Agnès Firmin-Le Bodo, nouvelle ministre de la Santé par intérim, nie « tout conflit d’intérêts »

Nommée ministre de la Santé par intérim le 20 décembre dernier, Agnès Firmin-Le Bodo fait l’objet d’une enquête judiciaire pour avoir reçu des cadeaux de la part des laboratoires Urgo lorsqu’elle était pharmacienne. Interrogée lors d'un déplacement le 31 décembre, elle se dit "très sereine sur le fond de l'affaire".

Par Linda Lam, publié le 02 janvier 2024

Agnès Firmin-Le Bodo, nouvelle ministre de la Santé par intérim, nie « tout conflit d’intérêts »

C’est une affaire qui fait grand bruit ! Nommée ministre de la Santé par intérim le 20 décembre après le départ fracassant d’Aurélien Rousseau, Agnès Firmin-Le Bodo est au cœur d’un scandale concernant des cadeaux illicites de la part de l’industrie pharmaceutique (Laboratoires Urgo).

Affaire Urgo et risque de conflit d’intérêts

Mediapart a révélé que la nouvelle ministre de la Santé aurait reçu environ 20 000 euros de cadeaux non déclarés de la part des Laboratoires Urgo (sous forme de bouteilles de vin, de champagne, et de montres de luxe). Les faits se seraient produits entre 2015 et 2020 alors qu’elle était pharmacienne au Havre.

Le 31 décembre 2023, interrogée à ce sujet lors de sa visite au CHU de Rouen, la ministre a catégoriquement nié tout « conflit d’intérêts » qualifiant ces échanges de simples négociations commerciales. Elle s’est déclarée « très sereine » et a indiqué qu’elle allait « être entendue dans l’affaire dite Urgo » comme 8 000 de ses confrères, préférant « répondre sur le fond aux autorités compétentes, les réseaux sociaux ne sont pas les juges ».

Les laboratoires Urgo ont été condamnés à une lourde amende de 1,125 million d’euros (dont 625 000 euros avec sursis) par le tribunal correctionnel de Dijon en janvier 2023. Cette sanction découle de leur proposition de cadeaux en contrepartie de la renonciation du pharmacien à une remise commerciale pour son officine.

Une pratique interdite depuis l’entrée en vigueur de la loi « anti-cadeaux » de 1993, visant à mettre fin à l’influence des laboratoires sur les professionnels de santé.

L’inquiétude des syndicats suite au départ de l’ancien ministre de la Santé

Agnès Firmin-Le Bodo assure le poste de ministre de la Santé par intérim depuis la démission de son prédécesseur Aurélien Rousseau suite à l’adoption de la loi « immigration ».

Un départ soudain qui a suscité de vives réactions de la part des syndicats. Les Libéraux de Santé (LDS), qui rassemblent dix syndicats représentatifs de professionnels de santé libéraux (dont les CDF), ont annoncé qu’ils regrettaient « la démission d’Aurélien Rousseau en qui ils avaient trouvé un partenaire engagé et ouvert au dialogue ».

Dans leur communiqué, les LDS expriment leur inquiétude quant à la continuité des discussions et des chantiers en cours : « Un travail de transformation de l’organisation des soins et de refondation des métiers de santé a été initié au lendemain de la crise sanitaire. Il ne doit pas s’arrêter. Des lois et des textes règlementaires sont attendus. Ils ne doivent pas faire les frais de la situation politique actuelle. »

En octobre 2023, bien avant la polémique, Agnès Firmin-Le Bodo, alors ministre déléguée, chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé, avait présenté son plan pour la sécurité des soignants. Elle avait ensuite lancé, le 19 décembre 2023, la campagne de sensibilisation sur les violences faites aux professionnels de santé.