Bien choisir l’éclairage de son cabinet dentaire

 

Négliger l’éclairage de son cabinet et de sa salle de soins peut avoir des conséquences fâcheuses tant au niveau des résultats cliniques, que pour votre santé. Il existe pourtant quelques règles à respecter. Indépendentaire vous aide à y voir plus clair.

Par la rédaction, publié le 11 septembre 2017

Bien choisir l’éclairage de son cabinet dentaire

On ne le rappellera jamais assez, sécurité, confort et efficacité constituent les trois piliers d’une bonne ergonome de travail. Le praticien est soumis quotidiennement à des conditions particulières, sources de fatigue et de stress : on pense alors à la posture au fauteuil ou encore à l’exposition au bruit. Mais on oublie bien trop souvent de se soucier de l’éclairage au cabinet dentaire.

Pourtant, négliger ce dernier, c’est non seulement risquer certains problèmes techniques et cliniques (mauvaises prises de teinte, éclairage imparfait de la cavité buccale) mais surtout s’exposer à des problèmes de santé comme les céphalées, le stress et une baisse de l’acuité visuelle. Or, comment exercer dans les règles de l’art et obtenir des résultats qualitativement satisfaisants sans une vision parfaite ?

La fatigue visuelle

Le chirurgien-dentiste baigne environ 2000 heures par an dans la lumière artificielle de sa salle de soins. En passant continuellement d’une zone fortement éclairée (la cavité buccale) vers d’autres zones du cabinet (sols, murs, meubles) moins éclairées, les yeux du praticien sont soumis à rude épreuve : l’iris s’ouvre et se ferme à chaque passage. Cet effort permanent d’adaptation aux variations d’intensité lumineuse entraîne invariablement une fatigue oculaire et nerveuse.

On peut distinguer plusieurs types de troubles :
  • des troubles de l’accommodation (presbytie, paralysies de l’accommodation, spasmes),
  • des anomalies de la réfraction (myopie, hypermétropie, astigmatisme, anisométropie),
  • des troubles de la vision binoculaire (diplopie ou vision double, strabisme),

La fatigue provoquée par ces troubles n’affecte pas seulement les yeux mais aussi la stabilité nerveuse et la résistance physique du praticien. De plus, la concentration et l’attention peuvent pâtir d’un mauvais éclairage au cabinet dentaire et conduire le praticien à adopter de mauvaises postures de travail à l’origine de troubles musculo-squelettiques. Une usure nerveuse qui peut aussi conduire au burn-out.  

Éclairage de la zone opératoire

Un éclairage inadéquat de la salle de soins est également synonyme de gestes moins précis et d’erreurs d’appréciation des contrastes. La cavité buccale est une zone réduite et difficile d’accès. Il est essentiel de pouvoir accéder à toute sa largeur et toute sa profondeur. La perception des détails, des couleurs ou des profondeurs de champ peut être altérée par un mauvais éclairage de cette zone.

Or, il est essentiel pour le praticien de pouvoir distinguer très finement les nuances de couleurs — notamment le rouge pour repérer les irritations ou les ulcérations de la gencive, ou le jaune pour identifier la dentine cariée, le tartre ou les fractures. De même, les travaux réalisés en bouche doivent être parfaitement invisibles.

En clair, la teinte des obturations, des prothèses et des céramiques doit s’approcher le plus possible de la teinte des dents du patient. Chose impossible sans lumière adaptée : la lumière artificielle de la salle de soins doit posséder les caractéristiques les plus proches possibles de la lumière du jour.

Les 3 zones de la salle opératoire

La salle de soins peut-être divisée en 3 zones, chacune bénéficiant d’un éclairage spécifique. Un soin tout particulier doit être apporté aux transitions entre ces zones afin de minimiser les efforts d’adaptation des yeux. Ces zones répondent aux objectifs évoqués plus haut : bon éclairage intrabuccal, éviter l’éblouissement, et préserver le rendu des couleurs.

  • La zone 1 constituée par les espaces de circulation et de préparation.
  • La zone 2 correspondant à la zone de travail, le fauteuil et ses tablettes, les éléments de rangements et les meubles à portée de main du praticien et de son assistant(e).
  • La zone 3 correspondant au champ opératoire, à savoir la cavité buccale.
La zone 3

C’est dans la zone 3 que le niveau d’éclairement doit être le plus élevé. L’objectif est de permettre de voir parfaitement l’intérieur de la bouche afin de réaliser un travail précis. L’acuité visuelle du praticien doit donc être proche de 100 %. L’éclairage minimum prodigué par la lampe opératoire doit se situer à 20 000 Lux de façon aussi uniforme que possible sur la surface occupée par la bouche ouverte. Le champ d’éclairement doit être sans pointe d’éclairement afin d’éviter de constants ajustements de lampe opératoire, mauvais pour l’hygiène, la concentration et leur incidence sur l’épaule et le bras du praticien.

De ce niveau d’éclairement découle celui des zones 1 et 2.

La zone 2

L’éclairage collatéral de la zone de travail où s’effectuent les différentes opérations n’ayant pas lieu en bouche et où se trouvent aussi les yeux du patient ne doit pas dépasser, quant à elle, 1 200 Lux.

Un plafonnier situé au-dessus du plan du fauteuil constitue un bon choix. La réflexion de la lumière sur le plafond et les murs assurera une pièce sans contrastes.

La zone 1

La zone de circulation doit posséder un éclairage moyen de 500 Lux (Norme 12464-1)

Plusieurs appareils pour un éclairage harmonisé

Pour un éclairage optimal au cabinet dentaire et spécialement en salle opératoire, un seul type d’appareil ne suffit pas. Il convient d’associer une lampe opératoire et un luminaire d’éclairage général capables de se compléter. Ces éclairages doivent pouvoir varier en intensité : ainsi, s’il y a besoin d’augmenter la puissance de la lampe opératoire, il faudra augmenter avec elle celle de l’éclairage environnant, afin de soigner les transitions et minimiser les contrastes.

Ce qu’il faut savoir sur la prise de teinte

Identifier la bonne teinte n’est pas toujours évident, même pour les plus chevronnés. De nombreux facteurs peuvent venir troubler le choix de la bonne couleur, c’est-à-dire celle qui est similaire à la dent de référence. Bien entendu, parmi ces facteurs on compte bien sûr la qualité de l’éclairage de la salle opératoire mais aussi l’éclairage du laboratoire qui peut être différent de celui du cabinet. Aussi, afin d’assurer la meilleure prise de teinte, il convient de prendre la teinte en début de séance.

Le choix de la teinte doit être réalisé avant l’anesthésie pour ne pas modifier la couleur des tissus parodontaux. La sélection de la teinte doit être rapide, toujours se fier au premier choix, car au bout de 5 à 7 min, les yeux fatiguent. De plus, tout l’environnement doit être aussi neutre que possible. Demandez aux patientes de retirer leur rouge à lèvres et couvrez les vêtements de couleur vive avec un tissu de couleur grise.

Faites rapidement un choix et fiez-vous toujours à votre première décision, car les yeux fatiguent à la longue et les appréciations perdent de leur fiabilité. Le mieux est de comparer dent et teintier par tranche de 10 secondes.

Un éclairage à votre image

Dans notre dernier numéro d’Indépendentaire (juin 2017), nous consacrions un article à l’aménagement du cabinet dentaire. D’un point de vue purement architectural, la lumière a son rôle à jouer comme nous le rappelait notre experte Alexandra Keepfer.

  • Zone d’accueil. C’est l’image du cabinet ! Il convient ici de trouver le bon équilibre entre l’esthétique et le respect d’un niveau d’éclairement conforme pour la zone de travail. (500 lux au-dessus d’un plan de travail).
  • Zone d’attente. La lumière permet de préparer le patient à l’immersion à l’aide d’éclairages indirects capables de créer une atmosphère plus chaleureuse. Les patients arrivent souvent inquiets, d’autant plus qu’ils se trouvent dans un environnement étranger. Surprendre par un éclairage graphique et texturé contribue également à créer une image positive du cabinet qui va rassurer les personnes qui entrent.
  • Zones de circulation. Il s’agit là de guider les patients en créant une forme de signalétique basée sur la lumière. On peut, pour ce faire, dessiner des perspectives.
Espaces Soins.
  • Côté praticien : il est primordial de soigner le confort visuel et d’accompagner les soins avec des solutions adaptées et techniques.
  • Côté patient : Il s’agit, dans ce cas, de rassurer en gérant les intensités, l’anti-éblouissement. Il est également possible de créer des scénarios de lumière afin de s’adapter à chaque patient (exemple de la luminothérapie).

Trois objectifs à remplir

Assurer un éclairage intrabuccal optimal, éviter les éblouissements du praticien et du patient et obtenir le meilleur rendu possible des couleurs, tels sont en résumé les trois principaux objectifs de l’éclairage du cabinet dentaire et de la salle de soins. Remplir ces trois objectifs, c’est assurer la qualité des soins, améliorer les conditions de travail du praticien et, par conséquent, maximiser ses performances.