Vers quoi se tourne le dentaire ?

Solutions Cabinet dentaire vous invite dans le futur et identifie cinq domaines de la profession en mutation profonde.

Par Rémy Pascal, publié le 06 novembre 2020

Vers quoi se tourne le dentaire ?

Pour se positionner dans les années à venir, il est utile de savoir quelles sont les transformations en cours dans le métier. Informé de ces changements, il vous appartient de projeter votre exercice dans les décennies futures. Car une chose est certaine, l’Histoire n’attend pas les retardataires.

1- Vers un regroupement des plateaux techniques

La nouvelle nomenclature en a été une illustration : la tendance est au plafonnement des tarifs. Parallèlement les coûts des plateaux techniques et la concurrence augmentent. Pour faire face à cette équation, les praticiens n’hésitent plus à se regrouper pour mutualiser leurs moyens mais aussi leurs compétences. Une tendance qui ne fait que se renforcer et qui pourrait bouleverser la valeur à la revente des petits cabinets de ville dans les années à venir. Nombre de chirurgiens-dentistes en début de carrière (ou épuisés par le poids des charges) appréhendent les regroupements sous l’angle de la réduction des charges : à plusieurs… on divise le coût de la secrétaire, de l’immobilier, du Cerec, etc. Effet parallèle, l’offre de soins du cabinet s’élargit et séduit une nouvelle patientèle. Le Grall pour certains étant de parvenir à réunir sur un même espace des praticiens aux expertises complémentaires. Attention, tout de même de ne pas créer une structure qui serait perçue comme une clinique dentaire impersonnelle qui annihilerait la relation de confiance acquise entre les praticiens et leurs patients.

2- Le numérique devient un levier de croissance

L’équipement numérique d’un cabinet dentaire représente un coût non négligeable mais il crée aussi des opportunités de croissance. Une imagerie 3D améliore l’identité du cabinet ainsi que votre efficacité. Présenter un cliché 3D au patient offre les conditions d’une meilleure communication et facilite par conséquent la prise de décision, avec à la clef un meilleur taux d’acceptation. Une image vaut mille mots… La plupart des laboratoires sont aujourd’hui équipés en CFAO, l’envoi d’empreintes numériques permet d’optimiser les délais, la reproductibilité et la qualité des traitements prothétiques. Et pour ceux qui veulent aller plus loin, une usineuse couplée avec un scanner intra-oral permet la production de prothèses unitaires dans des délais très courts avec une forte rentabilité. Le passage à la prise d’empreinte numérique entraîne une réduction des charges indirectes ou cachées : suppression des coûts liés à la préparation et expédition de l’empreinte, diminution du coût de réalisation et suppression du coût de la matière première. Moins de séances, c’est plus de rentabilité pour le praticien et plus de confort pour le patient. C’est aussi un moyen de se positionner face à la concurrence en se distinguant par la qualité et le confort des soins prodigués.

3- Quelle ampleur pour le salariat en 2040 ?

La Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du Ministère de la santé) a publié une projection de la démographie de la profession d’ici à 2040. Selon son scénario tendanciel, la part des praticiens libéraux ou mixtes diminuerait très légèrement au profit de celle des praticiens salariés : elle passerait ainsi de 89 % en 2016 à 88 % en 2040. La féminisation de la profession serait moins marquée pour les salariés : la part des femmes parmi les salariés resterait stable entre 2016 et 2040 (respectivement 61 % et 62 %), alors qu’elle augmenterait fortement dans le secteur libéral (41 % à 55 %) soulignent les auteurs. « Les chirurgiens-dentistes changent peu de mode d’exercice au cours de leur carrière : seul 1,2 % des praticiens le font entre deux années consécutives » indique la Drees avant de préciser : « Les changements sont plus fréquents en début de carrière. Ils s’effectuent davantage du salariat vers l’exercice libéral que dans l’autre sens : en moyenne, entre 2012 et 2016, 6,6 % des salariés sont devenus libéraux d’une année sur l’autre, alors que seuls 0,6 % des libéraux ont basculé du côté du salariat. »

4- Une nouvelle communication pour dépasser la nomenclature

Il est impératif de se réapproprier la nomenclature pour mieux la maîtriser. Tout comme il est essentiel de réserver du temps pour la présentation des plans de traitement. Connaître tous les actes NPC sur lesquels il est possible de saisir des dépassements est devenu indispensable. La convention fait mention de l’obligation de proposer les traitements correspondant au reste à charge 0. Sans les conseils du praticien, le patient choisira probablement sur le seul critère financier se privant de traitements qui lui apporteraient de réels bénéfices. Le consentement éclairé exige qu’on l’informe de l’ensemble des traitements possibles, y compris ceux qui sont plus onéreux. Mieux éduqué, le patient comprendra les différents critères du choix. Il appartient donc au chirurgien-dentiste ou à une assistante formée de repenser leur communication. De plus en plus, des salles sont dédiées à la présentation des devis. Le patient doit considérer que les frais liés à ses soins dentaires peuvent être envisagés comme des investissements pour le futur.

Il est impératif de se réapproprier la nomenclature pour mieux la maîtriser. Tout comme il est essentiel de réserver du temps pour la présentation des plans de traitement.

5- Une démographie en mouvement

« L’âge moyen des chirurgiens-dentistes va baisser jusqu’en 2032 » analyse la Drees. Il était de 48 ans en 2012, et sera de 44 ans en 2032. La part des 55 ans ou plus devrait baisser de 36 % en 2016 à 19 % en 2040, en particulier chez les hommes. À l’inverse, la part des moins de 35 ans augmentera : elle passerait de 20 % en 2016 à 23 % en 2040. Parallèlement à ce rajeunissement, la féminisation de la profession se poursuivra : 56 % des praticiens seront des femmes en 2040 contre 44 % en 2016. L’âge moyen des femmes et des hommes devrait cependant suivre des évolutions différentes. Celui des hommes baissera entre 2016 et 2032 (il passerait de 50 ans à 45 ans). À l’inverse, l’âge moyen des femmes devrait baisser entre 2016 et 2032, mais de manière plus modérée (il passerait de 44,5 ans à 43 ans), puis augmenterait légèrement jusqu’en 2040 pour atteindre 44 ans.

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