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Coeur de métier - Parlons sté

 

Quand on parle de stérilisation on fait ce que l’on désigne en français une « synecdoque restrictive », c’est-à-dire que l’on parle au final de : prédésinfection, lavage-séchage, conditionnement, stérilisation à proprement parler, traçabilité et stockage… il convient par obligation et pour prévenir les risques (pour soi, son équipe et ses patients) de ne pas faire de faux pas. Rappel des fondamentaux.

Par la rédaction, publié le 18 novembre 2016

Coeur de métier – Parlons sté

Confier la stérilisation à une assistante spécialement dédiée, la responsabilise dans sa mission. Cela témoigne du soin que vous prenez à assurer sa sécurité et celle des patients… et contribue à créer un environnement sain, professionnel et agréable.

Certes il est inutile de le rappeler, et cela ne concerne certainement pas les sérieux abonnés, mais tout chirurgien-dentiste est tenu de maîtriser parfaitement la stérilisation dans son cabinet dentaire. Sauf qu’à en croire les chiffres avancés par les industriels du domaine, tous les cabinets français sont encore loin d’être équipés comme il se doit… et très loin également de respecter les règles élémentaires d’hygiène et d’asepsie dans la chaîne de stérilisation. Aille. Répétons le donc ici : les procédures de stérilisation sont d’une importance capitale et un impératif catégorique dans nos cabinets.

Ne pas s’en préoccuper revient in fine à traiter sa patientèle avec un instrument potentiellement contaminé et cela représente ni plus ni moins, une faute professionnelle aux conséquences dangereuses et pénalisables. Ça, c’est pour le « bâton », question « carotte » se préoccuper de l’hygiène et de l’asepsie donne une excellente image de son cabinet auprès des patients et assure un bouche-à-oreille porteur et favorable… et pousse également à penser au mieux l’ergonomie et l’organisation du cabinet dans une saine démarche qualité.

La force de la routine.
Il est reconnu par expérience que l’on fait mal ce qui ne nous intéresse pas… la sté en fait partie. Une excellente raison, si ça n’est pas encore le cas, pour recruter une assistante !

La disposition à proximité de tous les dispositifs nécessaires avant le traitement (afin de limiter le temps perdu en dehors de la zone du fauteuil), un plan de traitement parfaitement défini, des séances longues, des protocoles cliniques, des bacs et cassettes… sont autant de facteurs qui associent hygiène, ergonomie et rentabilité ! Rappel des fondamentaux.

Démontage et prédésinfection

D’abord, démonter. Tout dispositif constitué de pièces démontables doit être désassemblé conformément aux préconisations du fabricant si l’on tient à le conserver longtemps ! Après cet éventuel démontage du dispositif, une stérilisation optimale impose une prédésinfection de tous les instruments après chaque patient. On chausse ses gants (résistants non stériles), une blouse de protection (bien fermée, sinon elle est inutile !) et un masque pour se protéger des hypothétiques projections, pour éviter les projections intraoculaires, les plus scrupuleux utiliseront des lunettes et c’est parti pour la prédésinfection. C’est le premier traitement à effectuer systématiquement sur les instruments souillés par les matières organiques (sang, salive…) et micro-organismes. Cette séquence réduira la population microbienne initiale, protégera le personnel lors des manipulations d’instruments, éviter la contamination de l’environnement, mais également le séchage des souillures et facilitera ensuite le déroulement des étapes ultérieures de nettoyage. Bien évidemment, cette étape de prédésinfection ne dispense nullement de procéder aux étapes suivantes (nettoyage, désinfection ou stérilisation). La prédésinfection consiste (généralement) en une immersion de tous les instruments utilisés dans une solution détergente-désinfectante. Le bac pour l’immersion doit être suffisamment grand et muni d’un couvercle. Il convient de bien respecter le temps de trempage et la fréquence de renouvellement du bain d’immersion préconisés par le fabricant (et de le changer au moins tous les jours !).

Cette étape ne doit vise pas un seuil de propreté : il s’agit d’une simple séquence préliminaire (elle a pour objectif d’être bactéricide, fongicide et éventuellement virucide). L’utilisation d’un laveur-désinfecteur permet d’éviter la prédésinfection par trempage, si et seulement si, la prise en charge est faite sans délai, immédiatement après l’utilisation des instruments. Après la décontamination, qui aura permis d’enlever la majorité des micro-organismes, les instruments alors pré-désinfectés sont alors rincés abondamment à l’eau courante (sans lésiner sur le rinçage !).

Et on nettoie !

Le nettoyage peut être manuel ou machine et précédé (ou non) d’un passage aux ultrasons. Certains appareils (les laveurs-désinfecteurs) permettent en un seul cycle de nettoyer, de désinfecter et de sécher, la plupart des instruments acceptent ce traitement machine (attention, pas tous : ils doivent être identifiés par symbole gravé sur le corps de l’instrument). Les laveurs-désinfecteurs sont des dispositifs médicaux soumis à une réglementation stricte. Ils seront avantageusement raccordés à une imprimante (ou un logiciel de traçabilité) pour garantir ainsi la traçabilité du cycle.

Une obligation de résultat.
C’est l’Ordre qui le dit : tout cabinet doit obligatoirement disposer d’un stérilisateur performant régulièrement contrôlé et entretenu. Il y a une obligation de résultat en matière de stérilisation. Le stérilisateur doit faire l’objet d’un contrat de maintenance avec le fournisseur. Il est conseillé de prévoir un contrat de remplacement dans les 24 heures en cas de panne.

Ces instruments seront alors nettoyés, désinfectés thermiquement et séchés. Les matériels qui doivent être stérilisés doivent préalablement être soumis à un séchage soigneux (à l’aide de support en non tissé propre à usage unique ou d’une machine à sécher ou encore par l’air comprimé filtré).

Conditionner

Le conditionnement ne concerne que des dispositifs parfaitement propres et secs et doit limiter tout apport de micro-organismes. Les conditionnements réutilisables comprennent des plateaux ou conteneurs en aluminium (anodisé) ou acier inoxydable qui sont étanches et munis de filtres ou de soupapes. Les conditionnements à usage unique sont constitués de sachets et gaines de stérilisation en papier ou papier et plastique. Ils doivent être disposés correctement sur les clayettes du stérilisateur, sur la tranche, papier contre papier, plastique contre plastique, sans toucher les parois du stérilisateur (et il ne s’agit pas d’optimiser l’espace : pas trop serrés entre eux). Pour qu’un objet stérilisé dans un autoclave conserve son état stérile, il doit être emballé préalablement à la stérilisation.

Les procédures de stérilisation sont d’une importance capitale et un impératif catégorique dans nos cabinets

La stérilisation à proprement parler

La procédure de stérilisation nécessite pour être efficace, des opérations préliminaires qui sont le démontage, la prédésinfection, le rinçage, le nettoyage (manuel ou machine, ultrasons ou pas) et le conditionnement. Une fois ces étapes passées les instruments sont fin prêts pour l’étape de la stérilisation. L’autoclave entre en scène pour détruire de manière irréversible bactéries et virus à la surface du dispositif. Il est conseillé l’utilisation d’un stérilisateur à vapeur d’eau pouvant réaliser le vide, le séchage, ainsi que la traçabilité des cycles de stérilisation.Pensez-y.
Il est nécessaire de nettoyer un instrument neuf avant de procéder à sa première stérilisation ou à sa première désinfection.

Ce type de stérilisateur de « classe B » doit permettre une exposition de 134° à la chaleur humide pendant 18 minutes. Pour vérifier qu’un cycle de stérilisation s’est effectué dans des conditions de température et de pression conformes aux besoins, on utilise les indicateurs dédiés. Le stérilisateur enregistre les paramètres complets de chacun de ses cycles dans son journal et permet d’imprimer des codes-barres à coller sur chaque sachet après la stérilisation. Ces étiquettes indiquent également la date limite d’utilisation. Le code-barres de chaque sachet ainsi référencé est ensuite scanné et enregistré sur la fiche du patient après chaque soin, assurant une traçabilité professionnelle. Cette étape procure une totale sérénité à la fois à la patientèle et surtout au praticien. On estime que tous les 20 ans un praticien fait face à une plainte en justice de la part d’un patient. C’est peu et concrètement, ce sont les assurances qui se chargent d’assumer financièrement, mais psychologiquement, les dégâts peuvent être grands pour le praticien. Quand il sait apporter la preuve du respect des bonnes pratiques (date de la stérilisation, nom du patient, numéro de kit lié au soin…), c’est déjà un soulagement. La traçabilité en stérilisation est le moyen de s’assurer, de vérifier, de prouver la stérilité d’un dispositif médical, c’est-à-dire, exempté de tout micro-organisme susceptible de transmettre une infection. Pour cela, il faudra utiliser des procédures définies assurant l’efficacité de chaque étape de stérilisation. Par ailleurs, en cas de litige avec un patient ces contrôles permettront de prouver la qualité d’innocuité des dispositifs utilisés…

La traçabilité en question

La traçabilité de cette stérilisation doit être assurée (article L. 5212-1 du code de la santé publique) par l’utilisation d’un registre spécial. Pour chaque cycle de stérilisation, une étiquette de traçabilité est créée à la date du jour et avec un numéro de lot qui correspond au numéro du cycle de stérilisation de l’autoclave.One shot.
Une solution pour éviter les règles contraignantes de la chaîne d’asepsie ? Le jetable. Les professions médicales privilégient de plus en plus les instruments et articles à usage unique.

Tous les sachets d’instruments stérilisés dans ce cycle sont étiquetés selon cette référence. Ces étiquettes seront ensuite décollées des sachets lors de leur utilisation et scannées dans le dossier du patient concerné. Attention à la terminologie : la traçabilité du processus est à différencier de la traçabilité des dispositifs médicaux qui fait le lien entre le dispositif médical et le patient. Celle-ci ne pourra être mise en place qu’après marquage des dispositifs médicaux et informatisation du circuit.

L’étiquetage des dispositifs, la onstitution d’un dossier de traçabilité et l’archivage de tous les cycles quotidiens accompagnés de leurs tests effectués en routine sont nécessaires pour assurer la traçabilité.

Stockage

Les emballages contenant les dispositifs stérilisés seront stockés dans un endroit sec, dans une pièce indépendante ou, configuration des petits locaux oblige, dans une armoire fermée ou dans des tiroirs. Les dates de stérilisation (et de date limite d’utilisation) seront indiquées sur l’emballage.

Par Adélie Vasco

Pour en savoir plus

ANAES-ADF
Référentiel d’autoévaluation des pratiques en odontologie Stérilisation des dispositifs médicaux : la conduite des cycles de stérilisation.