Quelle lampe à photopolymériser ?

Quels sont les paramètres de choix pour cet équipement incontournable ? 

Par Agnès Taupin, publié le 04 juillet 2022

Quelle lampe à photopolymériser ?

Plus la lampe à photopolymériser offre d’intensité, plus elle donnera de possibilités pour polymériser les composites à une plus grande profondeur. Si l’équipement offre une large gamme de longueurs d’onde, il permet de s’adapter à chaque type de composite. On peut ainsi l’utiliser avec le plus grand nombre de résines possible. Les lampes haut de gamme peuvent incorporer d’autres fonctions, telles que la détection des caries par la lumière bleue.

Le Dr Cyrille Fonteneau utilise plusieurs lampes à photopolymériser, de différentes puissances. « Les lampes basse puissance ont l’avantage de ne pas chauffer et donc de ne pas stresser les tissus vivants. L’inconvénient est la durée de polymérisation longue et parfois incomplète en profondeur. Pour les lampes haute puissance (supérieures ou égales à 2000 mW/cm2), l’avantage est la polymérisation rapide qui permet un flash pour durcir les excès de collage, facilite leur évacuation et procure une polymérisation en profondeur. L’inconvénient est qu’elles peuvent chauffer et provoquer une inflammation d’une pulpe vivante si l’exposition est longue et trop proche ».

Octroyer un accès facile à toutes les zones de la cavité

La légèreté de la lampe à photopolymériser et son ergonomie sont aussi à prendre en compte. La lampe doit être particulièrement légère et effilée, pour octroyer un accès facile à toutes les zones de la cavité buccale. Elle doit être facile à nettoyer et à stériliser. Sans fil, elle évite l’encombrement. Pour le Dr Cyrille Fonteneau, l’ergonomie est un critère de taille. « Cela permet de fluidifier le travail du praticien et des assistantes. Un design épuré est aussi très important pour la désinfection des surfaces et diminuer le stress des patients ».

Il faut aussi s’intéresser à l’alimentation en énergie de l’équipement, la durée de recharge de la batterie et sa longévité. Il est enfin non négligeable d’acheter un équipement avec une garantie suffisante et offrant un service après-vente efficace pour assurer son entretien et pouvoir acquérir facilement les pièces de rechange.

«  Il est souhaitable que la lampe ait un spectre étendu »

Dr Marc Apap, DCD, DSO, ex-assistant OCE de l’université Paris 5.

Le Dr Marc Apap détaille les principaux critères de choix d’une lampe à polymériser.

Dentoscope : Quel critère faut-il prendre en compte pour choisir une lampe à photopolymériser ?

Dr Marc Apap : Parmi les critères de choix d’une bonne lampe à polymériser figurent les performances. La puissance d’une lampe est déterminée par son débit qui s’exprime en mW/cm2. 1000 mW/cm2 est un minimum, mais les puissances phénoménales n’ont aucun intérêt et peuvent même être dangereuses : polymérisation trop rapide et insuffisamment profonde, contraction de prise brutale du composite, échauffement, risques encore supérieurs de lésions rétiniennes de l’opérateur en l’absence de protections oculaires. Pour polymériser un composite de restauration, une exposition de 20 secondes par couche de 2 mm est nécessaire et suffisante. Pour une restauration indirecte, il faut 1 minute par face, mais si l’épaisseur de la prothèse est supérieure à 2 mm, mieux vaut employer une colle à prise duale.

Quels sont les autres paramètres de choix ?

Un autre critère de choix d’une lampe à photopolymériser concerne le spectre lumineux. Tous les composites dentaires contiennent une forte proportion de Camphoroquinone (CQ), sensible à la lumière bleue autour de 470 nm. Depuis quelques années, les fabricants ajoutent d’autres photo-initiateurs (Lucirin TPO, PPD, Evocerin) qui améliorent les propriétés finales des matériaux et sont mieux adaptés aux produits de teinte claire. Ces photo-initiateurs sont sensibles à des longueurs d’ondes plus faibles. Il est donc souhaitable que la lampe ait un spectre étendu, de 350 à 500 nm.

L’ergonomie est aussi un critère à prendre en compte. Cette notion recouvre un ensemble de paramètres comme le poids, la forme (la prise stylo est plus agréable et confortable, mais semble déconcerter certains utilisateurs), la maniabilité, la courbure du conduit lumineux sur les modèles à fibre, qui doit autoriser l’accès aux secteurs postérieurs en cas de faible ouverture buccale, la position des boutons de commande, la force du déclencheur, la présence ou non d’un fil, le mode de chargement, l’esthétique du modèle…

En ce qui concerne la fiabilité, elle est impossible à apprécier en tant que clinicien. Bien sûr, il faut que la lampe ne tombe pas en panne, mais même les modèles les moins chers sont irréprochables de ce point de vue. La fiabilité concerne le débit lumineux qui ne doit pas décliner en cas de faible charge, une caractéristique qui ne se mesure qu’en laboratoire. Une bonne répartition de la lumière en bout de fibre est également primordiale. Il y a quelques années, une très grande société internationale a dû réviser sa copie après que des recherches universitaires indépendantes ont révélé des failles dans l’homogénéité du faisceau lumineux de ses lampes.

Et le prix… ?

Seules les grandes marques proposent des modèles évalués scientifiquement avec toutes les garanties d’efficacité, sécurité et fiabilité. Il est donc normal que leur production coûte plus cher que celle des fabricants exotiques dont nous ne connaissons rien de leur capacité à respecter les meilleurs standards européens et américains. Car se baser sur le seul fait qu’un composite soit dur sous la sonde ne présage en rien de la tenue en bouche d’une obturation à moyen et long terme.

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