Traiter efficacement les béances antérieures

 

La technique des gouttières thermoformées Invisalign permet un traitement efficient et discret des béances antérieures, pathologie fréquente estimée à 15% de la population. 
 

Dr Waddah SABOUNI, publié le 29 juin 2016

Traiter efficacement les béances antérieures

Les béances antérieures peuvent être d’origine squelettique ou dentoalvéolaire. L’étiologie la plus fréquente a une origine fonctionnelle en rapport avec une dysfonction linguale, une ventilation mixte ou une succion digitale. Les béances antérieures correspondent à une pathologie fréquente estimée à environ 15 % de la population. Le traitement non chirurgical consiste généralement à faire égresser les dents antérieures, ou ingresser les dents postérieures, ou encore à associer les deux mouvements. Le traitement par la technique des gouttières thermoformées de marque Invisalign permet un traitement efficace et discret des béances antérieures. 

Le système invisalign

C’est une série des gouttières thermo­formées (aligneurs) amovibles et quasi invisibles, fabriquées sur mesure à par­tir d’un set up virtuel 3D. Les mêmes principes biomécaniques de l’orthodon­tie traditionnelle sont utilisés et four­nissent un système de forces avancées conçues par un système d’algorithme. Le patient change ses aligneurs toutes les 2 semaines environ, des rendez-vous de contrôle sont prévus toutes les 6 à 8 semaines pour s’assurer que le trai­tement évolue conformément à la pla­nification 3D.

Le traitement des béances avec ce système

  • Le diagnostic étiologique des béances antérieures détermine le type de programmation à faire au niveau du Set up numérique [2] :
  • • Dans le cas d’une infra-alvéolie incisive, des taquets d’égression de forme rectangulaire biseautée sont mis en place au niveau des faces vestibulaires des incisives ; (Fig.1a et 1b).
  • • Dans le cas d’une béance incisive due à une supra-alvéolie molaire, une ingression postérieure sera programmée au niveau du set up. Elle est réalisée grâce à la double épaisseur des gouttières produisant une force d’ingression sur les dents postérieures. En cas d’ingression supérieure à 2 mm, l’utilisation d’un ancrage osseux par minivis est nécessaire.
  • • Dans le cas d’une béance sévère avec hyperdivergence squelettique, la chirurgie orthognathique est la solution de choix [3].  

Fig.1a et 1b : Exemple de taquets d’égression vestibulaire.

Cas clinique 1

Clara, 19 ans, est venue nous consulter pour améliorer son sourire. Ses dents se sont redéplacées après un traite­ment d’orthodontie qui s’est terminé il y a 3 ans.

L’examen exo-buccal met en évidence un sourire labial qui découvre très peu ses incisives supérieures, un profil convexe avec une rétroposition du men­ton ; (Fig.2a à 2c).

L’examen intra-buccal montre une dysharmonie dento-maxil­laire avec absence de contact entre les incisives supérieures et inférieures ; (Fig.3). Au niveau fonctionnel, la patiente a une ventilation mixte et une déglutition infantile avec position basse de la langue au repos.

L’analyse céphalométrique de Delaire montre une classe II sque­lettique compensée par la vestibulover­sion des incisives inférieures, normodivergente, abaissement de l’os hyoïde avec une position basse de la langue ; (Fig.4). Les germes des dents de sagesse sont présents sur la radiographie pano­ramique ; (Fig.5).

La stratégie thérapeutique de traitement

Si on prend en considération le sou­rire labial de la patiente et la dimension  verticale plutôt équilibrée, l’égression des incisives supérieures est le traite­ment de choix ; (Fig.6a à 6c). L’expansion alvéolaire transversale permet d’amélio­rer le sourire, et de corriger la dyshar­monie dento-maxillaire.

Fig.6a à 6c : Fiche de prescription transmise au technicien pour l’élaboration du set up.

Le set up informatique et la simulation virtuelle
Une animation 3D permet de visua­liser l’évolution du traitement étape par étape. La durée du traitement prévue est de 12 mois avec 24 aligneurs ; (Fig.7).

Fig.7 : set up informatique.

Résultat final à 12 mois : la béance et la DDM sont parfaitement corrigées ; (Fig.8a à 8e). Après le traitement, on peut noter un sourire équilibré et harmonieux de la patiente ; (Fig.9a à 9c).

Au niveau fonctionnel
Une rééducation fonctionnelle a été mise en place pour corriger la dysfonc­tion linguale.

Au niveau contention
Des fils collés de canine à canine avec port de gouttières nocturnes sont proposés pour maintenir le résultat.

Cas clinique 2

Valérie, 55 ans, est venue consulter pour des raisons esthétiques (amé­lioration de son sourire). L’examen exo-buccal met en évidence un sourire étroit avec inversion de la ligne du sou­rire : profil droit, lèvre inférieure inver­sée ; (Fig.10a à 10c).

L’examen endo-buc­cal montre une béance antérieure, une dysharmonie dento maxillaire et une ré­cession gingivale au niveau de la 41 ; (Fig.11a à 11e).

Sur la radiographie pano­ramique on peut noter la présence de couronnes sur le secteur 1 et 2, ce qui ne complique pas le traitement par ali­gneurs ; (Fig.12). L’analyse céphalomé­trique de Delaire ; (Fig.13) montre une classe II squelettique, biproalvéolie, une dimension verticale équilibrée, et un abaissement de l’os hyoïde avec une position basse de la langue. Sur la radiographie pano­ramique on peut noter la présence de couronnes sur le secteur 1 et 2, ce qui ne complique pas le traitement par ali­gneurs ; (Fig.12). L’analyse céphalomé­trique de Delaire ; (Fig.13) montre une classe II squelettique, biproalvéolie, une dimension verticale équilibrée, et un abaissement de l’os hyoïde avec une position basse de la langue.

La stratégie thérapeutique

Compte tenu de la présence d’une ré­cession sur la 41 et les couronnes en secteur 1 et 2, seule une égression des dents supérieures a été planifiée. La vestibulo version des incisives infé­rieures a été maintenue pour la version des incisives. On peut noter également que la récession de la 41 n’a pas évolué ; (Fig.15a à 15e).

En fin de trai­tement, l’esthétique a été améliorée par rétablissement de la ligne du sourire et fermeture de la béance ; (Fig.16a et 16b).

Conclusion

Un diagnostic précis et un plan de trai­tement adapté sont indispensables pour la réussite du traitement par aligneurs comme pour tout traitement d’ortho­dontie. Les limites du traitement par aligneurs diminuent en même temps que la technique progresse : la majo­rité des malocclusions peut être prise en charge. Comme pour toute technique, afin d’obtenir un résultat satisfaisant, il est nécessaire d’acquérir une expé­rience et de respecter une courbe d’ap­prentissage. De plus, il est devenu au­jourd’hui indispensable d’utiliser cet outil qui fait partie intégrante de l’ortho­dontie moderne [4].