Chaîne de stérilisation en cabinet dentaire : réaliser son audit interne

Garantir la sécurité des soins à nos patients est un devoir et une obligation chaque jour renouvelés dans tous les cabinets dentaires. Pour ce faire il nous faut concevoir et installer une chaîne de stérilisation des dispositifs médicaux qui soit non seulement efficace mais aussi pérenne. Cela nous impose un investissement conséquent lors de la création d’un cabinet dentaire, mais aussi un coût financier et humain récurrent non négligeable dans son fonctionnement quotidien.

Bonnes pratiques

La poursuite de cet objectif va donc nous imposer de scinder chronologiquement notre démarche en deux étapes. La première étape nous conduira à la mise en place d’une procédure initiale rigoureuse, respectant les règles de bonnes pratiques, les guides opposables et les normes. La deuxième étape nous permettra ensuite d’assurer le suivi et le maintien dans le temps du niveau de qualité initialement ciblé.

Mais alors comment être certain que l’ensemble de notre matériel soit toujours aussi performant et nos procédures toujours appliquées avec la plus grande rigueur ? Comment anticiper un dysfonctionnement qui viendrait anéantir tous nos efforts ? Comment maintenir un regard critique sur notre travail et agir en amont plutôt que de réagir à la suite d’un problème ? En effet, les matériels équipant nos salles de stérilisation peuvent perdre de leur efficacité et les protocoles de leur rigueur par effet d’habitude. De nouvelles obligations peuvent apparaître. Des changements de produits peuvent modifier les règles d’usage (normes, dilutions, temps d’action…). Seul un audit « régulier » et tracé de tous les points majeurs de la chaîne de stérilisation peut nous garantir la pérennité de la qualité du résultat. Cet audit, ou plutôt « ces audits », permettront de pallier cette perte d’efficacité et de s’assurer que des dysfonctionnements, même mineurs, ne sont pas venus diminuer la qualité du travail initialement planifié.

Auditer sa chaîne de stérilisation

Auditer sa chaîne de stérilisation, c’est accepter de mettre à plat ses besoins, ses moyens et bien évidemment ses résultats en toute objectivité. Auditer sa chaîne de stérilisation, c’est aussi accepter le constat des erreurs qui peuvent être commises et l’origine de celles-ci : manque de temps ou de moyens, déficit de formation continue, ou parfois méconnaissance d’un élément ou d’un sujet. Il va donc falloir construire une grille d’audit « cohérente ». C’est cette grille correctement informée et analysée qui nous permettra une auto-évaluation régulière du travail réalisé.

Pour demeurer efficace, l’audit que vous mènerez devra respecter plusieurs principes :

  • faire référence aux bases réglementaires,
  • prendre appui sur une grille d’audit réaliste et néanmoins complète,
  • proposer des corrections applicables rapidement,
  • instaurer de nouvelles alertes si nécessaire,
  • accompagner son équipe dans « le changement ».

Bâtir sa grille d’audit

Bâtir sa grille d’audit nécessite d’identifier les différents postes ciblés :

– normes et usage des différents produits,

– étapes de la chaîne de stérilisation (pré-désinfection, nettoyage, conditionnement, stérilisation, traçabilité, stockage).

Pour chacun de ces postes il faudra définir un certain nombre de points contrôlés et les valeurs ou les niveaux de référence recherchés.

Il sera aussi nécessaire de définir la durée et la fréquence des contrôles. En effet, pour que ces audits puissent être réalisés aisément et régulièrement, ils ne doivent pas perturber le fonctionnement du cabinet dentaire. Un support mal conçu et trop léger n’aurait en effet que peu d’intérêt pour les constats qui en découleraient mais, à l’inverse, un support trop lourd nous éloignerait de notre quotidien. Lors de cette session, nous verrons ensemble comment « bâtir » sa propre grille d’audit, les points majeurs d’analyse, la durée et la fréquence les plus adaptées.

Dans un deuxième temps, la mise en avant d’éventuels points de non-conformité nécessitera une évaluation de leur niveau d’importance et une planification des actions à mener et des moyens nécessaires. Nous évaluerons ensemble comment gérer cette partie qui conditionnera la qualité du résultat et l’intérêt du travail mené : quelles sont les erreurs le plus souvent commises, comment les détecter rapidement et les corriger efficacement.

L’accompagnement de l’équipe

Pour finir cette session, nous nous poserons la question de l’accompagnement de l’équipe. En effet, la valeur de notre audit et son efficacité dans le temps seront inévitablement liées au travail de nos assistant(e)s dentaires et à la prise en compte rapide des résultats et de leurs conséquences.

Après l’analyse et le constat, viendra le temps de l’action et des éventuelles modifications. Nous verrons comment permettre à l’équipe, grâce à des techniques managériales de définitions d’objectifs et des méthodes de délégations, d’atteindre ces objectifs personnels et collectifs au service de la santé des patients. Ce point est fondamental pour s’assurer que l’équipe maîtrise l’ensemble des processus d’un bout à l’autre de la chaîne de stérilisation.

Un seul objectif commun est de garantir la sécurité des soins pour nos patients. Il faut pour cela s’auto-contrôler pour s’améliorer ou simplement maintenir son niveau initial. Il faut également se méfier de la politique de l’habitude qui peut parfois masquer nos erreurs.

 

Conférence à l’ADF, Palais des congrès de Paris, le 30 novembre 2023.
Responsable scientifique: Emmanuel Gouet.
Conférenciers : Didier Glachant et Bertrand Rousselet. 

 

Bibliographie 

  • Direction générale de la santé : Guide de prévention des infections liées aux soins réalisés en dehors des établissements de santé. Janvier 2006.
  • Direction générale de la santé : Guide de prévention des infections liées aux soins en chirurgie dentaire et en stomatologie. Deuxième édition, juillet 2006.
  • Ministère du travail, de l’emploi et de la santé. Grille technique d’évaluation des cabinets dentaires pour la prévention des infections associées aux soins. Direction générale de la santé. Octobre 2011.
  • ADF 2015. Nouvelle édition Grille technique d’évaluation des cabinets dentaires pour la prévention des infections associées aux soins – Direction générale de la santé.
  • Prévention des infections associées aux soins en chirurgie dentaire dans les établissements de santé. CCLIN février 2011.
  • Maladies Infectieuses. Analyse du risque infectieux lié à la non-stérilisation entre chaque patient des porte-instruments rotatifs en chirurgie dentaire. Institut de Veille Sanitaire. 15 mai 2009.
  • Instruction n°DGS/RI3/2011/449 du 1er décembre 2011 relative à l’actualisation des recommandations visant à réduire les risques de transmission d’agents transmissibles non conventionnels lors des actes invasifs.