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Erreurs, échec… et après ?

Ceux qui cherchent la performance voire la perfection redoutent l’erreur et l’échec plus que tout au monde. L’erreur dans nos cabinets, c’est ce qu’il « faut » éviter comme dans un parcours d’obstacles, car nous pensons qu’elle mène à l’échec.

Par la rédaction, publié le 06 octobre 2015

Erreurs, échec… et après ?

Si l’idée de se tromper pétrifie, la perspective de le montrer aux autres peut-être encore davantage. Et pourtant. L’erreur est une opportunité d’apprentissage, un feedback indispensable, une chance pour corriger son geste, et bien plus que cela encore. Piste de réflexion pour se réconcilier avec l’erreur et éviter ou dépasser l’échec.

Deux précisions pour une lecture sereine du papier suivant : l’échec n’est pas l’erreur, si l’échec dénote une faillite de la volonté, c’est parce qu’il tient tout entier à la volonté : pas d’échec sans volonté de réussite. À la différence de l’erreur, l’échec est d’abord un sentiment, celui d’une déception de mes attentes par la (parfois très dure !) réalité. Il sanctionne un décalage entre ce que je veux et ce qui se trouve être, résultat de mon action.

C’est pourquoi il invite à une réévaluation de mes objectifs. Mais pas d’échec sans accumulation d’erreurs, qui elles sont indispensables à tout apprentissage. Deuxième précision utile : nous parlerons de l’erreur en tant que manager, non pas de l’erreur médicale, qui, si elle existe, n’est pas l’objet du présent article !…

Échouer et apprendre de ses erreurs

Que nous le redoutions (ou pas !) nous avons presque tous connu l’échec, du moins pour les plus ambitieux d’entre nous. Ceux qui ne l’ont pas connu sont ceux qui se sont toujours donné des objectifs toujours au-dessous de leurs possibilités ! Sans les rechercher, erreurs et échecs font partie du paysage de tout manager. Mieux vaut donc s’y préparer : nous allons échouer à un moment ou à un autre. C’est à peu près inévitable.

S’enfermer dans une forme de déni ou de refus catégorique de même envisager l’idée d’un échec n’est pas une attitude aidante, ni très constructive. La peur de l’échec, tout chirurgien-dentiste chef d’entreprise l’a ressentie à un moment ou un autre. Réjouissons-nous, les experts en management affirment que l’échec peut mener à de grandes réalisations… des « fail conférences » éclosent un peu partout en France.

L’échec, quand il instruit son auteur, quand il est exploité et dépassé, peut se révéler extraordinairement utile. Il est même au cœur du progrès scientifique. En effet, suivant la formule d’Einstein, « une infinité de succès ne suffiront jamais à me prouver que j’ai raison, tandis qu’un seul échec expérimental suffit à me prouver que j’ai tort ».

Une erreur rectifiée vaut mieux que l’absence d’erreurs, car l’on ne progresse qu’en se corrigeant. L’échec reste un élément clé dans les plus grandes réussites du monde des affaires et les entrepreneurs américains qui n’ont pas échoué au moins une fois ne sont pas pris au sérieux par leurs partenaires. On considère certes qu’ils ont dû faire des erreurs, mais on parle d’expérience et non d’échec…

Échouer – et apprendre de ses erreurs – est une étape importante sur le chemin du succès. Chez nos voisins canadiens, il existe même un « Prix résilience entrepreneuriale BDC » qui récompense une entreprise canadienne ayant connu un redressement ou un retournement de situation dans les dernières années et qui en est ressortie plus forte. Essayer, échouer et essayer encore vaut mieux que de ne pas essayer du tout ! La finalité étant, bien naturellement, d’atteindre la réussite.

L’erreur : une opportunité d’apprentissage

Il est commun d’entendre que l’« on apprend plus de ses erreurs que de ses succès ». Évidemment, s’il l’on s’en tient à la logique stricte, quand nous réussissons quelque chose, c’est que nous avons atteint notre objectif et que donc nous n’avons plus rien à apprendre.

Pour apprendre (résoudre un problème) je dois pouvoir me tromper (car si je sais déjà, je n’apprends pas). Mais si je fais une erreur, me retrouve dans une situation que je cherche à éviter… et ce depuis la petite enfance ! Car si apprendre, c’est rectifier ses erreurs (et donc pouvoir en faire), répondre aux attentes (des parents, des professeurs…) c’est ne pas faire d’erreur.

Une situation à la fois paradoxale et anxiogène inscrite profondément en chacun de nous. L’apprentissage procède pourtant par enchaînement d’essais et d’erreurs, et en tant que négatif des connaissances manquantes ces dernières sont donc indispensables et formatrices pour obtenir le succès. Pourtant comme nous l’avons vu dans le milieu scolaire, universitaire, et plus tard dans l’entreprise, la performance et la compétition l’emportent systématiquement sur toute autre considération. Il n’est pas rare de confondre les résultats avec l’intelligence… et donc de fuir l’erreur comme la peste.

Se donner la liberté de se tromper

En tant que manager, le droit (le devoir !) à l’erreur s’inscrit dans une démarche d’essais et tâtonnements pour trouver la meilleure voie et tester l’étendue de ses possibilités et capacités. Le droit à l’erreur fait un bien fou pour ceux qui se l’autorisent. Se l’interdire, c’est définitivement limiter sa créativité… Ne pas s’autoriser l’erreur c’est s’infliger l’injonction d’avoir « tout bon » du premier coup. Pour l’athlète qui saute en hauteur, c’est toujours placer la barre trop bas !

Nous agissons bien souvent comme si commettre une erreur dégradait notre valeur personnelle (encore une fois, confondre le résultat avec l’intelligence, comme lorsque nous étions étudiants), c’est faire l’amalgame entre le comportement et l’identité (« si je me trompe, c’est que je suis nul »). L’erreur n’est pas agréable, elle est même parfois compliquée et douloureuse, alors qu’elle est nécessaire et instructive.

S’accorder la liberté de se tromper apporte moins de pression et de stress au quotidien, la possibilité d’essayer… et donc d’apprendre. Se tromper oblige à remettre en cause ce que l’on a fait, ou ce que l’on sait, l’erreur oblige donc à réfléchir, à chercher autrement. Or si l’on s’interdit toute erreur (ou si l’on est dans la « cécité d’erreur »), seuls restent le stress et la culpabilité, au lieu d’un apprentissage.

L’échec n’est utile que s’il représente une étape vers la réussite

Même si l’on accepte l’échec comme un possible qui ne remet pas en cause ce que nous sommes, lorsque les choses ont mal tourné, l’important est d’avoir la bonne réaction et de trouver rapidement l’attitude résiliente qui va sauver. Accepter l’échec et ses conséquences, accepter sa responsabilité dans l’échec, accepter la nouvelle réalité qui doit faire place aux rêves qu’avait nourri le combat… c’est ce qu’on appelle faire le deuil. Ce deuil passe par une étape de déni (refuser d’admettre que l’on s’est trompé ou que l’on a échoué), puis par la colère, ensuite par la tristesse.

Se remettre en situation de pouvoir gagner, voilà le plan réaliste de celui ou celle qui sait tirer profit de cette expérience et dépasser son erreur. Une fois ce travail d’analyse et de préparation effectué, il faudra repartir au combat. Reposé, plus fort des leçons intégrées, plus expérimenté, plus aguerri… et débuter par une barre très basse, facile à passer, puis la relever progressivement, au fur et à mesure que l’assurance revient et un beau matin, on a l’impression que tout est possible, la force est revenue, plus dense, plus consistante, plus vraie… on est sorti de la spirale de l’échec, prêt à enclencher celle de la réussite !