95e Réunion scientifique de la SFODF : entretien avec les présidents

Quels thèmes cliniques majeurs seront abordés lors de la 95e Réunion scientifique de la SFODF ?

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Carole Charavet : Le pré-cours, donné par le Dr Laurent Delsol, le jeudi 9 mai, évoquera quatre thèmes portant sur la réévaluation thérapeutique : l’interception, la reprise de traitement, les cas chirurgicaux ainsi que les traitements des décalages squelettiques. Les deux journées de conférences données les vendredi 10 et samedi 11 mai se répartiront en six thèmes : « Gestion des dommages tissulaires ; anomalies de forme et de nombre ; ma mécanique me fait défaut ; autour des dysfonctions ; je foire ma dimension antéro-postérieure ; ma chirurgie n’a pas donné le résultat escompté. » Ces thèmes seront présentés par des conférenciers de renom au travers de conférences plénières mais également de leur « plus beau cas d’échec ».

La question du traitement qui ne suit pas la planification prévue sera évoquée. Au travers de quelles problématiques ?

Cette question-là sera traitée par les Drs Pierre Vieillard et Elie Kikano qui évoqueront respectivement la problématique d’un traitement par aligneurs qui ne suit pas la planification prévue au niveau des incisives ainsi que dans le sens antéro-postérieur.

Le Dr Pierre Vieillard insistera sur le contrôle de l’axe ainsi que sur la position antéro-postérieure de l’incisive comme défi majeur, tandis que le Dr Elie Kikano évoquera l’attitude à adopter face à des cas qui ne « fonctionnent » pas comme souhaité dans des cas de malocclusions de classe II et III.

Vous aborderez la question des dommages tissulaires au cours d’un traitement. Quels cas seront présentés ?

Concernant cette thématique, trois conférences en duo seront données. Les Drs Ulysse Castaner et Yves Soyer parleront de la découverte d’une résorption radiculaire en cours de traitement orthodontique avec comme objectifs pédagogiques de connaître les facteurs de risques de la résorption radiculaire et l’attitude à adopter en prévention de la résorption et de maîtriser la conduite à tenir lors de la découverte d’une résorption en cours de traitement (aspect clinique et juridique).

Puis « Je découvre, j’aggrave une récession : que faire » sera traitée par un duo ortho-paro : le Pr Virginie Monnet-Corti et le Dr Emmanuel Frèrejouand, au travers de l’établissement d’une chronologie thérapeutique combinée pour une synergie positive ortho-parodontale. Enfin, le Dr Roula Akl et le Pr Joseph Ghoubril présenteront la réévaluation thérapeutique des dents incluses, ankylosées ou transposées.

Que pourront découvrir les visiteurs de l’exposition proposée lors de votre réunion ?

Dans l’enceinte de l’exposition, les congressistes auront l’opportunité d’explorer les 23 communications affichées présentées et ils pourront également visiter les nombreux stands des différents partenaires de cet événement.

Deux prix seront remis : le prix d’éloquence et le prix de la meilleure communication affichée. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Parmi les 23 communications affichées présentées, une sera sélectionnée pour recevoir le prix de la meilleure communication. De plus, nos internes du DES d’ODF présenteront en 180 secondes, de façon concise mais néanmoins éloquente, leur mémoire de fin de spécialisation et ces présentations feront l’objet d’un vote du public afin de désigner le ou la lauréat(e) du prix d’éloquence !

« Plusieurs cas cliniques peuvent nécessiter une réévaluation »

La réévaluation thérapeutique : n’est-ce pas un sujet qui en premier lieu fait écho au serment d’Hippocrate, et à la déontologie ?

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SFODF,réévaluation thérapeutique,95e Réunion scientifique

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Camille Philip-Alliez, Michel Le Gall : En effet, le thème de la réévaluation thérapeutique trouve des échos profonds dans les principes du serment d’Hippocrate et dans la déontologie médicale. Le serment d’Hippocrate est considéré comme le fondement moral de la pratique médicale et souligne l’importance de l’évaluation continue du traitement et de l’engagement à améliorer les soins prodigués aux patients. La réévaluation thérapeutique s’inscrit dans cette perspective en encourageant les praticiens à réexaminer régulièrement les traitements en cours, à tenir compte des nouvelles preuves scientifiques et des progrès médicaux, et à ajuster les stratégies thérapeutiques en conséquence pour garantir les meilleurs résultats pour les patients. En ce sens, ce thème reflète les valeurs fondamentales de l’éthique médicale et de l’engagement envers le bien-être des patients.

Réévaluer conduit à évaluer son travail. Cela met-il en face d’une nécessaire humilité ?

M.L.G. : Oui, la réévaluation thérapeutique nécessite une certaine dose d’humilité de la part des praticiens. En remettant en question constamment leurs décisions et leurs approches thérapeutiques, les professionnels de santé reconnaissent implicitement qu’ils ne détiennent pas toutes les réponses et qu’ils peuvent toujours apprendre et s’améliorer. Cela implique une ouverture à l’auto-critique ainsi qu’à l’acceptation des erreurs commises. L’humilité permet aux praticiens de rester ouverts aux nouvelles informations, aux nouvelles idées, aux nouvelles méthodes. Ils peuvent ainsi optimiser leur pratique en offrant les meilleurs soins possibles. Subséquemment, la pratique médicale orthodontique est plus réfléchie, plus éthique et plus centrée sur le patient.

La réévaluation thérapeutique est-elle pour vous l’opportunité d’une démonstration, au final, d’une « excellence thérapeutique », au travers d’un cas spécifique ?

M.L.G. : Oui, la réévaluation thérapeutique peut en effet être une opportunité pour démontrer une excellence thérapeutique dans un cas spécifique. Lorsqu’un professionnel de santé réévalue un traitement, c’est qu’il est capable d’esprit critique envers ses résultats, afin d’intégrer de nouvelles informations pour améliorer ses résultats cliniques. Cette capacité à remettre en question ses propres décisions, à rechercher constamment les meilleures pratiques et à s’adapter aux besoins spécifiques du patient peut être considérée comme une marque d’excellence thérapeutique.thumbnail 24sfodf banniere120x250

De plus, une réévaluation réussie peut également impliquer une communication efficace avec le patient, en lui expliquant les raisons des ajustements thérapeutiques et en s’assurant de son adhésion au plan de traitement révisé. Cela nécessite des compétences interpersonnelles et une capacité à établir une relation de confiance, ce qui contribue également à une pratique thérapeutique de haute qualité. En résumé, réévaluer démontre non seulement un engagement envers l’amélioration continue, mais aussi la capacité à fournir des soins de haute qualité centrés sur le patient.

Quels cas cliniques aujourd’hui, typiquement, peuvent passer par la voie de la réévaluation ?

C.P-A., M.L.G. : En orthodontie, plusieurs cas cliniques peuvent nécessiter une réévaluation. Les patients doivent être régulièrement réévalués pour vérifier les progrès réalisés, ajuster les appareils si nécessaire et évaluer l’alignement des dents et la correction des malocclusions.

Un autre cas concerne la réponse tissulaire. Certains patients peuvent avoir des réponses tissulaires inattendues, comme des problèmes parodontaux ou des réactions allergiques aux matériaux utilisés. Ces cas nécessitent une réévaluation pour ajuster le plan de traitement en conséquence. D’autre part, chez les enfants et les adolescents en pleine croissance, les changements dans la croissance faciale peuvent influencer la progression du traitement. Une réévaluation régulière permet de surveiller ces changements et d’adapter le traitement en conséquence. Classiquement, l’option chirurgicale face à une orthopédie de classe II sans résultats probants en est une illustration concrète.

Les enfants présentant des troubles d’ordre para ou dysfonctionnels (notamment ventilatoire, reine des fonctions) doivent impérativement faire l’objet d’une surveillance rapprochée. Une réévaluation régulière est nécessaire, soit par le biais de modifications des dispositifs orthopédiques ou orthodontiques, soit du changement dans l’abord de la rééducation. Les anomalies de la croissance maxillo-faciale, telles que les fentes labio-alvéolo-palatines, nécessitent aussi une réévaluation pour surveiller la croissance et le développement crânio-facial et décider du moment optimal pour intervenir aussi bien sur le plan chirurgical qu’orthodontique. Autour d’une ligne droite représentée par le calendrier thérapeutique établi, le chemin vers l’excellence est fait de virages plus ou moins contrôlés à réajustement permanent. Certains cas peuvent nécessiter une collaboration pluridisciplinaire entre orthodontistes, chirurgiens maxillo-faciaux, pédiatres, parodontistes, orthophonistes, ORL, kinésithérapeutes, etc. Une réévaluation périodique est souvent nécessaire pour coordonner les différentes phases du traitement et s’assurer que les objectifs sont atteints de manière optimale et collaborative.

Après la fin du traitement actif, la réévaluation est nécessaire pour surveiller le maintien des résultats et ajuster les appareils de contention si nécessaire. Dans certains cas, il peut y avoir une récidive des problèmes orthodontiques. Une réévaluation est nécessaire non seulement pour analyser et déterminer la cause de cette récidive, mais aussi pour évaluer la nécessité d’un traitement supplémentaire afin d’élaborer un plan de traitement approprié. Au regard de tous ces cas, la réévaluation en orthodontie est une pratique courante et importante pour garantir le succès du traitement et maintenir des résultats optimaux à long terme pour les patients.

Programme scientifique de la 95e Réunion scientifique de la SFODF