Assistantes dentaires : une étude comparative promeut des délégations d'actes

Le 21 janvier, l'Observatoire des métiers des professions libérales (OMPL) a publié une étude comparative au niveau européen sur l'organisation des cabinets dentaires.

Par Raphaëlle de Tappie, publié le 25 janvier 2022

Assistantes dentaires : une étude comparative promeut des délégations d’actes

« La délégation et la substitution d’actes dentaires constituent une réponse aux nouveaux enjeux d’activité. » Tel est le principal message de la dernière étude de l’Observatoire des métiers des professions libérales (OMPL), publiée le 21 janvier. Après avoir analysé le métier d’assistante dentaire en Belgique, au Royaume-Uni, au Danemark, en Allemagne, en Italie ou encore en Roumanie, elle recommande aux Français d’introduire une délégation de certains actes comme la radiographie et de structurer les parcours professionnels.

« Alors que l’environnement d’activité des cabinets dentaires est en mutation, les partenaires sociaux de la branche des cabinets dentaires ont sollicité l’OMPL afin de conduire une étude comparative au niveau européen sur l’organisation des cabinets libéraux et notamment la composition des équipes, leurs périmètres d’intervention et les parcours de formation », explique le rapport. Ainsi, ce travail doit aider la Commission paritaire nationale de l’emploi et de la formation professionnelle (CPNEF-FP), constituée de représentants des syndicats de salariés et de patrons des cabinets dentaires, à alimenter « leur réflexion dans la construction de leur stratégie emploi-formation » et leur permettre de proposer aux pouvoirs publics des pistes d’évolution du métier face aux enjeux actuels. Parmi ces derniers, la concurrence montante des centres dentaires, les regroupements de cabinets ou la mobilité des salariés en Europe.  

Une délégation d’actes dans cinq des six pays étudiés

Dans le détail, l’étude analyse quatre organisations type de cabinets dentaires. En Allemagne et au Royaume-Uni, les équipes sont composées de 10 à 15 personnes et les assistantes dentaires sont spécialisées en deux filières, soins et administration. Ces professionnels ont recours à des délégations d’actes grâce à des formations certifiantes.

Au Danemark, les cabinets étudiés présentent des équipes de 8 à 10 professionnels diversifiés. Les assistantes dentaires sont polyvalentes et peuvent réaliser des actes délégués dès l’issue de la formation initiale. En Belgique et en Italie, comme en France, les cabinets comptent généralement 4 à 6 professionnels. Si ces derniers sont polyvalents, le management est géré par le chirurgien-dentiste mais la délégation et la substitution d’actes se fait peu en raison de la création récente de la profession d’hygiéniste dentaire. En Roumanie enfin, les équipes sont de taille modérée (6 à 8 personnes) et polyvalentes mais sans délégation ni substitution. Dans ce pays, la profession d’assistante dentaire est encore en train de se structurer.

La délégation d’actes a donc lieu dans cinq des six pays étudiés et la substitution dans quatre. « La délégation et la substitution ont prouvé leur efficacité : à la fois levier économique pour les cabinets, levier de santé dentaire pour les patients et les systèmes de santé, et levier d’évolution pour les personnels », insiste l’étude.

Le métier d’assistante dentaire en lui-même semble quant à lui assez homogène en Europe.  « L’organisation de base des cabinets européens s’articule autour de chirurgiens-dentistes généralistes, d’assistantes dentaires et de fonctions support (secrétariat, accueil). Le binôme chirurgien-dentiste/assistante dentaire occupe toujours une position centrale, réaffirmant ainsi le caractère structurant du travail à quatre mains », est-il ainsi précisé. 

Quant au métier d’hygiéniste dentaire, il semble se diffuser progressivement sur le continent. « Émergent en Belgique et en Italie, il est plus solidement installé au Royaume-Uni, au Danemark et en Allemagne », indique l’étude.

Un dossier déjà bien avancé

En conclusion, l’OMPL suggère deux axes de travail qu’elle détaille ensuite. Le premier consiste à « accompagner la mue des cabinets dentaires vers une organisation plus rationalisée : élargie, verticale et spécialisée ». Le second se concentre sur « l’amélioration de l’attractivité du métier d’assistante dentaire et des opportunités d’évolution professionnelle associées ». Car, « en effet, le métier d’assistante dentaire souffre d’une image dégradée en France et en Europe », déplore le rapport. Et de terminer sur ce point : « Certains pays ont réussi à inverser la tendance en concevant des parcours d’évolution et de spécialisation pour ces professionnelles. Il apparaît pertinent pour la branche professionnelle de réfléchir à l’introduction de tels parcours en France. Ces parcours peuvent en outre permettre de mieux répondre aux enjeux de santé dentaire via un élargissement du périmètre d’intervention des professionnelles. »

Ces deniers mois, la CPNEF-FP avait déjà bien avancé sur le dossier de « l’assistant(e) dentaire de niveau 2 ». Il y a quelques semaines, un consensus a été annoncé autour du nom du nouveau statut : AMBD pour Assistants en médecine bucco-dentaire. Si ce nom n’est pas encore définitif, il a permis de définir plus clairement la liste des compétences qui seront nécessaires pour accéder au titre.