« Il y a eu un boom de l'empreinte numérique en 2020 »

Interview d'Eric Darrou, président de Protilab.

Par François Gleize, publié le 29 novembre 2020

« Il y a eu un boom de l’empreinte numérique en 2020 »

Quel est votre bilan de cette année à nulle autre pareille ?

Eric Darrou -Président de Protilab : 2020 restera un souvenir marquant! Mauvais par certains égards, meilleurs par d’autres… Pendant plus de deux mois les cabinets dentaires se sont totalement arrêtés, et par voie de conséquence, nous aussi, laboratoire de prothèse dentaire, avons connu une interruption brutale de notre activité. Sur l’ensemble de l’année, les effets de la réforme du 100 % santé ont commencé à se faire ressentir dans les travaux qui nous ont été confiés. Grâce au RAC 0, les praticiens sont en mesure d’offrir des traitements prothétiques plus complets au plus grand nombre.

En 2020, qu’est-ce qui vous a le plus surpris de la part du marché dentaire ou de vos équipes ?

Eric Darrou -Président de Protilab : J’ai pu constater par l’expérience que ma société était solide. Une part importante de l’activité de Protilab est délocalisée en Chine, nous avons donc dû subir les conséquences de la crise sanitaire dès la fin janvier! Mais nos équipes ont montré un engagement de tous les instants pour continuer à servir nos clients alors que notre système de production était déjà sévèrement touché. Elles ont su s’adapter à des conditions totalement inimaginables il y a encore à peine quelques mois. Je suis très satisfait de leur réactivité et confiant dans l’avenir. Les praticiens, quant à eux, ont cherché à offrir des amplitudes horaires élargies à leurs patients dès la sortie du premier confinement. Ils ont bien souvent limité très significativement leurs congés pour permettre un rattrapage des soins.

Internet (le numérique) représente-t-il plus que jamais une opportunité pour vous et comment vous inscrivez- vous dans la digitalisation du cabinet dentaire ?

Il y a eu un « boom » de l’empreinte numérique. Beaucoup de praticiens ont fait évoluer leur pratique en 2020. Avant le confinement, ces travaux représentaient entre 5 et 10 % de notre activité. Dès la réouverture des cabinets, il y a eu un très fort phénomène d’accélération avec une augmentation de 50 %. Les prothèses réalisées à partir d’empreintes dématérialisées représentent aujourd’hui 20 % du total de nos commandes. Les chirurgiens-dentistes ont pris le temps de se former durant le confinement. Certains avaient déjà cet objectif mais manquaient de temps pour le mettre en œuvre, d’autres s’y sont intéressés pour la première fois et ont investi. Une fois ces freins levés, je pense que ce mouvement de digitalisation ne peut que s’amplifier.

Dans le contexte actuel, le transfert en ligne des données permet de contrecarrer les difficultés logistiques et constitue un atout en termes d’hygiène.

Qu’est-ce qui inspire votre stratégie actuellement ?

Historiquement, notre production était délocalisée en Chine. Depuis 2014, nous avons complété notre offre avec une gamme de prothèses « made in France » pour répondre aux attentes des praticiens et des patients. L’année 2020 renforce ce choix stratégique.

À l’avenir, l’enjeu sera de pouvoir arbitrer, en fonction du contexte et des contraintes, entre une prothèse fabriquée en France et un modèle fabriqué en Asie avec un positionnement tarifaire plus avantageux.

Les deux gammes ont vocation à s’adapter au mieux à chaque situation. Elles sont complémentaires, il n’y a aucune différence en termes de qualité ou de typologie des matériaux utilisés.

Pour conclure pour 2021 : réflexion ou action ?

Notre croissance est désormais supérieure sur les gammes fabriquées en France. Nous poursuivrons en 2021 ce double mouvement de relocalisation et d’accompagne- ment des praticiens dans leur transition numérique.