Pour l'Académie de médecine, la vaccination anti-Covid devrait être "obligatoire"
Dans un communiqué paru le 9 mars, l'Académie de médecine appelle à rendre la vaccination contre la Covid-19 "obligatoire".
Alors que le 7 mars dernier, les sept Ordres des professions de santé appelaient tous les soignants à se faire vacciner contre la Covid-19 car cela relèverait de leur « devoir déontologique », l’Académie nationale de médecine va aujourd’hui beaucoup plus loin. « L’hésitation vaccinale est éthiquement inacceptable chez les soignants », tranche-t-elle dans un communiqué paru le 9 mars.
« Face à un risque majeur menaçant la collectivité et contre lequel on dispose de vaccins efficaces, le principe d’une obligation vaccinale doit être envisagé, en particulier pour certaines catégories professionnelles et même si la disponibilité des vaccins est encore actuellement limitée », écrit l’Académie de médecine. Par conséquent, elle recommande de rendre la vaccination anti-Covid obligatoire dans le secteur public ou libéral, dans les établissements de santé, dans les EHPAD, et pour les auxiliaires de vie pour personnes âgées.
Les soignants « sont à l’origine de 34 % des cas groupés d’infections nosocomiales à SARS-CoV-2 », rappelle l’Académie, s’appuyant pour ces dires sur les chiffres de Santé Publique France. Pourtant, bien qu’ils puissent tous se faire vacciner dès à présent « afin de protéger leur santé et celle des patients dont ils ont la charge », les taux de couverture vaccinale « restent notoirement insuffisants, comparables à ceux relevés contre la grippe ».
La vaccination anti-Covid “ne serait être considérée comme facultative”
« Dans la situation épidémiologique actuelle qui reflète un équilibre instable entre les mesures de restriction, la progression des variants du SARS-CoV-2 et l’extension progressive de la couverture vaccinale, la vaccination de masse représente le principal levier d’action contre la Covid-19. La vaccination systématique des professionnels de la santé, devenue prioritaire, ne saurait être considérée comme facultative », insiste donc l’Académie.
Le 7 mars, les Ordres de professionnels de santé s’étaient alliés pour appeler les soignants à se faire vacciner dans une tribune parue dans le Journal du Dimanche. « Seuls 40 % des personnels des Ehpad et 30 % des soignants en établissements hospitaliers et de ville ont reçu au moins une dose du vaccin à ce jour. C’est beaucoup trop peu », interpelaient-ils.
Les soignants sont « les plus exposés au virus, tout en étant au contact des populations les plus fragiles, rappelaient les organisations signataires. Ils doivent se faire vacciner parce que cela relève de leur devoir déontologique, protéger leurs patients en toutes circonstances, et parce qu’il est impératif qu’ils puissent eux-mêmes se protéger contre le virus, ainsi que leurs proches, et freiner la propagation de l’épidémie ». À un aucun moment, cette tribune n’incitait toutefois à rendre la vaccination anti-Covid obligatoire.
Dans le même temps, plusieurs membres du gouvernement se sont exprimés pour inciter les soignants à se faire vacciner. Dans une lettre publiée vendredi 5 mars, le ministre de la Santé Olivier Véran a notamment appelé les professionnels de Santé à se faire vacciner « rapidement » au nom de la « sécurité collective ».
« Il faut tout faire pour convaincre les jeunes soignants qui ne se sentent pas forcément en danger eux-mêmes, qu’ils se protègent et qu’ils protègent probablement leurs patients en se faisant vacciner », a quant à lui déclaré au JDD l’immunologue Alain Fischer, en charge de la « stratégie vaccinale » du gouvernement.
Dans certains pays, des doutes subsistent autour d’AstraZeneca
Pour rappel, depuis mi-février, tous les professionnels de santé, quelque soit leur âge ou leur état de santé, peuvent se faire vacciner contre le SARS-CoV–2 sous présentation d’un justificatif. Les moins de 65 ans recevront le vaccin AstraZeneca (sauf s’ils ont déjà reçu une première injection avec un autre vaccin) et les plus de 65 ans, Pfizer ou Moderna.
Des doutes demeurent toutefois sur AstraZeneca. Jeudi 11 mars, le Danemark, la Norvège et l’Islande, inquiets de la formation de caillots sanguins chez certains à qui ce vaccin a été administré, ont décidé de suspendre son utilisation. L’Agence européenne des médicaments (EMA) a alors tenu à rappeler que 22 thromboses seulement avaient été observées dans l’ensemble de sa zone de surveillance (Union européenne, Norvège et Islande) alors que plus de 3 millions de personnes avaient reçu ce vaccin.
Lors d’une conférence de presse jeudi 11 mars, Olivier Véran a déclaré qu’il n’y avait « pas lieu de suspendre » les injections d’AstraZeneca. “Le bénéfice apporté par la vaccination est jugé supérieur au risque à ce stade”, a tranché le ministre de la Santé.