Pourquoi intégrer la caméra à notre exercice quotidien ?

Motivation, explications, acceptation des devis, valorisation du travail réalisé... La caméra est un outil de communication efficace quand on est formé à son utilisation. Attention, sans précaution, elle peut se révéler décevante. Mode d’emploi.

Par la rédaction, publié le 08 juin 2015

Pourquoi intégrer la caméra à notre exercice quotidien ?

« Une image vaut mille mots » et c’est bien là le problème… s’imaginer que la caméra-intrabuccale évitera mille mots. Penser que des images pallieront nos difficultés relationnelles est une illusion que l’on perd bien vite à l’usage, avant de la ranger définitivement dans un tiroir et de la déclarer sans efficacité. La caméra intra-buccale est un outil de communication certes, mais elle est d’abord un outil, c’est-à-dire qu’elle doit être utilisée par une personne formée à son utilisation.

Motiver le patient

Première approche

Le rôle le plus évident des images es l’aide à la communication entre le patient et le praticien lors du diagnostic. La caméra intra-buccale motive le patient en rendant plus accessible sa pathologie et donc l’intérêt d’accepter le devis qui correspond. Elle diminue la nécessité d’utiliser des termes techniques, car la plupart des patients interprètent facilement l’image à l’écran d’un amalgame débordant, d’une obturation défectueuse, d’une coloration grise révélant une carie, d’une gencive bourgeonnante ou violacée avec infection parodontale. Le praticien n’aura alors qu’à répondre à LA question qui ne tardera pas à venir: « Que faut-il faire contre ça, docteur ? »

Prise de conscience

Sans ces prises de vues, la visibilité du patient est limitée au miroir et donc aux faces vestibulaires des dents antérieures à taille réelle. L’effet grossissant de l’écran offre également un intérêt pédagogique certain. Sans habitude des proportions millimétriques de la cavité buccale, le patient sous-estime parfois les symptômes jugés proportionnellement à leur taille. « Bien sûr, elle a migré cette dent… mais d’un millimètre tout au plus, ce n’est pas grand-chose » ou encore des remarques sur la modestie « de ce petit trou qui a provoqué tant de dégâts ». Avec la caméra, ce « petit trou » prendra une envergure plus significative pour le patient qui ajustera ainsi sa notion de « taille » des problèmes.

Photographies aide-mémoire

La plupart des caméras sont équipées d’un système qui fige les images, celles-ci peuvent être imprimées sur papier ordinaire et remises au patient pour qu’il puisse… en parler à son conjoint ! En effet, la plupart des décisions se prennent en couple ou de façon collective. C’est pourquoi le patient n’est plus l’unique cible de communication : lui donner les moyens d’impliquer chaque personne influente est capital pour la décision finale. Dans la plupart des cas, il lui sera difficile de répéter des explications techniques et de répondre aux questions, mais le patient pourra aisément montrer les images et ainsi les commenter plus facilement, l’aide visuelle assistant la mémoire.

Avantages

Appareil photo

« Lorsque mes confrères me disent utiliser un appareil photo… je leur conseille juste d’essayer une caméra ! De tester sa maniabilité en bouche par rapport au zoom limité d’un appareil photo, de constater la précision et la qualité de l’image grâce à la lumière intégrée… pour des photos obtenues en temps réel et sans manipulation. » explique un omnipraticien convaincu dans le Puy-de-Dôme qui utilise systématiquement une caméra intra-buccale.

Argumenter ses devis

Certaines pathologies évoluent sans que le patient en soit conscient… jusqu’à ce que les premières douleurs soient là. À ce stade, un traitement anticipé est dépassé. Combien de fois avez-vous renoncé à présenter une pathologie (et donc un devis) devant la difficulté d’expliquer une notion que vous ne pouviez pas montrer de manière efficace ? Avec une caméra intra-buccale on pourra ainsi partir d’une observation de la réalité clinique irréfutable.

Côté administratif


Les images des caméras intrabuccales peuvent être imprimées ou envoyées par Internet aux compagnies d’assurance pour simplifier et accélérer le processus d’approbation. Elles permettent aussi de conserver les images dans des dossiers informatiques pour un registre des traitements.

Implication du prothésiste

Il paraît impossible de réussir une restauration esthétique si le prothésiste ne voit pas à quoi ressemble le patient… Il est donc très appréciable de transmettre des vues réelles de la bouche et du sourire du patient au prothésiste. La transmission d’informations au laboratoire est ainsi améliorée et en conséquence la qualité du travail rendu au patient. De plus, cette initiative a également un effet très positif sur la motivation du technicien qui se sent plus impliqué.

Un travail valorisé

Remettre à votre patient les images avant/après met en valeur vos réalisations sans vous glorifier vous-mêmes. En observant sa réaction et en complétant ses propos, vous obtiendrez un bouche-à-oreille très positif pour le cabinet.

Mode d’emploi

Réactions à anticiper :

• Demander la permission de montrer : De nombreuses personnes rapportent avoir été choquées, voire écœurées par la vision de leur bouche à l’écran. D’autres refusent de regarder… par sensibilité ou par peur de percevoir une image dégradante d’eux-mêmes. Ces comportements ne cachent pas toujours un manque de motivation mais simplement une sensibilité qu’il faut apprendre à respecter et à anticiper.

• Problème d’identification : À l’annonce d’une mauvaise nouvelle, certains patients ne veulent y croire. Inconsciemment, ils analysent une image figée comme appartenant à l’iconographie du praticien et non à leur propre corps. Assister à la prise de vue en direct, voir la caméra intra-buccale chercher le bon angle ou sentir la langue bouger à l’écran réduit considérablement cette négation Wet et aide le patient à prendre conscience qu’il s’agit bien de lui.

• Montrer l’image : de l’écran au miroir : « Le docteur m’a montré un gros trou sur l’écran et quand j’ai vérifié le soir avec mon miroir, il était tout petit » voire « heureusement, il avait disparu ! » Pour éviter cet effet prévisible, il est préférable d’expliquer ou de comparer l’image présentée à l’écran avec la réalité du miroir.

Position de l’écran

L’écran doit être accessible au patient pendant la prise de vue sans effort de sa part. Quand il ne peut voir l’écran, il a souvent la sensation désagréable qu’on lui cache quelque chose ! Il aura donc moins de capacité à se concentrer et à collaborer avec le praticien. Si l’accès à l’écran lui est pénible, il risquera d’associer la découverte de sa bouche avec une sensation désagréable et cherchera à réduire la durée de son calvaire. En revanche, lorsque le patient est en mesure de voir le problème diagnostiqué, il est davantage porté à consentir au traitement recommandé. Les stations d’ancrage modernes et compactes sont aisément fixées à n’importe quelle surface horizontale, fixées au mur ou intégrées à l’unit.

Procéder en deux temps:

La position couchée est incontournable pour obtenir des prises de vue satisfaisantes, mais elle l’est moins pour mettre le patient en situation d’écoute et de concentration. Un retour au bureau semble nécessaire pour revoir les images plus calmement, écouter les explications et intégrer des concepts nouveaux. « J’utilise la caméra à chaque occasion pour faciliter la compréhension de mes patients. Sereinement assis au bureau, je prends le temps nécessaire au dialogue afin que les patients se sentent impliqués et motivés. J’ai constaté qu’ils acceptent mieux les difficultés éventuelles et collaboreront ensuite de manière plus assidue », nous confie un chirurgien-dentiste à Perpignan (66) qui a fait le choix depuis un an de combiner miroir et caméra intra-buccale.