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Se coordonner avec un spécialiste

Le patient est souvent le seul coordinateur entre son praticien et son implantologiste. En effet, le manque de communication entre les deux professionnels est à l’origine de bien des difficultés inutiles, voire de renoncements. Solutions.

Par la rédaction, publié le 04 décembre 2012

Se coordonner avec un spécialiste

Imaginez le parcours du combattant du patient qui demande un implant à son omnipraticien non-poseur. Celui-ci avoue ne pas avoir la compétence pour valider une indication d’implant et lui recommande de s’adresser à un implantologiste de sa connaissance. Le patient motivé se rend chez le spécialiste recommandé, mais celui-ci ne sait pas si son correspondant pose la prothèse sur implant ou non.

Le spécialiste ayant une centaine de correspondants, celui-ci ne prend jamais la peine de les appeler tous pour établir avec eux un accord sur ce point et bien d’autres d’ailleurs : le patient a-t-il conscience de son besoin d’implant ? Est-il demandeur ou ne sait-il pas exactement pourquoi il consulte ? A-t-il été informé des prix ou faut-il prendre du temps pour cela ? Connaît-il les principales étapes de son traitement ?

Dans l’inconnu, le spécialiste fera donc confiance à son intuition pour mener l’entretien avec les résultats que l’on sait : plus de la moitié des cas n’aboutiront pas, alors que le patient se sera déplacé au moins deux fois (ce qui permet sans grand risque de suspecter une motivation…).

Et que dire en cas d’implants multiples, posés par l’un avec la prothèse de l’autre, pour s’y retrouver dans les devis, si toutefois le patient a l’intention d’étaler le plan de traitement sur plusieurs années : un dimanche après-midi entier à compiler les devis et les scénarios pour des professionnels qui ne communiquent pas entre eux… Épargnons à nos patients de tels désagréments en améliorant la communication entre l’omnipraticien et son spécialiste.

Pré-diagnostic

Le Dr Vence, implantologiste à Paris, organise régulièrement avec ses correspondants des ateliers d’entraînement au diagnostic implantaire. L’objectif est de donner aux non-poseurs les compétences nécessaires pour pré-diagnostiquer les 80 % d’indications d’implants ne posant pas de problèmes spécifiques.

Cela permet à l’omnipraticien de réaliser son plan de traitement prévisionnel ainsi que son devis sans avoir recours à l’implantologiste, du moins jusqu’à l’accord du patient. C’est alors – et alors seulement – que la visite chez l’implantologiste s’impose.

Pour les cas plus complexes, il est préférable de prévoir une visite avant plan de traitement et devis, quoiqu’une bonne partie des cas complexes peuvent se pré-diagnostiquer par l’échange de radios et d’informations. « Le scanner et le diagnostic du spécialiste ne sont pas négligés ni occultés, précise Marc Vence, ils sont seulement reportés après la décision, ce qui évite bien des aller-retour inutiles et améliore in fine l’acceptation des plans de traitement ».

En effet, le patient est en bien meilleure confiance et a une bien meilleure impression d’être pris en charge si son omnipraticien est resté son interlocuteur unique. Pas la peine non plus de mentir ou de cacher la vérité : « L’implant sera posé par le Dr Untel dans sa clinique qui se trouve à … », ni plus ni moins.

Pas la peine de transmettre votre éventuelle angoisse à un patient qui n’en ressent pas : moins il y a de mots, moins il y a de stress. D’ailleurs, pourquoi, avec le recul et le taux de réussite exceptionnel de l’implant (par rapport à l’endo par exemple), reste-t-il (chez les omnipraticiens, pas chez les patients) une telle angoisse matérialisée par maints arguments, précautions et autres salamalecs contre-productifs ?

Qui fait quoi ?

Le Dr Lavesque, implantologiste à Avignon, a défini clairement avec chacun de ses correspondants la répartition des différentes étapes en termes cliniques, administratifs, communication, finance… Ainsi, chaque praticien sait sans hésiter ce qu’a fait ou ce que va faire l’autre.

Le Dr Untel n’envoie des patients que quand ils ont accepté le devis, ils arrivent avec un scanner, ils connaissent les prix et le travail inclut la prothèse sur implants.

En revanche, le Dr Michu, lui, compte sur le spécialiste pour rassurer son patient, valider le pré-diagnostic, annoncer le prix et laisser l’omnipraticien réaliser la prothèse sur implants.

Chaque omnipraticien a donc une procédure de traitement spécifique, mais raisonnée et coordonnée. « Cette relation évolue en permanence, nous confie le Dr Grigri, implanto à Grenoble, en effet mes correspondants évoluent dans leur maîtrise de la prothèse, apprennent à implanter, d’abord des cas simples que nous réalisons ensemble, puis tous les cas à terme… nous réévaluons sans cesser nos procédures de façon à ce qu’elles correspondent aux besoins et que chacun s’y retrouve ».

L’important est de remplacer l’intuition et l’improvisation par des procédures claires et simples, l’objectif étant de faciliter au patient l’accès aux meilleurs soins, donc à l’accompagner pour qu’il puisse prendre la meilleure décision, sans l’angoisser ou le perdre dans les méandres des consultations multiples.

Supervision-accompagnement

Le Dr Gasquet, stomatologiste à Agen, propose à ses correspondants des réunions régulières de formation basée sur des études de cas : « Chacun amène des cas, nous les étudions en détail, y compris l’aspect communication-motivation ou financier si nécessaire. »

L’omnipraticien doit pouvoir compter sur son spécialiste pour non seulement le former, mais aussi mettre à jour ses connaissances en permanence et l’aider à accompagner son patient à travers toutes les étapes du plan de traitement implantaire.

Le Dr Philipart, implanto à Paris, organise deux fois par mois des groupes de travail dans lesquels il invite des conférenciers extérieurs sur des thèmes aussi variés que l’occlusion, la nomenclature, l’organisation, la prothèse sur implants. Son associé, le Dr Lesage nous affirme : « L’analyse des cas après traitement est très formatrice. Une fois le cas implanté, le revoir étape par étape avec l’omnipraticien permet de prendre du recul par rapport à ce qui a été fait et trouver des points d’amélioration pour l’avenir ».

Le spécialiste doit accompagner l’omnipraticien non-poseur qui doit lui-même accompagner le patient. Aujourd’hui on constate trop souvent le contraire avec un patient qui pâtit des angoisses de l’omnipraticien qui lui-même assume les insuffisances du spécialiste.

Conclusion

La maturité actuelle de l’implantologie demande une coordination plus professionnelle entre l’implantologiste, l’omnipraticien et le patient. La première étape de cette coordination est une remise à plat des procédures entre les deux professionnels, afin que le parcours du patient soit simplifié et sa décision facilitée.

Procédure

Exemple de procédure de coordination omnipraticien-implantologiste

  • Dans 80 % des cas, l’omnipraticien sait poser des indications d’implants directement (dans 10 % il consulte son spécialiste, dans 10 % la visite préalable chez l’implantologiste s’impose).
  • C’est l’omnipraticien qui fait le devis d’implant et de sa couronne (il informe le patient qu’un spécialiste posera l’implant, sans plus).
  • Une fois le devis accepté, le patient fera une visite pré-implantaire chez le spécialiste.
  • Le spécialiste pose l’implant, si besoin la dent provisoire, et suit le cas jusqu’à l’ostéo-intégration. Il facturera en direct le montant prévu sur le devis de l’omnipraticien.
  • L’omnipraticien pose la prothèse sur implant et se charge de la maintenance.