Augmentation des dépenses de santé : des tensions durables pour le système et ses acteurs
Depuis plusieurs années, l’augmentation des dépenses de santé s’accélère sous l’effet de facteurs structurels et de décisions budgétaires récentes. Une dynamique qui pèse directement sur les complémentaires santé et les assurés.
Pour les professionnels de santé, comprendre les déterminants économiques et les conséquences financières de l’augmentation des dépenses de santé est indispensable afin d’anticiper les évolutions du financement, des prises en charge et des politiques publiques à venir.
Augmentation des dépenses de santé : une dynamique structurelle renforcée depuis 2020
Les dépenses de santé, qu’elles soient prises en charge par la Sécurité sociale ou par les mutuelles, progressent de façon continue depuis plus de quinze ans. Entre 2013 et 2020, leur hausse moyenne s’établissait à 1,8 % par an. Depuis 2020, cette dynamique s’est nettement intensifiée, atteignant +4,4 % par an, soit une augmentation cumulée de 22 % en cinq ans. Plusieurs facteurs expliquent cette évolution : le vieillissement de la population, la prévalence croissante des maladies chroniques et le coût des innovations médicales.
À cette tendance structurelle s’ajoutent de nouvelles contraintes financières. Un récent communiqué de presse de Mutualité Française indique que les mutuelles devront absorber des transferts supplémentaires de 400 millions d’euros sur le champ hospitalier et de 600 millions d’euros liés aux indemnités journalières, ainsi qu’une nouvelle taxe d’un milliard d’euros, assimilée à une « TVA sur la santé ». Avec une taxation des contrats atteignant 16 %, la France se distingue comme une anomalie à l’échelle européenne.
Quelles conséquences pour les mutuelles, les assurés et le système de santé ?
Face à l’augmentation des dépenses de santé et au désengagement progressif de la Sécurité sociale, les mutuelles se retrouvent en première ligne. Soumises à des obligations prudentielles strictes, elles ne peuvent s’endetter et ajustent donc leurs cotisations en fonction des risques à couvrir. Entre 2011 et 2024, l’écart moyen entre la croissance des cotisations et celle des prestations n’a été que de 0,3 % par an, traduisant une gestion financière encadrée.
Toutefois, la poursuite de la hausse des dépenses se répercute mécaniquement sur les assurés. Pour 2026, les cotisations devraient encore augmenter de 4,3 % pour les contrats individuels et de 4,7 % pour les contrats collectifs. Dans ce contexte, plusieurs leviers sont identifiés pour infléchir la trajectoire : amélioration de l’efficience des soins, réduction des actes redondants, lutte contre la fraude sociale et investissement renforcé dans la prévention. Selon la Cour des comptes, jusqu’à 50 milliards d’euros de dépenses pourraient être évitées, dont 20 milliards à court terme, ouvrant la voie à une réflexion collective sur le modèle de santé de demain.
