Un prothésiste dentaire innove pour éviter les corrections orthodontiques 

Arnaud Biezanek a conçu une tétine récompensée au concours Lépine qui permet de prévenir le port d'un appareil d'orthodontie. 

Par Agnès Taupin, publié le 06 juillet 2023

Un prothésiste dentaire innove pour éviter les corrections orthodontiques 

Orthésiste spécialisé en orthodontie, Arnaud Biezanek vient d’être primé au concours Lépine international des inventeurs 2023. Il a reçu la médaille d’argent pour son innovation Clipp, une tétine innovante qui ” laisse à l’enfant le temps de s’en détacher “. Son dispositif médical CE, sans bisphénol A, est une tétine normale, mais dotée de cinq collerettes, la dernière ne donnant plus du tout accès à l’embout de succion. L’avancée est progressive et les parents peuvent choisir avec l’enfant le moment où une collerette va être ajoutée. ” Beaucoup d’enfants prennent le processus comme un jeu, sans frustration, car il les rend acteurs. Nous avons fait un système assez disruptif “, affirme le prothésiste dentaire installé à Chartres. Il s’est inspiré de ses enfants, a testé le dispositif de sevrage, en a fait des prototypes, puis l’a lancé en janvier, après une campagne participative.

Résorber une béance

L’âge idéal d’arrêt de la sucette doit être selon lui entre deux et trois ans. ” Avant deux ans il y a un vrai besoin de succion. Après trois ans, les os de la face vont commencer à se figer et même s’il y a une béance, celle-ci se résorbe toute seule dans la plupart des cas “. L’arrêt tardif de la sucette vers cinq ans peut exiger le suivi d’un traitement orthodontique notamment pour résorber une béance. D’autre part, des retards de langage peuvent s’installer du fait d’un mauvais placement de la langue et nécessiter l’intervention d’un orthophoniste.

Arnaud Biezanek fabrique des appareils pour élargir le palais du fait de succions tardives de la tétine ou du pouce, ou même de la langue, auxquelles peuvent s’ajouter des problématiques héréditaires. Cette cause représente 90 % de la centaine d’appareillages sur mesure et sur empreinte d’un praticien qu’il livre chaque jour. La principale succion tardive étant la tétine. Les clients de ses laboratoires (Orthodontic’s et Néo3d) sont des orthodontistes, des chirurgiens-dentistes et des services hospitaliers.

Augmenter l’aspect préventif

S’il travaille depuis vingt ans à son compte dans le domaine du correctif, son ambition est d’augmenter l’aspect préventif, en développant encore sa tétine de sevrage. ” Cela a plus de sens de réaliser de la prévention avec mon produit, plutôt que de faire de la correction “, confie le prothésiste. Les orthophonistes sont les premiers professionnels qui le contactent, mais aussi les pédodontistes et les chirurgiens-dentistes.
Le dispositif M’T Dents accompagne souvent les premiers rendez-vous “, explique-t-il. Pour l’heure, le produit, fabriqué à une vingtaine de pièces par jour, est en vente directe et placé chez un distributeur livrant dans les pharmacies. L’entrepreneur va lancer dans les mois qui viennent une distribution directe dans les officines.

Arnaud Biezanek estime que son dispositif médical pourrait prévenir un ou deux semestres d’orthodontie. ” Un enfant qui ne portera pas de tétine après trois ans présentera un placement de la langue et de la mâchoire qui aura plus de chance d’être correct “. La prévention permettrait aussi de désengorger les salles d’attente des orthophonistes dont il souligne le délai d’attente, parfois de longs mois, pour obtenir un rendez-vous.