HPV : les chirurgiens-dentistes oubliés de la vaccination, Les CDF s'insurgent
Dans un communiqué du 10 mars, Les CDF s'indignent que le gouvernement ait oublié d'inclure les chirurgiens-dentistes dans la campagne de vaccination gratuite et généralisée pour protéger les collégiens du HPV.
Chaque année en France, 6 300 nouveaux cas de cancers sont causés par les papillomavirus, selon la Ligue contre le cancer. Pour être efficace, la vaccination est recommandée entre 11 et 14 ans. Mais à l’heure actuelle, seulement 37 % des filles et 9 % des garçons sont protégés. C’est pourquoi, fin février, le président Emmanuel Macron a annoncé une campagne de vaccination contre le papillomavirus humain (HPV) gratuite et généralisée dans les collèges pour les élèves de 5e. L’Union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD) s’est « félicitée » de cette annonce. Mais Les Chirurgiens-dentistes de France (Les CDF) sont loin d’être ravis. En cause : « Premier raté le 1er mars, le ministère de la Santé et de la Prévention oublie un acteur incontournable dans cette campagne de santé publique : le chirurgien-dentiste ! », dénonce le syndicat représentatif dans un communiqué paru sur son site le 10 mars.
Si 100 % des cancers du col de l’utérus sont liés à une infection liée aux HPV, ces virus sont également à l’origine de cancers de la cavité buccale et de l’oropharynx, surtout ceux de la base de la langue et des amygdales. « De nombreuses études montrent que l’incidence de ces cancers est en forte évolution avec une corrélation au HPV qui ne fait plus débat. Il s’agit notamment du carcinome épidermoïde de l’oropharynx, de l’amygdale et de la base de la langue dont un tiers serait imputable à cette infection », expliquent Les CDF.
« Très concernés par ces cancers, les chirurgiens-dentistes sont parmi les mieux placés pour porter un discours de prévention sur le sujet. Par ailleurs, de 3 ans à 24 ans, tous les jeunes Français sont invités à consulter un chirurgien-dentiste pour un examen bucco-dentaire (EBD) de prévention intégralement pris en charge », poursuivent-ils. C’est pourquoi, oublier les praticiens et leur capacité à vacciner contre le HPV, revient, pour le syndicat à « nier l’importance de ce rendez-vous », se privant au passage d’un « acteur essentiel pour la réussite de cette vaccination volontaire ».
Intégrer les chirurgiens-dentistes parmi les prescripteurs du vaccin
En conclusion, Les CDF demandent au gouvernement de changer de cap pour « inclure les chirurgiens-dentistes dans la promotion de cette campagne de vaccination et de les intégrer parmi les prescripteurs du vaccin ».
Le papillomavirus se transmet lors de rapports sexuels oraux. Et, bien que le tabac et l’alcool restent des facteurs de risque essentiels dans les cancers buccaux, les cancers dus aux HPV, surtout au papillomavirus de type 16, ne cessent d’augmenter. Aujourd’hui, les cancers ORL sont la quatrième cause de cancers en France : environ 14 000 nouveaux cas par an.
« Le dépistage précoce de ces cancers buccaux reste essentiel, car ils se soignent bien, s’ils sont pris précocement. Le chirurgien-dentiste, médecin de la bouche et acteur de santé publique, est en première ligne pour réaliser lors de ses consultations un dépistage systématique des cancers de la cavité buccale et doit assurer leur prévention en sensibilisant les patients aux principaux facteurs de risque que sont le tabac, l’alcool et le HPV », rappelait l’UFSB il y a quelques semaines.