Sérénité au cabinet dentaire : les conseils du Dr Constance Leger

La coach, formatrice et chirurgienne-dentiste donne ses clés pour mieux communiquer avec ses patients et travailler plus sereinement.

Par Agnès Taupin, publié le 08 décembre 2023

Sérénité au cabinet dentaire : les conseils du Dr Constance Leger

Dentaire365 : Votre expérience clinique et votre expertise vous a conduite à changer votre manière d’exercer. Quelle démarche avez-vous mise en place dans votre pratique ?

Dr Constance Leger : Je me sentais contrainte dans un système de soins absurde, qui valorise les actes les plus délabrants et les plus tardifs. J’ai pris conscience que nous avons, en libéral au moins, une vraie liberté d’action pour soigner bien, tout simplement, selon les données acquises de la science. Toute prise en charge commence par un vrai bilan, exhaustif. Nous prenons du temps pour informer et conseiller les patients. L’éducation thérapeutique est également primordiale. Nous redonnons au patient sa juste place : il est pleinement acteur de sa santé et du succès de nos traitements. En fait, au lieu de lutter contre les résistances des patients, nous nous appuyons sur leurs forces.

Quels conseils donneriez-vous pour mieux communiquer avec sa patientèle ?

La communication commence avant même le premier rendez-vous : nous informons sur nos méthodes de travail, sur ce que le patient va vivre au cabinet dentaire, et sur les raisons de nos choix. En effet, les chirurgiens-dentistes oublient parfois le côté intrusif et violent que peut avoir une simple radio pour un patient qui n’est pas prêt à entendre un diagnostic ! En expertise, on parle beaucoup du consentement du patient. Pour la majorité des praticiens ce terme n’apparaît que dans les traitements implantaires, or cela commence dès le fait d’ouvrir la bouche (et même avant en réalité).

Côté chirurgien-dentiste, chacun a toute légitimité pour exposer ses ” règles du jeu ” dans son cabinet dentaire, et les faire respecter. Être soignant, c’est s’engager pleinement, engager sa responsabilité et même son corps. Il faut savoir s’autoriser à mettre fin à une relation de soins (et le faire dans de bonnes conditions) dans laquelle nous ne sommes pas en confiance.

Certains praticiens se sentent stressés, voire surmenés. Comment selon vous travailler avec plus de sérénité ?

On travaille avec sérénité quand on fait ce que l’on aime, et qu’on a le temps de bien le réaliser. C’est une organisation globale au cabinet dentaire : l’équilibre souhaité entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle. Il faut s’interroger sur ce que l’on aime faire ou ce que l’on souhaiterait développer dans son exercice. Comment, matériellement, gagner en efficacité pour avoir le temps de faire bien les choses, en gardant une exigence clinique forte ?

Nombre de nos confrères sont réellement en surcharge de travail. Là aussi, il faut s’autoriser à dire non, ne serait-ce que pour garantir la sécurité sanitaire des patients traités dans le cabinet. Dans ces situations, notre méthode A.C.T. apporte en quelques mois un grand soulagement parce qu’une prévention réellement efficace réduit de fait les besoins en soins. Par exemple, quand on prend le temps de dépister et d’informer, on ne voit plus d’urgences évitables, qui perturbent toujours les agendas… L’objectif est de voir moins les patients, non pas parce qu’on n’a pas le temps, mais parce qu’ils vont bien, tout simplement.

Avez-vous un mentor en matière de formation ?

Comme pour beaucoup de praticiens, le Dr Carole Leconte m’a énormément apporté, par sa rigueur professionnelle, son audace et son énergie créatrice. Sa démarche garantit le succès de ses chirurgies, mais sa méthodologie s’applique à tous les domaines de la santé. Elle nous rappelle que c’est avant tout le patient qui guérit, notre premier job est donc de l’accompagner vers le changement et la santé. On ne soigne pas quelqu’un malgré lui mais avec lui.

Plus loin du dentaire, les travaux de Jean-Marc Jancovici et de Guillaume Pitron m’ont ouvert les yeux sur l’urgence qu’il y avait à redessiner une médecine dentaire axée sur la prévention et non sur la réparation. Le soin le plus écologique sera toujours celui dont le patient n’a pas besoin ! On ne fait pas moins polluant qu’une dent naturelle en bonne santé…

Comment définiriez-vous votre méthode de coaching ?

Nous commençons tout coaching par une évaluation des besoins du praticien, de ses envies, et également de ses limites. Tout l’enjeu va être de dessiner pour chacun un exercice qui lui ressemble, qui lui plaît, et qui préserve son intégrité dans toutes les dimensions de son être et de sa vie.

Concrètement, des outils ludiques, des vidéos pratiques, et des documents prêts à l’emploi aident les cabinets à mettre en place les choses en douceur, pour le bien-être de toute l’équipe, et non pas malgré, mais bien grâce à la qualité des soins dispensés. À l’Odont’ACT, ces deux objectifs avancent conjointement. Soigner bien doit permettre d’avoir une belle vie, au cabinet et à côté !