Aline Pigeyre, assistante en ortho : « Apporter mon savoir-faire »

Du haut de ses 42 ans, Aline Pigeyre aura passé la moitié de son existence en cabinet d’orthodontie. Pour ses études, son choix se porte sur le secrétariat. Son BTS d’assistante de direction en poche, elle part à la recherche d’un premier emploi : elle est embauchée dans un cabinet d’orthodontie dans l’Ardèche, dont elle est originaire. L’occasion se présente un jour, à la demande du praticien, de remplacer au fauteuil une assistante absente. Elle sent immédiatement qu’elle aime ce poste, à tel point qu’elle renouvelle l’expérience… Cinq ans plus tard, elle est en mesure de passer la VAE (validation des acquis de l’expérience) et obtient le diplôme d’assistante dentaire. « Le Dr Stephan Valéro était passionné par son travail et aimait partager ses connaissances avec moi. Il voulait que je comprenne ce que je faisais. » La rencontre de son compagnon la pousse à changer de département. Prudente, elle recherche en amont et trouve le cabinet où elle exerce depuis maintenant quatorze ans. « Le Dr Virginie Liotard venait de créer son cabinet, son activité commençait à se développer et elle venait d’embaucher une secrétaire. » Sa candidature spontanée tombe à pic : « C’était un beau défi pour moi. J’ai apprécié de pouvoir apporter mon savoir-faire. »

« Apporter un plus dans un nouveau cabinet »

Aujourd’hui, l’équipe compte trois praticiens, trois assistantes, trois secrétaires et deux aides dentaires. Il règne une bonne ambiance, tant avec les praticiens qu’avec les assistantes. « Évidemment, comme dans une famille, il y a des hauts et des bas, des grains de sable, autrement dit des petits tracas, comme nous a expliqué notre conseillère en communication. ». Tous les trois mois, Nathalie Rumiz, consultante dans les cabinets dentaires, vient en effet soutenir l’équipe. « Il est important d’en parler, même si ce n’est parfois pas facile. J’essaie aussi de relativiser, de me focaliser sur le positif. Chaque jour, je suis reconnaissante de ce que j’ai. » Ses 35 heures hebdomadaires réparties sur quatre jours lui permettent en effet d’organiser sa vie familiale. Aline se dit fière d’être reconnue en tant que professionnelle de santé. « J’aime travailler dans le médical, cela me plaît d’aider les enfants à aller mieux. Les adultes aussi d’ailleurs ! » Avec ce public de plus en plus nombreux, l’acclimatation s’est faite petit à petit. « Au début, je ne me sentais pas légitime face à une personne de 40, 50 ou 60 ans. Avec l’expérience, j’ai gagné en confiance et je n’ai plus peur de répondre à leurs questions. Offrir des solutions fonctionnelles à un patient qui dort mal et qui présente un déséquilibre dentaire est très gratifiant. » L’apprentissage des traitements fonctionnels (rééducation des fonctions de déglutition, respiration, mastication…) dans son premier cabinet l’avait passionnée. « J’ai été heureuse de pouvoir apporter un plus dans un nouveau cabinet », où on lui a d’ailleurs confié la responsabilité des traitements par aligneurs, en expansion. L’objectif qu’elle vise désormais est de devenir assistante de « niveau 2 », dès que la formation sera mise en place, afin d’obtenir des responsabilités cliniques. Et si on lui propose un jour d’enseigner toutes les compétences qu’elle a acquises, Aline accepterait volontiers « ce nouveau challenge ».

Gagnante puis jury à la JNAD

En avril 2023, l’assistante drômoise a remporté le prix Roland Zeitoun lors de la JNAD (Journée nationale des assistants dentaires). Il s’agissait d’animer une conférence de vingt minutes sur le thème des soins autour de l’enfant. Aline avait choisi le sujet de la prise en charge de l’enfant en orthodontie par l’assistante dentaire. Un exposé en hommage au Dr Roland Zeitoun, « qui a beaucoup œuvré pour la reconnaissance du diplôme d’assistante dentaire en tant que profession médicale », explique-t-elle. « Pour moi qui suis peu à l’aise en public, c’était un gros défi à relever ! J’ai beaucoup aimé faire les recherches. Ce fut aussi un gros travail de réflexion qui m’a permis de remettre en cause mes certitudes. J’ai énormément appris ! Ce prix a honoré mes vingt ans d’exercice. » Une (toute) petite revanche pour Aline qui, quelques mois auparavant, avait terminé deuxième (sur dix) lors des Journées de l’orthodontie en présentant le sujet : « Comment concilier productivité et bien-être au travail ? » Et cette année, c’est parmi les membres du jury qu’elle siégera à la JNAD.


Ses conseils aux praticiens

• Ne pas hésiter à bien expliquer à l’assistante sa technique de travail, pour une coordination et une anticipation des soins optimales.

• Privilégier le digital pour faciliter les échanges avec le patient. « Au cabinet, la communication par téléphone est réduite au maximum. Le patient pose ses questions par tchat, à travers une application. La secrétaire nous les transmet, entre deux patients, si toutefois elle ne peut y répondre elle-même. Tous les documents (devis, factures, radios) sont téléchargeables. »

• Automatiser les tâches administratives récurrentes. « Diminuer le temps non productif, c’est éviter la surcharge de travail, tout en libérant du temps, par exemple pour l’accueil. »

• Planifier des réunions tous les deux à trois mois avec l’équipe pour prendre le temps de se parler tous ensemble et inciter chacun à échanger sur les points à améliorer.

• Créer une relation de confiance avec l’enfant et faire le point (assistante ou praticien) régulièrement avec le parent, qui est l’un des piliers d’un traitement réussi. « Chez nous, le parent n’est pas invité dans la salle de soins. On reçoit l’enfant seul, pour le responsabiliser et ne pas perturber notre concentration. Après le soin, surtout si l’enfant est jeune, on fait venir le parent en salle clinique pour lui expliquer l’avancée du traitement, lui évoquer par exemple un manque d’hygiène ou un mauvais port des élastiques. Ça remotive le patient, et le parent ! »