Se former à la maintenance parodontale et implantaire

Éviter et prévenir les complications sont les enjeux premiers d'une formation à la maintenance. 

Par Agnès Taupin, publié le 21 mai 2022

Se former à la maintenance parodontale et implantaire

Maladies parodontales en développement, péri-implantites en expansion : ce sont deux réalités du cabinet dentaire aujourd’hui. Pour des raisons de prophylaxie, ou par nécessité curative, la maintenance parodontale et implantaire est une activité en développement. Se former dans le domaine est un atout, tant pour sa patientèle que pour son exercice. Pour le Dr Nicolas Picard, parodontologiste, implantologiste et ambassadeur français d’EuroPerio10, « la maintenance est une thérapeutique à part entière dans la prise en charge des maladies parodontales et implantaires. Toutes les études montrent sans équivoque que la thérapeutique parodontale de soutien augmente de manière significative le pronostic des dents qui ont été traitées dans le cadre d’une maladie parodontale ».

Éviter les risques et les complications

« 80 % de vos patients souffrent d’une pathologie parodontale (…) 20 % des patients implantés souffrent d’une péri-implantite », affirme le préambule d’une formation à la maintenance parodontale et implantaire. Le gain pour le praticien d’une formation sur le sujet est la prévention des risques et des complications. Les formations doivent compléter l’enseignement théorique par des travaux pratiques. Elles ciblent les objectifs thérapeutiques, rappellent l’étiologie et les facteurs de risque et précisent les stratégies efficaces. Elles peuvent aussi transmettre les outils de communication permettant de motiver ses patients au quotidien.

« La maintenance concerne tous les praticiens et tous les patients »

Dr Philippe Bidault, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie et parodontologie.

Dentoscope : Pour un omnipraticien, quels sont les avantages à se former à la maintenance parodontale et implantaire ?

Dr Philippe Bidault : La maintenance est l’acte qui permet d’une part de prévenir le risque carieux, parodontal et implantaire et d’autre part de dépister précocement une lésion dentaire, parodontale péri-implantaire ou muqueuse. Il y a un continuum entre les soins et la maintenance. Et, tous nos soins devraient être pensés, entre autres choses, avec l’objectif de faciliter cette maintenance. Concrètement, ce sont des embrasures bien dégagées, des morphologies prothétiques prophylactiques, des implants avec un bon environnement muqueux, etc. Du point de vue de l’instrumentation, la maintenance concerne toutes les faces de toutes les dents même sans tartre visible. L’objectif est d’éliminer les dépôts durs et mous, c’est-à-dire le biofilm. On doit instrumenter délicatement, même s’il n’y a pas de tartre. On ne devrait plus entendre : « Je n’ai pas eu de détartrage car ce n’était pas nécessaire, il n’y avait pas de tartre ».  Chez un patient bien motivé et suivi, il y a peu de dépôts minéralisés, donc la séance est souvent simple, rapide et sans douleur, car il s’agit essentiellement de désorganiser le biofilm qui est mou et peu adhérent.

La maintenance concerne tous les praticiens et tous les patients quel que soit leur âge et leur situation dentaire, parodontale ou implantaire. Ce n’est pas l’affaire des spécialistes et ce n’est pas un problème de patients « parodontaux ». C’est un acte central qui devrait constituer une partie significative de notre activité. Plus de maintenance, c’est plus de prévention et moins de soins. Un changement complet de paradigme.  Dans un monde idéal, on pourrait rêver faire plus de maintenance en étant correctement rémunéré pour cela et moins de soins curatifs. Ce serait mieux pour tout le monde. Nous aurions une pratique plus préventive et donc plus vertueuse.

Tous les praticiens ont les compétences et les outils pour faire de la maintenance. La barrière n’est pas technique, elle est essentiellement monétaire. Tant que les praticiens ne seront pas rémunérés à juste titre pour cet acte, il ne faut pas espérer que celui-ci tienne la place qu’il devrait dans nos activités. Il y a aussi un problème de temps : c’est un acte chronophage et qui peut vite « emboliser » nos cabinets si on veut bien faire. C’est un vrai dilemme car il faut bien continuer de faire les soins curatifs. Tant que la maintenance sera assimilée à un détartrage et codifiée comme telle, et tant qu’il n’y aura pas d’hygiéniste, il sera difficile de voir la pratique se généraliser.  Se former à la maintenance, c’est simple et rapide car la grande majorité des praticiens la pratique déjà, même s’ils ne l’appellent pas forcément ainsi, et même si leurapproche n’est peut-être pas exhaustive. Je pense qu’il est juste question de remettre les choses dans le bon ordre et de préciser certains points. Mais aucun praticien ne part de zéro.

Quels fondamentaux doit-on retrouver dans une formation sur le sujet ?

Une formation en maintenance devrait aborder les thématiques suivantes : examen clinique ou comment développer son sens clinique, optimiser le sondage et mieux examiner les muqueuses, la motivation du patient pour qu’il soit actif et pour tendre vers un changement de comportement durable et l’enseignement au brossage. Elle doit aussi traiter ces sujets : l’utilisation des ultrasons pour une approche peu invasive et non douloureuse, quels inserts pour quelle situations, l’instrumentation et l’examen péri-implantaire, quelles radios et à quels intervalles. Enfin, elle doit aborder la définition du risque parodontal, carieux, ou implantaire d’un patient.

Quel est le déroulement et le contenu de la maintenance ?

Le déroulement et le contenu de la maintenance sont bien établis et validés par des études à long terme. Le déroulement de la maintenance c’est 45 minutes environ réparties de la façon suivante : refaire le point sur le statut médical, l’examen clinique, et radiographique si nécessaire, la motivation et l’enseignement à l’hygiène orale, l’instrumentation et la programmation du rendez-vous suivant.