Bienvenue à Molar City, paradis dentaire des Américains

Au Mexique, à la frontière des États-Unis, la petite ville de Los Algodones attire chaque jour entre 2 000 et 4 000 Américains désireux de se faire traiter les dents à bas prix.

Par Raphaëlle de Tappie, publié le 02 mai 2023

Bienvenue à Molar City, paradis dentaire des Américains

Après Sin City, ” Molar City “. Ce surnom de ville de la molaire a été attribué à la commune de Los Algodones, petite ville mexicaine à la frontière des États-Unis devenue ces dernières décennies le paradis des Américains en quête d’implants et de blanchiment pas chers. La frénésie est telle qu’environ 300 cabinets dentaires et 600 praticiens se partagent les quatre rues principales. Incroyable quand on sait que cette ville ne compte que 7 000 habitants !

Depuis trente ans, les Américains se ruent ” au paradis des dents ” dans l’espoir d’obtenir un sourire hollywoodien abordable, la couverture dentaire étant très aléatoire aux États-Unis. Car les programmes publics comme Medicaid ne couvrent pas tous les soins dentaires, qui dépendent le plus souvent de polices d’assurance privées, qui varient énormément en fonction de l’employeur.

D’ailleurs, selon NBC News, la situation devrait encore un peu plus empirer puisque plus de 14 millions d’adultes bénéficiant du Medicaid risqueraient de perdre leur couverture dentaire depuis que l’urgence sanitaire (mise en place en raison du Covid-19) a pris fin le 1er avril. Pendant près de trois ans, la déclaration d’urgence n’a pas permis aux États de retirer les personnes inscrites au programme. Mais une fois l’éligibilité des bénéficiaires vérifiée, 15,7 millions de personnes devraient perdre leur couverture médicale et 14,2 millions leur couverture dentaire au passage. Soit 28 % des adultes actuellement inscrits à Medicad, selon les données du CareQuest Institute for Oral Health, un groupe de réflexion consacré à la santé bucco-dentaire aux États-Unis.

6 000 passages par jour en haute saison

Mais à Los Algodones, la différence de prix est de taille. L’AFP interroge un Américain qui vient se faire soigner dans la bourgade mexicaine depuis plus de dix ans. À l’époque, son dentiste lui avait demandé 35 000 dollars pour des implants. De l’autre côté de la frontière, il dit en avoir déboursé entre six et huit mille. Un différentiel qui permettrait donc de couvrir les frais de déplacements en cas de procédures nécessitant plusieurs rendez-vous.

La demande est telle que, pendant la haute saison, soit de novembre à mars, Los Algodones accueillerait environ 6 000 ” touristes dentaires ” quotidiennement, selon les autorités locales. Le reste de l’année, comptez 4 000 de moins par jour. Pour booster ses affaires, la petite localité gère un site web, molarcity.org, pour aider les patients à organiser leur voyage.

Pourtant, il n’est pas bien compliqué de venir ici. Les visiteurs garent leur voiture au parking près du poste-frontière d’Andrade, en Californie. Dès qu’ils posent pied à terre, des dizaines de rabatteurs leur tombent dessus. Aucun papier à présenter. Juste un panneau indiquant que la ville de Los Algodones a été fondée en 1894. Elle semble se porter à merveille depuis.