantage des technologies numériques face aux défis biologiques des traitements ?

Le principal avantage de ces technologies réside dans la préparation et l’anticipation des traitements. Il est possible de façon précise de simuler le résultat esthétique souhaité en superposant le projet prothétique sur le scan facial du patient. Des caméras 3D permettent aujourd’hui avec un simple smartphone de réaliser ces images 3D. Le prothésiste peut ainsi designer les wax-ups avec l’ensemble des références esthétiques du patient. De plus, la précision de la chirurgie guidée permet d’exploiter au maximum les volumes osseux et ainsi dans certains cas

Quelles sont les possibilités offertes par les derniers scanners numériques ?

Les derniers scanners numériques sont de plus en plus rapides et précis.
Outre le fait de réaliser les empreintes, certains scanners permettent d’enregistrer les mouvements en propulsion, diduction mais aussi de détecter des lésions carieuses débutantes.
L’ergonomie des caméras s’est développée, certaines sont proposées sans fils avec batteries rechargeables.

Quel est l’intérêt fondamental de la chirurgie guidée ?

Le principal intérêt réside dans la planification implantaire. La superposition précise du CBCT et des fichiers STL (issus des empreintes optiques) va permettre de définir précisément le nombre, les dimensions et les axes des implants selon le projet prothétique retenu. Le guide chirurgical va permettre de positionner de façon précise les implants selon cette planification et augmenter la précision.
Mais attention, le flux numérique ne tolère aucune imprécision. Chaque étape du protocole de l’acquisition du CBCT jusqu’à l’impression du guide doit être respectée à la lettre pour garantir une haute précision. Dans certaines situations, la précision est si importante que les prothèses provisoires peuvent être réalisées en amont de l’intervention et positionnées sans correction à la fin de la phase chirurgicale.
Le digital vient à l’appui du savoir-faire et des connaissances du chirurgien-dentiste, mais y aurait-il des écueils à éviter ?
Ces nouveaux outils nécessitent une courbe d’apprentissage plus ou moins longue en fonction des praticiens.
Il est nécessaire d’y consacrer de nombreuses heures au début, ce qui en décourage beaucoup. L’autre point important est que cet environnement numérique demande un investissement dans des ordinateurs ultrapuissants qu’il faut faire évoluer régulièrement car les différents logiciels nécessitent beaucoup de ressource de mémoire.

Comment la technologie fait évoluer la dentisterie et pourquoi nous devons changer

Christian Coachman : membre de l’académie brésilienne de dentisterie esthétique et fondateur du Digital Smile Design

La technologie et le marketing en dentisterie créent un moment disruptif chargé d’opportunités et de challenges. Intégrer des solutions digitales pour mieux promouvoir, diagnostiquer, concevoir, planifier, motiver et réaliser est essentiel pour la réussite dans le nouveau marché dentaire très compétitif qui se profile devant nous. Planifier les investissements, créer des clés de partenariats, maîtriser les courbes d’apprentissage, intégrer les flux de travail et impliquer son équipe nous permettent de nous différencier aux yeux de nos patients actuels et potentiels en devenant un cabinet moderne.
Travaux pratiques : Smile Design et application DSD.

Dentisterie restaurative digitale : prêt ? partez !

David Gerdolle : spécialiste en dentisterie micro-invasive et esthétique. Enseignement postuniversitaire à l’université de Paris Garancière

Les applications numériques existent depuis plus de vingt ans en odontologie. Aussi, pourquoi la dentisterie digitale n’est-elle pas présente dans 100 % des cabinets ? Il y a trois réponses possibles à cette question : l’acquisition et la conception des systèmes n’est pas assez fiable, ou ceux-ci sont trop compliqués dans leur usage, ou trop cher, ou les trois à la fois. Cette présentation propose d’examiner ces questions sans tabous en dentisterie restauratrice, prothèse et esthétique du point de vue de l’omnipraticien, sur les étapes diagnostiques et thérapeutiques.

Impression 3D en pratique clinique : quand, où, comment ?

Michael D. Scherer : enseigne à l’université Loma Linda et du Nevada (USA). Pratique privée exclusive en prothèse et implantologie

L’impression 3D semble être la tendance la plus innovante en dentisterie mais la grande question pourrait être : est-ce une réalité clinique ou juste la dernière pointe de la mode ? Cette présentation de la littérature décrira l’utilisation de l’impression 3D et les aspects du flux de travail que les auteurs utilisent quotidiennement dans leur pratique. Du prototype aux guides chirurgicaux pour des prothèses fixes et amovibles, les auteurs présentent des cas cliniques où l’impression 3D a permis de faire des progrès dans l’amélioration des procédures cliniques. Des exemples supplémentaires d’impression 3D seront discutés, y compris des challenges cliniques.
Travaux pratiques : impression 3D en pratique clinique (logiciel, matériel, impression et prothèse finale)

Reconstructions implantaires la clé de voûte pour avancer en Cad-Cam

Irena Sailer : enseigne dans le département des sciences restauratrices – centre Robert Schattner, école de médecine dentaire – Philadelphie (USA)

Les technologies digitales offrent de nombreuses options nouvelles et efficaces en matière de dentisterie restauratrice. L’empreinte optique est la première étape en dentisterie digitale. Le fichier numérique qui en résulte est utilisé pour la planification et la conception virtuelle des reconstructions qui peuvent être usinées dans des blocs préfabriqués de différents matériaux avec l’aide de systèmes de CFAO. Les systèmes digitaux actuellement disponibles offrent de nombreux avantages, tels que la précision des reconstructions.
Un nombre important d’études ont démontré la précision de la fabrication soustractive actuelle. Plus récemment, les procédures additives ont été introduites. Stéréolithographie, ou impression de matériaux comme la cire, la résine ou les métaux ont montré qu’elles pouvaient être plus précises que la fabrication soustractive. Enfin, le flux digital n’est pas seulement intéressant pour la fabrication de restaurations dentaires mais également pour une meilleure communication entre le praticien et le patient.

4D-dentisterie. Une nouvelle dimension pour la CFAO grâce à l’occlusion dynamique

Maxime Jaisson : pratique privée Co-fondateur de la société Modjaw

Le concept de la 4D-dentisterie introduit une nouvelle façon d’entrer dans la réalité de notre patient en utilisant sa véritable cinématique mandibulaire ainsi que son occlusion dynamique, cela s’associant ensuite à la modélisation 3D. Le principe est fondé sur l’idée que les paramètres statiques et dynamiques devraient être pris en compte afin de permettre l’élaboration de réhabilitations sur mesure ainsi qu’un diagnostic fonctionnel complet.
Nous verrons comment cette nouvelle dimension est à même de simplifier nos procédures, amplifier nos connaissances et favoriser les échanges dans le triptyque patient praticien prothésiste.

Le nouveau visage numérique de la dentisterie

Howard Gluckman : directeur de l’académie d’implantologie et d’esthétique (Afrique du Sud) Spécialiste de la mise en charge immédiate et de l’esthétique des tissus mous

L’utilisation du CBCT en odontologie a rencontré des résistances dans le passé. Avec le développement de la dentisterie digitale, le CBCT est maintenant devenu un standard de soins du fait de ses nombreuses applications dans tous les aspects de nos traitements. La demande des patients en esthétique nous a poussés à élever le niveau des diagnostics et de la planification du traitement, nous apportant des résultats plus précis et fiables. Cette conférence traitera de l’usage du CBCT en esthétique, notamment en implantation immédiate.

Les attentes en matière de restauration d’arcade complète

Maurice Salama : expert dentaire auprès de Channel 5 Fox TV (Atlanta)
Membre de l’académie d’ostéo-intégration et de l’académie américaine de dentisterie esthétique

Les restaurations d’arcades complètes ont toujours présenté des défis cliniques et techniques et nécessité l’amélioration de la communication entre les membres de l’équipe, du cabinet au laboratoire de prothèse. L’évolution des technologies a modifié le diagnostic, le plan de traitement et la restauration des arcades complètes. Ce qui n’a pas changé, c’est la rigueur des principes prothétiques. Cette conférence mettra en relief des défis cliniques, les protocoles et matériaux nécessaires pour assurer la réussite du résultat final.