Réforme des retraites : les propositions des caisses de libéraux de santé

Les représentants de la CARCDSF (chirurgiens-dentistes et sages femmes), de la CARMF (médecins) et de la CAVP (pharmaciens) ont présenté le 10 mars leur propositions en vue d'une éventuelle réforme des retraites.

Par Raphaëlle de Tappie, publié le 16 mars 2022

Réforme des retraites : les propositions des caisses de libéraux de santé

Partager « l’expérience réussie de leur modèle de gestion autonome depuis près de 70 ans » dans l’optique d’une probable réforme des retraites à venir. En 2019, le gouvernement a proposé un projet de réforme des retraites visant à créer un système « universel, plus simple, plus juste pour tous ». Mais celui-ci n’a pas plu aux Français et, en juillet 2021, Emmanuel Macron avait lui-même déclaré que la réforme était « trop ambitieuse, trop complexe ». Aujourd’hui, alors que le chef de l’Etat vient de remettre le sujet sur la table, les représentants de trois caisses de retraite de professionnels de santé libéraux, la CARCDSF (chirurgiens-dentistes et sages-femmes), la CARMF (médecins) et la CAVP (pharmaciens) se veulent « force de propositions ».

Refroidis par le projet de réforme des retraites « où on ne les avait pas écoutés » et contre lequel ils s’étaient opposés, les élus des professionnels libéraux de santé ont préféré prendre les devants. En 2018, « on avait pas du tout été entendus », insiste le Dr Éric Quièvre, président de la CARCDSF, auprès de Solutions Cabinet dentaire. « On avait été mis devant le fait accompli… » C’est pourquoi, cette fois-ci, les trois caisses de retraite ont décidé « prendre les devants » et organisé une conférence de presse conjointe le 10 mars.

« Nous voulions exposer à la presse les principaux axes de ce que l’on sait faire. L’idée, c’est de défendre notre autonomie, de ne pas être mangé dans un grand tout, un gros projet jacobin pas forcément porteur de beaucoup de vertus, et de bien expliquer que nous ne sommes pas des régimes spéciaux mais des régimes autonomes qui ont vocation à perdurer. Car nous ne sommes pas déficitaires, ce qui est important en ce moment par rapport à pas mal de régimes de retraites. Aussi, nous pouvons servir de modèle », se félicite le chirurgien-dentiste.

Un modèle redistributif

Ses homologues et lui ont donc présenté des mesures basées sur leur « modèle de gestion autonome fondé sur la technique de la répartition provisionnée » qui a fait ses preuves « depuis plus de 70 ans », comme le décrit le communiqué de presse. Leurs trois propositions sont les suivantes : garantir à tous une retraite de base “solidaire”, compléter cette retraite par des régimes professionnels adaptés à la diversité des modes d’exercice et laisser l’option ouverte de pouvoir partir à la retraite à partir de 62 ans.

La CARCDSF, la CARMF et la CAVP proposent donc de “garantir à tous les Français une retraite de base équitable et solidaire”. Les libéraux ont tous en commun un régime de base. Ce dernier est géré en points depuis 2004 par la CnavPL. Il fonctionne sur un modèle redistributif : plus les revenus sont élevés, plus le rendement de la cotisation baisse. Les trois caisses suggèrent désormais que ce régime soit étendu à l’ensemble de la population grâce à une couverture identique pour tous où tous les assurés cotiseraient jusqu’à un plafond de la Sécurité sociale.

La deuxième proposition suggère que ce premier étage soit complété par des régimes professionnels adaptés à chaque mode d’exercice. La gestion serait confiée aux partenaires sociaux, sous contrôle de l’Etat. C’est déjà ce qui se passe avec les caisses de retraites autonomes des professionnels libéraux. Ces régimes « équilibrés » n’ont « rien coûté à la collectivité » selon leur représentants qui mettent en avant le caractère innovant du pilotage de ces régimes.

Inciter plutôt qu’obliger

« C’est grâce à leur ancrage professionnel que les libéraux élus par leurs pairs pour gérer leur retraite peuvent prendre des décisions difficiles et conduire une politique responsable pour garantir l’équilibre et la pérennité des régimes », peut-on lire dans le communiqué de presse. Ainsi, les régimes constituent des réserves quand la démographie est favorable et les mobilisent quand les cotisations sont insuffisantes. « Cette gestion prévoyante a permis d’assurer la solvabilité des régimes complémentaires au plus fort de la crise sanitaire sans solliciter de soutiens publics et en apportant une aide financière directe aux affiliés. »

Pour finir, la CARCDSF, la CARMF et la CAVP donnent leur opinion sur l’âge de départ à la retraite. Les représentants des trois caisses militent pour « donner aux Français la liberté de choisir » tout en garantissant l’équilibre du système. Ils proposent de maintenir un âge minimum de départ à la retraite à 62 ans, peu importe la durée de cotisation, en bonifiant les pensions grâce à des coefficients de majoration pour ceux qui voudraient continuer à travailler : “inciter” plutôt “qu’obliger”. Et ce système fonctionne, assurent-ils dans leur communiqué de presse : « Dans les régimes complémentaires des libéraux, seules les cotisations sont prises en compte et il n’existe pas de critère de durée d’assurance. La retraite d’un médecin libéral peut par exemple être demandée à partir de 62 ans et bénéficier d’une majoration de 5 % par an jusqu’à 65 ans, puis de 3 % par an jusqu’à 70 ans. » Pour rappel, les candidats à l’élection présidentielle fixent la barre entre 60 et 65 ans.