Améloblastes et régénération de l’émail dentaire : une étude prometteuse

Des chercheurs américains se sont penchés sur les mécanismes de régulation des améloblastes, ces cellules à l’origine de la synthèse de l’émail dentaire. Une recherche prometteuse pour, à terme, reconstruire les dents abîmées ou régénérer celles perdues.

Par Linda Lam, publié le 30 août 2023

Améloblastes et régénération de l’émail dentaire : une étude prometteuse

Les scientifiques se sont longtemps appuyés sur des modèles murins pour comprendre le développement dentaire humain. Cependant, les limites inhérentes aux différences significatives dans le développement dentaire entre souris et humains exigent une exploration plus approfondie. Pour favoriser la recherche sur la régénération de l’émail dentaire chez l’homme, une étude américaine a recentré son analyse sur l’évolution et le fonctionnement des cellules améloblastiques.

Une étude des mécanismes de régulation des améloblastes

Alors que certains scientifiques envisageaient de développer un bonbon pour régénérer l’émail des dents, c’est une autre voie prometteuse qui s’ouvre désormais aux États-Unis.

Publiée le 14 août 2023 dans la revue Developmental Cell, l’étude américaine pointe l’importance d’observer les différents stades de développement des dents au niveau cellulaire. Le groupe de chercheurs a utilisé une méthode qui leur a permis de suivre les schémas d’activation des gènes à chaque étape de la formation dentaire.

Grâce à un programme informatique, ces scientifiques ont réussi à modéliser le parcours des activités génétiques produites lorsque les cellules souches indifférenciées évoluent en améloblastes. Ils ont ensuite provoqué la transformation des cellules souches humaines en améloblastes en les exposant à des signaux chimiques qui ont activé les gènes selon une séquence précise.

D’après le Dr Hannele Ruohola-Baker, auteure principale de l’étude, « le programme informatique indique le chemin à suivre, la feuille de route, le schéma directeur nécessaire à la construction des améloblastes ».

Générer de l’émail à partir de cellules souches

L’étude a permis d’identifier un autre type de cellule : le subodontoblaste (potentiellement à l’origine des odontoblastes) qui pouvait former des organoïdes. Ces structures présentent une organisation similaire à celles observée dans les dents humaines en développement et sécrètent des protéines essentielles à la constitution de l’émail dentaire (l’améloblastine, l’amélogénine et l’énaméline), permettant ainsi le processus de minéralisation.

Selon le Dr Hai Zhang, co-auteur, « il s’agit d’une première étape cruciale vers notre objectif à long terme de développer des traitements à base de cellules souches pour réparer les dents endommagées et régénérer celles qui sont perdues ».

Des perspectives prometteuses pour la dentisterie régénérative

Alors que des essais cliniques pour faire repousser les dents débuteront bientôt au Japon, cette nouvelle étude offre des perspectives encourageantes : les chercheurs ont pour ambition d’élaborer un émail aussi résistant et durable que celui des dents naturelles pour pouvoir réparer les dents endommagées. Mais leur but ultime reste la création de dents dérivées de cellules souches pour remplacer les dents perdues.

Un objectif vertueux quand on sait qu’au cours de leur vie, plus de 90 % des adultes voient leur émail se détériorer progressivement ou disparaître partiellement.

« De nombreux organes que nous aimerions pouvoir remplacer, comme le pancréas humain, les reins et le cerveau, sont volumineux et complexes. Les régénérer à partir de cellules souches prendra du temps », note le Dr Ruohola-Baker. « Les dents, en revanche, sont beaucoup plus petites et moins complexes. Elles sont peut-être l’étape la plus simple à réaliser. Il faudra peut-être un certain temps avant que nous puissions les régénérer, mais nous pouvons maintenant voir les étapes nécessaires pour y parvenir », a-t-elle ajouté.

Il se peut que nous vivions enfin le « siècle des obturations vivantes » et de la « dentisterie régénérative humaine en général », conclut-elle.