Une nouvelle méthode fiable et rapide pour détecter les bactéries vivantes

L’un des enjeux majeurs en matière de contrôle qualité microbiologique et de santé publique est de dénombrer et d’identifier rapidement et simultanément les bactéries vivantes présentes dans un milieu. Une méthode innovante et fiable vient d’être mise au point.

Par la rédaction, publié le 11 avril 2012

Une nouvelle méthode fiable et rapide pour détecter les bactéries vivantes

Les travaux d’une équipe du laboratoire de chimie bactérienne de l’Institut de microbiologie de la Méditerranée et du Laboratoire de glycochimie moléculaire et macromoléculaire de l’Institut de chimie moléculaire et des matériaux d’Orsay viennent d’être publiés dans Angewandte Chemie le 9 février 2012. La méthode a par ailleurs fait l’objet d’un dépôt de brevet.

La méthode mise au point permet de détecter les bactéries vivantes de type Gram négatif, auquel appartiennent des pathogènes tels que Escherichia coli, Salmonella typhimurium et Legionella pneumophila. Pour ce faire, les bactéries sont mises en contact avec du KDO, un sucre dont les bactéries se servent pour synthétiser un polysaccharide spécifique de leur membrane cellulaire. Mais ce sucre a été au préalable modifié par l’introduction d’une fonction azoture (constituée de trois atomes d’azote).

Leurrées, les bactéries intègrent le sucre artificiel à leur membrane. Ensuite, grâce à une molécule fluorescente s’attachant exclusivement au groupe azoture, il devient alors possible de reconnaître et compter les bactéries Gram négatif vivantes, les seules à avoir assimilé le KDO modifié. L’importance de ces résultats vient du fait qu’il n’existe pas de méthode rapide permettant simultanément de détecter et dénombrer des bactéries vivantes d’intérêt.

D’autre part, les méthodes actuelles de dénombrement des bactéries vivantes ne donnent pas entière satisfaction : celles qui nécessitent une mise en culture des bactéries sont lentes (jusqu’à plusieurs semaines pour établir un dénombrement), tandis que les méthodes rapides peuvent donner de faux négatifs ou positifs.

Cette nouvelle technique allie justement fiabilité et rapidité dans la détection des bactéries vivantes. Elle pourrait de ce fait rapidement devenir un outil indispensable en matière de contrôle qualité microbiologique et de santé publique.

Les expériences menées par les chercheurs sur les bactéries de type Gram négatif valident le concept de la méthode. Pour la suite, l’utilisation d’un sucre spécifique de chaque bactérie d’intérêt devrait permettre la détection d’un très large éventail de bactéries pathogènes vivantes.

© LCB (CNRS/Aix-Marseille Université) et ICMMO (CNRS/Université Paris-Sud). Une bactérie Escherichia coli marquée par incorporation d’un KDO modifié et couplage avec une molécule fluorescente.